
Lightspeed Venture Partners, l’un des plus grands fonds d’investissement de la Silicon Valley, vient d’obtenir le statut de Registered Investment Advisor (RIA). Ce changement réglementaire est loin d’être anecdotique, et consacre une transformation profonde du capital-risque américain. A l’instar de SEQUOIA, ANDREESSEN HOROWITZ, GENERAL CATALYST ou THRIVE, le fonds d’investissement bascule vers un modèle hybride mêlant capital-investissement, création d’entreprises, gestion de patrimoine et opérations secondaires.
Une réponse à la saturation du marché
L’essor du venture capital au cours des quinze dernières années a engendré une surconcentration de capitaux sur les meilleurs dossiers. Face à une pénurie relative de cibles, les fonds cherchent de nouveaux terrains de jeu : rachats de parts en secondaire, investissements en bourse, véhicules thématiques, ou même acquisition d’entreprises entières à transformer via l’IA. Sans le statut de RIA, la réglementation américaine limite ces stratégies à 20 % des actifs sous gestion.
L’inspiration private equity
Les nouveaux RIA du capital-risque copient les codes du private equity. GENERAL CATALYST a acquis l’hôpital SUMMA HEALTH, lancé une division de gestion privée, et ne se présente plus comme un VC mais comme une « entreprise d’investissement et de transformation globale ». THRIVE lève un milliard de dollars pour créer et acheter des sociétés compatibles avec ses thèses IA. ANDREESSEN HOROWITZ a cofinancé le rachat de Twitter, développé une offre de gestion patrimoniale, et prépare de nouvelles verticales intégrées. Ces fonds d’investissement ne se contentent plus d’investir : ils structurent, opèrent et, parfois, dirigent.
Le fonds devient une plateforme
Cette mutation s’accompagne d’un élargissement fonctionnel. Les équipes marketing deviennent studios de contenu. Les venture partners sont rejoints par des profils issus du conseil, de la banque ou du build-up. LIGHTSPEED a recruté un ex-Goldman Sachs pour piloter sa stratégie secondaire, tandis que les anciens rôles d’« associate » évoluent vers ceux d’asset manager. L’objectif : capter la valeur tout au long du cycle, y compris après l’investissement initial.
Une recomposition du paysage LP
Cette évolution modifie aussi la relation aux investisseurs institutionnels. Les Limited Partners qui ne cherchent plus seulement à accéder aux meilleurs deals tech, attendent des stratégies diversifiées, capables de générer du rendement sur plusieurs horizons. La montée en puissance des marchés secondaires, estimés à plus de 100 milliards de dollars en 2025, alimente cette dynamique. Les fonds doivent désormais ressembler aux modèles de BLACKSTONE ou KKR pour rester compétitifs.