
1,8 million d’euros pour Ordalie, la LegalTech française qui veut imposer une IA juridique souveraine en Europe
Sur un marché encore dominé par des solutions américaines à la conformité incertaine, Ordalie fondée en 2023 par LÉA FLEURY et BAUDOUIN ARBARÉTIER, fait le pari de concevoir un Legal Operating System souverain, bâti sur une intelligence artificielle agentique conçue pour les juristes d’entreprise. La startup française vient de lever 1,8 million d’euros pour accélérer le développement de sa plateforme et son déploiement européen.
Plutôt que d’automatiser le droit à l’aveugle, Ordalie défend une approche ancrée dans la compréhension des enjeux juridiques. « Le droit ne doit pas être automatisé à l’aveugle. Notre technologie doit s’appuyer sur une compréhension fine des enjeux juridiques pour renforcer, et non simplifier à l’excès », affirme Léa Fleury, cofondatrice et CEO. L’ambition est de transformer la direction juridique en acteur de la performance opérationnelle, en intégrant ses outils au cœur des processus de décision.
L’infrastructure développée repose sur des modèles d’IA propriétaires, capables d’automatiser le traitement des contrats, de générer des contenus juridiques contextualisés, de fiabiliser la documentation interne, tout en respectant des standards européens de sécurité, traçabilité et souveraineté. La solution est déjà déployée chez plus de 170 clients, dont TotalEnergies, RadioFrance et l’Ifop, représentant plus de 41 000 utilisateurs.
Ce positionnement différenciant intervient dans un contexte de forte demande du marché. L’essor des obligations réglementaires (RGPD, CSRD, IA Act), la pénurie de talents juridiques qualifiés, et la maturité croissante des IA génératives accélèrent la digitalisation du droit. Selon Gartner, plus de 50 % des directions juridiques mondiales devraient adopter une solution à base d’IA d’ici 2026.
Ordalie s’attaque à un marché largement dominé par des acteurs américains comme Harvey.ai (adossé à OpenAI et qui boucle un nouveau tour de table de 250 millions de dollars pour une valorisation de 5 milliards de dollars), Ironclad ou Spellbook, dont les modèles sont peu adaptés au droit continental et aux exigences de conformité européennes. En France, des solutions comme Seraphin.ai, Hyperlex ou Draft & Goal occupent des niches, mais aucune ne revendique à ce jour une IA souveraine complète dédiée à l’entreprise.
C’est cette ambition qu’Ordalie entend incarner, soutenue par un tour de financement réunissant des profils influents issus du droit, de la tech et de la finance. SGPA mène le tour, aux côtés de Marguerite Longuet-Dassault, Adrien Dassault, Lumiere AI, Seeder Funds, Inovexus et Side Angels. « Investir dans Ordalie, c’est miser sur une IA souveraine qui conjugue transparence, maîtrise de la donnée et précision juridique. C’est aussi parier sur une nouvelle façon d’intégrer le droit dans l’entreprise : non plus comme un frein ou une obligation isolée, mais comme un outil quotidien de décision, de clarté et de vitesse », déclare Marguerite Longuet-Dassault, avocate et membre du board.
Pour accompagner cette montée en puissance, Ordalie a recruté deux profils stratégiques, un ingénieur IA passé par Apple, en charge de l’architecture technique, et l’ancien Head of Compliance de Natixis, qui co-pilotera le développement produit à l’échelle européenne.
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