
Kyron.bio lève 5,5 millions d’euros pour industrialiser la glyco-ingénierie thérapeutique
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Glyco-ingénierie : la nouvelle frontière des biothérapies
Longtemps relégués au second plan de la bioproduction, les glycanes, ces structures de sucres complexes fixées à la surface des protéines, s’imposent aujourd’hui comme un levier critique dans le développement de thérapies plus sûres et plus efficaces. Avec une levée de fonds de 5,5 millions d’euros annoncée aujourd’hui, la biotech parisienne kyron.bio entend faire de la maîtrise des glycanes un standard industriel.
Une variable oubliée de la conception thérapeutique
Les biothérapies à base d’anticorps monoclonaux constituent aujourd’hui une classe majeure de médicaments en oncologie et dans les maladies auto-immunes. Leur mécanisme d’action, ciblant des protéines spécifiques via le système immunitaire, les rend à la fois puissants et sensibles. C’est précisément sur ce dernier point que la glycosylation entre en jeu.
« Les glycanes ont été largement sous-exploités, limitant leur potentiel lors de la conception des médicaments », constate Emilia McLaughlin, fondatrice et CEO de kyron.bio. Ces sucres, qui décorent la surface des protéines thérapeutiques, peuvent influer de manière significative sur la tolérance immunitaire, la stabilité et la demi-vie du médicament.
Une technologie pour homogénéiser l’invisible
Le cœur technologique de kyron.bio repose sur une plateforme capable de contrôler finement la N-glycosylation, ce processus cellulaire naturel d’ajout de glycanes. Dans les procédés de production classiques, cette étape reste peu maîtrisée, générant une grande hétérogénéité structurale. Cette variabilité augmente le risque que le médicament soit reconnu comme un élément étranger par l’organisme du patient, ce qui peut entraîner une réponse immunitaire délétère.
Kyron.bio annonce un taux d’homogénéité supérieur à 97 %, notamment grâce à deux briques propriétaires : des lignées de cellules CHO génétiquement modifiées pour stabiliser la production, et des outils de glyco-ingénierie capables d’orienter précisément la structure des glycanes sur les anticorps. L’ensemble rend la solution compatible avec les infrastructures industrielles existantes.
Une réponse aux limites des traitements actuels
Dans les maladies chroniques, la persistance des traitements est souvent remise en cause par l’apparition de réactions immunitaires secondaires. Dans les phases précoces de développement, les candidats-médicaments échouent parfois non pas sur leur efficacité, mais sur leur capacité à passer les tests de tolérance. C’est à ce carrefour que la technologie de kyron.bio intervient.
Selon Alexis Houssou, managing partner du fonds HCVC qui mène ce tour de financement, « leur avancée dans le contrôle des glycanes pourrait permettre un changement de paradigme pour les traitements à base d’anticorps ». Le soutien financier permettra à la biotech de renforcer ses équipes, d’accélérer ses travaux précliniques et de collaborer avec les laboratoires pharmaceutiques sur des anticorps de nouvelle génération.
Des perspectives thérapeutiques élargies
Si les glycanes sont aujourd’hui étudiés principalement dans le cadre des anticorps, leur rôle s’étend à d’autres types de protéines, notamment dans les maladies infectieuses. La plateforme développée par kyron.bio ouvre ainsi la voie à une ingénierie moléculaire plus fine, dans laquelle la glycosylation n’est plus subie mais intégrée dès la conception du médicament.
La biotech, installée à Paris Biotech Santé, bénéficie en parallèle du soutien du programme EIC Transition du Conseil européen de l’innovation, signe d’un intérêt croissant pour les approches technologiques combinant biologie cellulaire avancée et applications industrielles.
Pour Emilia McLaughlin, il s’agit d’un changement profond dans la manière dont les médicaments sont conçus : « En parvenant à un contrôle complet de la glycosylation, nous rendons enfin possible l’utilisation des glycanes dans la conception de molécules thérapeutiques. »
Kyron.bio a levé 5,5 millions d’euros auprès de HCVC, Verve Ventures, Entrepreneur First, Saras Capital et plusieurs business angels. Ce financement permettra de poursuivre le développement de sa plateforme propriétaire, de renforcer ses équipes et de financer les premières études précliniques. Cette levée s’inscrit dans le cadre du lancement du projet EIC Transition, soutenu par le Conseil européen de l’innovation. Fondée et dirigée par la Dr Emilia McLaughlin, kyron.bio est installée au sein de Paris Biotech Santé (Hôpital Cochin) et se spécialise dans le contrôle de la glycosylation des anticorps thérapeutiques. Son approche combine des lignées cellulaires modifiées et des outils de glyco-ingénierie brevetés, avec des applications en oncologie, maladies auto-immunes et infectieuses.