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Uber, Lyft, DoorDash: 90 millions de dollars de lobbying pour ne pas payer leurs chauffeurs comme des salariés

Combien vaut la protection du modèle économique d’une entreprise ? En Californie, les géants du VTC Uber et Lyft sont en tout cas prêts à dépenser 60 millions de dollars (30 millions chacun) pour empêcher leurs chauffeurs, actuellement des contractuels, d’obtenir le statut de salarié. Le spécialiste de la livraison de repas DoorDash devrait également ajouter 30 millions de dollars à la cagnotte dans le même but. Au total, donc : 90 millions de dollars pour tenter d’empêcher l’Etat de Californie de passer une loi qui renforcerait la protection d’emploi des chauffeurs des trois entreprises. Un projet de loi qui bénéficie par ailleurs du soutien du gouverneur de Californie Gavin Newsom.

Mise en oeuvre du « test ABC »

Ce projet de loi, appelé Assembly Bill 5 (AB5), créerait un précédent pour les acteurs de la « gig economy » concernant la rémunération et la protection sociale de leurs contractuels. Concrètement, AB5 mettrait en oeuvre le « test ABC » — qui peut modifier le statut de ces travailleurs en tant que salariés, sauf s’ils sont indépendants du contrôle et de la direction de l’entité qui a recours à leurs services (A), s’ils exercent une activité différente de celle de cette entité (B), ou s’ils exercent une activité indépendante dans le même secteur de celle de cette entité (C) — auprès de nombreuses entreprises dans tout le pays. Ces travailleurs pourraient ainsi bénéficier d’une meilleure assurance chômage, de meilleures programmes d’indemnités, d’un salaire minimum et d’horaires fixes. Au total, plus d’un million d’habitants de l’Etat (sur un total de presque 40 millions) — non seulement des chauffeurs de VTC ou des livreurs de repas, mais aussi tous types de contractuels — seraient concernés. Le projet de loi pourrait être approuvé par les deux chambres du Parlement californien ce mois-ci et signé dans la foulée par Gavin Newsom.

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Les 90 millions de dollars mis sur la table par Uber, Lyft et DoorDash visent à empêcher l’entrée en vigueur d’AB5 via le financement d’une campagne de lobbying auprès du Parlement californien. La campagne prend la forme d’une « ballot initiative », soit une proposition de loi qui peut être approuvée ou rejetée directement par les citoyens de l’Etat. Si la proposition n’a pas encore été clairement établie, Uber a d’ores et déjà proposé un compromis : un salaire minimum de 21 dollars de l’heure pour le temps effectif passé à conduire par leurs chauffeurs (les chauffeurs Uber et Lyft passeraient pourtant 60% de leur temps à attendre une mission), la mise en place d’un fonds d’assurance maladie et des droits de négociations sectorielles. La campagne, appelée « Californians for Innovation and Opportunity », est par ailleurs portée par Thomas W. Hiltachk, qui avait notamment piloté avec succès la Proposition 32, qui en 2012 en Californie, aurait considérablement réduit les droits des organisations syndicales.

Des dépenses en lobbying faibles par rapport aux pertes potentielles

A 90 millions de dollars, il s’agirait de la deuxième campagne de ce type la plus chère de l’histoire de Californie. L’année dernière, plus de 105 millions de dollars avaient été dépensés par l’industrie de la dialyse pour contrer avec succès la Proposition 8, qui aurait limité les montants facturés par les entreprises du secteur. Les soutiens de la proposition n’avaient, eux, dépensé que 20 millions de dollars.

Pour Uber (15,7 milliards de chiffre d’affaires et 5,2 milliard de dollars de pertes au deuxième trimestre), Lyft (867,3 millions de dollars de chiffre d’affaires et 644 millions de dollars de pertes au deuxième trimestre) et DoorDash (entreprise privée), ces 90 millions de dollars paraissent peu quand on les compare à l’impact potentiel que pourrait avoir cette loi sur leurs revenus. En juin dernier, le CEO d’Uber Dara Khosrowshahi et les fondateurs de Lyft Logan Green et John Zimmer ont publié une tribune dans le San Francisco Chronicle rappelant que tout changement au statut des chauffeurs « constituerait une menace pour notre activité ».

Selon le Center for Responsive Politics, organisme à but non lucratif non partisan, Uber avait jusqu’ici dépensé 1,26 millions de dollars en lobbying en 2019. En 2018, l’entreprise avait dépensé 2,31 millions de dollars dans ce cadre (1,83 millions de dollars en 2017 et 1,36 millions de dollars en 2016).

Chez les Gafam, des budgets lobbying records

Du côté des Gafam, les budgets lobbying ne sont pas en reste : en 2018, par exemple, les géants américains de la tech ont enregistré des dépenses record pour défendre leurs intérêts auprès du gouvernement américain. Google arrivait en tête avec un record de 21,2 millions de dollars dépensés l’année dernière (contre 18,04 millions en 2017). La firme de Mountain View explosait ainsi son record de 2012 (18,22 millions de dollars). Du côté d’Amazon, 14,19 millions de dollars avaient été investis en lobbying auprès du pouvoir outre-Atlantique en 2018. Soit plus qu’en 2017 (13 millions de dollars). Parmi les intérêts défendus se trouvaient notamment les plans d’assurance maladie, les prix de médicaments et la sécurité alimentaire.

Nouveau record également chez Facebook, où le réseau social de Mark Zuckerberg, acculé en 2018 par le scandale Cambridge Analytica, avait dépensé 12,62 millions de dollars en influence auprès du gouvernement américain. En 2017, ces dépenses se situaient à 11,51 millions de dollars. Microsoft et Apple, eux, n’avaient pas battu leur record de lobbying. Le premier avait investi 9,52 millions de dollars en défense de ses intérêts, soit plus qu’en 2017 (8,5 millions de dollars), mais moins que son record de 2013 (10,5 millions). Le deuxième avait moins dépensé par rapport à l’année précédente : 6,62 millions de dollars en 2018, contre 7,15 millions de dollars, son record, en 2017. Combinées, ces dépenses représentaient 68,15 millions de dollars.

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