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Comment CLARA CHAPPAZ pourrait reconfigurer la mission d’ambassadrice du numérique

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Après les mandats de David Martinon et d’Henri Verdier, la fonction d’ambassadeur du numérique, encore fragile dans son ancrage institutionnel et aux moyens opérationnels et budgetaire très limités, pourrait changer d’échelle. Pressentie pour le poste, selon nos confrères de Politico, Clara Chappaz pourrait introduire une relecture profonde de la mission, dont la définition date de 2018.

Un changement de génération et de méthode

La diplomatie numérique française a longtemps évolué dans un équilibre instable couvrant un périmètre très large, des enjeux croissants, tout en étant dotée d’une capacité institutionnelle réduite. L’arrivée de Clara Chappaz pourrait déplacer ce centre de gravité. Sa trajectoire à la tête de la French Tech et son rôle comme Ministre délégué chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique l’ont placée au contact direct des transformations de l’industrie, de la régulation européenne et des rapports de force avec les plateformes mondiales. Ce positionnement lui confère un avantage pour un rôle qui doit désormais articuler souveraineté technologique, compétitivité économique et influence normative.

Si les mandats de David Martinon et d’Henri Verdier ont été déterminants pour structurer la diplomatie numérique française, en poser les fondations et en étendre progressivement le périmètre, Clara Chappaz pourrait apporter une lecture moins administrative et davantage tournée vers une diplomatie renforcée notamment vis-à-vis des GAFAM, des modèles économiques et de l’innovation. Cette évolution renforcerait l’héritage existant tout en ouvrant de nouveaux champs d’action adaptés aux dynamiques technologiques et industrielles actuelles.

Une diplomatie technologique recentrée sur la compétitivité

Les années Verdier ont consolidé les fondations du poste : cybersécurité, gouvernance de l’internet, droits humains, diplomatie économique. Une nomination de Clara Chappaz pourrait prolonger cette architecture tout en la rééquilibrant, notamment dans sa dimension économique et géopolitique.

Une telle évolution renforcerait la capacité de la France à défendre ses intérêts dans les négociations sur l’IA, les infrastructures cloud, la data ou les standards techniques, où la puissance d’influence des entreprises mondiales dépasse souvent celle des États. L’expérience acquise auprès des scale-ups françaises lui offrirait un accès direct aux problématiques industrielles que rencontrent les entreprises européennes dans l’application du DMA ou de l’AI Act.

Structurer un bloc français du numérique

Le rôle d’ambassadrice pourrait bénéficier d’un effet d’entraînement significatif. Par son aura, son expérience et l’étendue de ses responsabilités, Clara Chappaz serait en mesure de fédérer de manière cohérente les nombreuses organisations de l’écosystème, qu’il s’agisse d’acteurs étatiques comme la French Tech, l’AFNIC ou le Conseil national du numérique, mais aussi des corps intermédiaires tels que Numeum, des lobbys comme France Digitale, ou encore les pôles IA, les acteurs du cloud, les chercheurs et les industriels. Dans un contexte où les décisions internationales exigent une expertise distribuée et une coordination fine, cette capacité à animer et rassembler constituerait un véritable atout.

Renforcer la présence française dans les enceintes internationales

Aujourd’hui, les Big Tech influencent les standards techniques, les protocoles et les formats bien plus directement que les représentations diplomatiques. Une ambassadrice issue de l’écosystème technologique serait en position d’établir un dialogue plus opérationnel avec ces acteurs et de peser davantage sur les négociations sensibles, mais aussi d’intensifier la coopération européenne, structurante pour la France, en activant plus systématiquement le réseau des ambassadeurs numériques de l’UE et en contribuant à l’alignement des positions sur les dossiers stratégiques comme l’IA, les initiatives des GAFAM et les infrastructures critiques.

Un repositionnement stratégique pour la souveraineté française

L’effet principal d’une telle nomination pourrait repositionner la France sur une ligne diplomatique plus offensive, assumant les enjeux industriels et normatifs du numérique. La mission gagnerait en autorité, en visibilité et en capacité d’entraînement, tout en restant alignée avec le mandat initial défini en 2018.

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