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Ce qu’il faut retenir de la Paris Blockchain Week

Avec l’AFP

La Paris Blockchain Week, qui a réuni près de 1700 personnes, prend fin aujourd’hui après une semaine d’événements dédiés à cette technologie et à attirer les entrepreneurs et investisseurs dans l’Hexagone. L’événement phare de la semaine, le Paris Blockchain Week Summit, s’est déroulé mardi et mercredi à Station F, après le lancement officiel de la semaine lundi à Bercy avec la Paris Blockchain Conference. Plusieurs temps forts ont mis en lumière l’action publique et privée en matière de blockchain et de crypto-actifs.

Cédric O: le refus de toute « déréglementation » et « défiscalisation à outrance »

Lors de l’ouverture de la Paris Blockchain Conference, qui a réuni différents acteurs de la blockchain (régulateurs, entrepreneurs, chercheurs) le nouveau secrétaire d’État en charge du Numérique Cédric O a dévoilé plusieurs éléments clés de la feuille de route de l’Etat pour se positionner en tant que pionnier sur la blockchain:

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  • Adoptée définitivement le 11 avril à l’Assemblée nationale, la loi Pacte va introduire des visas optionnels de l’Autorité des marchés financiers (AMF) dans l’optique de « sécuriser les levées de fonds et les acteurs du marché des crypto-actifs ».
  • L’Etat refuse toute « déréglementation » et « défiscalisation à outrance » dans son objectif d’attirer les « futurs champions du secteur ».
  • Cédric O a souligné le principal enjeu qui attend le déploiement de la blockchain en France: « rationaliser l’action publique lorsqu’elle n’est pas strictement nécessaire et permettre à une multiplicité d’acteurs de mieux coopérer ». Dans ce cadre, le secrétariat d’Etat en charge du Numérique va mettre en place un réseau d’experts entre administrations dans le but de favoriser le partage d’expériences et la montée en compétence.
  • Lors d’une keynote à Station F mercredi, le nouveau secrétaire d’État en charge du Numérique a de nouveau souligné sa volonté d’« attirer les futurs champions da la blockchain en France et devenir la capitale européenne de l’innovation ».

Bruno Le Maire: les industries de la construction, de l’agroalimentaire et de l’énergie en fers de lance de la blockchain en France

Dans son discours de clôture de la Paris Blockchain Conference à Bercy lundi, le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire a déroulé son plan d’attaque pour « faire de la France une référence en matière de la blockchain »:

  • M. Le Maire a souligné la nécessité de réguler « correctement » la blockchain « pour qu’elle puisse se développer dans les meilleures conditions possibles ».
  • L’Etat a décidé « de prendre cette technologie au sérieux et de lui donner tous les moyens de se développer » pour plusieurs raisons: la blockchain représente une « aspiration politique » à « décentraliser la confiance » et « remplacer une autorité verticale par la certification collective » ; il s’agit d’un modèle concurrentiel auquel le ministre croit « profondément » car il « s’érige par principe contre les monopoles » ; cette technologie « va avoir un impact sur [les] entreprises » françaises et M. Le Maire préfère « que la France ait un temps d’avance dans ces technologies plutôt que d’avoir un temps de retard ».
  • Une des annonces majeures du discours du ministre souligne l’importance de déployer la blockchain « dans toute l’industrie et dans nos services ». Ainsi, trois filières industrielles vont « dès maintenant » s’engager pour développer la blockchain dans leurs activités et bénéficieront d’un accompagnement de l’Etat dans ce cadre: l’industrie de la construction pour sécuriser les étapes du parcours de rénovation thermique, l’industrie agroalimentaire pour développer des outils de traçabilité qui vont devenir de plus en plus essentiels pour le consommateur en matière d’alimentation, et l’industrie énergétique pour émettre et sécuriser les certificats de production d’énergie solaire.
  • L’Etat français dispose, « tous dispositifs confondus », de 4,5 milliards d’euros pour « financer les innovations de rupture ces cinq prochaines années, notamment via le plan Deep Tech et le Fonds pour l’innovation de rupture financé par des cessions d’actifs ».
  • L’Etat va lancer « à court terme » un concours d’innovation croissance, financé par le Programme d’investissements d’avenir avec un appel à projets ouvert jusqu’au 14 mai. Il permettra de financer des projets innovants « à fort potentiel » pour l’économie française.
  • Le ministre de l’Economie et des Finances prévoit de proposer à ses homologues européens la mise en place d’un cadre unique de régulation des crypto-actifs inspiré de l’expérience française.
  • En matière d’accompagnement juridique, le guichet du ministère « France expérimentation » assurera un accompagnement prioritaire et renforcé de projets blockchain.
  • M. Le Maire a, enfin, souligné la nécessité d’engager une « réflexion sur le modèle de développement économique lié à la blockchain et sa conciliation avec l’exercice de notre souveraineté », dans le but de combattre l’utilisation illicite de cette technologie (terrorisme, blanchiment d’argent), mais aussi pour surmonter différents défis environnementaux.

Le repositionnement de Ledger « opérationnel sur les premiers marchés tests »

En 2018, le marché des cryptoactifs, comme le bitcoin et les autres crytomonnaies, « a perdu 85% de sa valeur », a rappelé lors du clloque « La Tribune Blockchain Summit » jeudi Eric Larchevêque, directeur général de Ledger. La start-up avait vu son chiffre d’affaires exploser à 46 millions d’euros en 2017, portée par le succès international de ses appareils. Mais son chiffre d’affaires avait stagné au même niveau en 2018, alors que la chute des cours du bitcoin et des autres cryptomonnaies dissuadait les particuliers de se lancer dans l’aventure. Confrontée à ce brutal ralentissement commercial avec la fin de l’engouement pour les cryptomonnaies, la jeune pousse française s’était recentrée sur les marchés professionnels liés à la blockchain. Un repositionnement désormais « opérationnel sur les premiers marchés tests », a déclaré jeudi M. Larchevêque, qui ne prévoit pas cependant de de déploiement à grande échelle avant « 2020-2021 ».

A noter également que l’entrepreneur français Cyril Paglino et son fonds d’investissement Starchain Capital, dédié au secteur des crypto-actifs, protocoles décentralisés et autres projets reposant sur la blockchain, met désormais le cap sur l’Europe. Après avoir fait ses gammes aux États-Unis durant 18 mois, M. Paglino, pour qui « le Airbnb de la blockchain n’arrivera pas demain », estime qu’il est temps d’exporter sa structure de l’autre côté de l’Atlantique pour accompagner les pépites spécialisées dans la blockchain sur le Vieux Continent.

Les consommateurs vont se tourner de plus en plus vers « des produits qui lui offrent une vision augmentée, transparente »

Si les industries financières ont été les premières à imaginer des applications blockchain pour fluidifier leurs échanges, les industries grand public s’y mettent aussi. Carrefour a par exemple déployé des initiatives pour utiliser la blockchain dans le but de fournir des informations de traçabilité aux consommateurs, comme pour le poulet d’Auvergne, ou plus récemment pour la purée Mousline.

Les consommateurs vont se tourner de plus en plus vers « des produits qui lui offrent une vision augmentée, transparente » de leur historique de production, et qui présentent « la preuve de leurs allégations » (origine des produits de base, date et lieu de fabrication…), a affirmé jeudi Luca Comparini, responsable blockchain chez IBM France.

Dans le secteur du luxe, par ailleurs, le géant français LVMH a récemment indiqué qu’il prévoyait d’authentifier les produits de ses marques avec la blockchain. Le groupe a sollicité une équipe exclusivement dédiée au développement de la solution, baptisée Aura, il y a plus d’un an, en collaboration avec Microsoft Azure et ConsenSys. Développé sur Quorum, la plateforme de l’entreprise Ethereum Blockchain de JP Morgan, Aura pourrait entrer en service en mai ou juin pour authentifier les produits de Louis Vuitton et de Christian Dior. L’objectif à terme est de l’étendre aux plus de 60 autres marques de luxe que possède LVMH, et à celles de ses concurrents, en la commercialisant sous forme de marque blanche.

Des applications qui restent loin du potentiel révolutionnaire de la blockchain

De son côté, la Banque de France a mis en oeuvre depuis la fin 2017 une blockchain qui offre un réel retour sur investissement, a assuré Thierry Bedoin, chief digital officer de la Banque de France. L’application reste modeste par son ampleur: elle sert à attribuer automatiquement des numéros d’identification unique à tous les créanciers – opérateurs télécoms, distributeurs d’énergie, commerçants – qui font des prélèvements directs sur les comptes bancaires de leurs clients. « Il s’agit de distribuer 100 à 150 numéros par jour« , a précisé M. Bedoin. Mais elle a fait la preuve de sa fiabilité et de son intérêt, en libérant « plusieurs » postes désormais consacrés à d’autres tâches. « C’est la première blockchain opérationnelle d’une banque centrale dans le monde« , a-t-il assuré.

D’une manière générale, « 2019 sera l’année des premiers retours d’expérience concrets sur les projets mis en production. Ce sera l’année où l’on pourra identifier les projets qui ont un vrai retour sur investissement« , a estimé Claire Balva, directrice générale du cabinet Blockchain Partners, qui a notamment aidé la Banque de France à monter son projet.

Pour Yorick de Mombynes, haut-fonctionnaire et co-auteur d’une étude intitulée « Bitcoin, totem et tabou« , toutefois, ces premières applications restent encore loin du potentiel révolutionnaire de la blockchain. « La vraie innovation de rupture, ce sont les blockchains ouvertes ou publiques », qui ne sont pas contrôlées par un acteur central mais par une communauté d’utilisateurs, a-t-il noté.

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