PDG de Valeo entre 2009 et 2022, Jacques Aschenbroich, 67 ans, a transformé l’équipementier français en un groupe technologique de pointe, avant d’être choisi mercredi par le conseil d’administration d’Orange pour la présidence du groupe. Méconnu du grand public, le groupe Valeo est le 10e équipementier automobile mondial, et l’un des poids lourds de l’industrie française. Il équipe en phares, en moteurs électriques ou en systèmes de climatisation des millions de voitures à travers le monde, notamment pour les constructeurs allemands et asiatiques.
Quand Jacques Aschenbroich prend les rênes de l’équipementier en 2009, en pleine crise économique, « l’organisation était défaillante et fragmentée », racontait le dirigeant le 13 mars au Figaro. « Avec 11 branches et 132 divisions, il n’y avait ni économie d’échelle ni synergies. Il a fallu réorganiser de fond en comble: nous sommes passés à quatre ‘pôles’ et avons réinvesti les économies réalisées dans la technologie et dans notre croissance, en particulier en Chine ». En douze ans, ce passionné de technologie a orienté l’équipementier vers l’innovation, notamment dans les écrans connectés ou les aides à la conduite (ADAS), mais aussi les moteurs électriques de petits véhicules ou de vélos.
En 2017, il est nommé quatrième « patron le plus performant du monde » par la « Harvard Business Review » et « stratège de l’année » par « Les Echos ». Selon le délégué syndical FO du groupe, Bertrand Bellanger, « il a fait monter Valeo et si aujourd’hui la boite en est là, c’est grâce à lui », même s' »il venait de Saint-Gobain et qu’il n’avait pas forcément une bonne réputation ». « Très humain, très abordable », « très média » aussi, M. Aschenbroich affiche un bilan « positif sur le fait qu’il a transformé l’entreprise, mais globalement on a quand même une baisse d’effectifs en France », souligne le syndicaliste.
Électrification des activités de Valeo
Au niveau du groupe, Valeo est passé de 45 000 à 110 000 salariés dans le monde, et a plutôt bien résisté aux cahots successifs qu’a affrontés le secteur automobile (crise sanitaire, pénurie de puces électroniques) avec un chiffre d’affaires de 17,3 milliards d’euros en 2021. « Quant à notre chiffre d’affaires, il a été multiplié par 2,5, et même par plus de quatre en Asie: la Chine est désormais notre premier pays, avec plus de 20 000 salariés contre 15 000 en France », se félicitait M. Aschenbroich en janvier.
La clientèle de l’équipementier est « aujourd’hui composée pour un tiers de clients allemands et pour un tiers de clients asiatiques. Les Français ne représentent plus que 15% ». Les investisseurs n’ont pas suivi: dans un secteur automobile très mal coté, la valeur de l’action Valeo a presque été divisée par 4 depuis 2019. L’électrification des activités de Valeo, avec dernièrement le rachat de la totalité de sa coentreprise de moteurs électriques avec Siemens, était censée faire renaître la confiance.
Du cabinet du Premier ministre à Saint-Gobain
Ingénieur de formation, diplômé des Mines, Jacques Aschenbroich avait débuté sa carrière dans la haute fonction publique. Ingénieur des Mines, il a été conseiller de Jacques Chérèque -préfet délégué chargé du redéploiement industriel en Lorraine sous François Mitterrand- puis de Jacques Chirac, intégrant le cabinet du Premier ministre en 1987 comme conseiller technique pour les affaires industrielles. Il a ensuite passé 20 ans chez Saint-Gobain, dirigeant des filiales du géant français des matériaux au Brésil et en Allemagne, avant de devenir le directeur adjoint du groupe. Il le quitte en 2008, après la condamnation de Saint-Gobain pour une entente avec d’autres producteurs de verre automobile.
M. Aschenbroich a également été administrateur d’Esso, et le reste chez BNP Paribas et TotalEnergies. Fin janvier 2022, il a cédé la direction générale de Valeo en douceur à son dauphin Christophe Périllat, et il conservera la présidence du conseil d’administration au plus tard jusqu’à la fin 2022, selon Valeo. Chez Orange, le départ contraint de Stéphane Richard, PDG d’Orange depuis 2011 condamné en novembre dans l’affaire Tapie/Crédit Lyonnais, a précipité la nomination d’une nouvelle direction, dans le cadre d’une gouvernance dissociée. La nomination de Jacques Aschenbroich doit encore être entérinée par l’assemblée générale des actionnaires d’Orange en mai.
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