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5 questions sur la gestion des données par Microsoft en Europe

AFP

En laissant la société française Bleu, formée par Orange et Capgemini, opérer et commercialiser ses services vedettes Azure et Office 365 en France, Microsoft vise à répondre aux inquiétudes des Européens qui veulent garder la maîtrise de l’exploitation de leurs données. L’enjeu est la protection des informations sensibles qui seraient stockées dans les centres de données des géants américains lors de l’utilisation de leurs services en ligne dits de « cloud ».

Pourquoi les Européens sont-ils réticents à confier leurs données aux géants américains?

En France, l’Etat, les services publics, les services d’importance vitale comme les grands réseaux d’énergie, de transports, ou encore financiers hésitent à avoir recours aux géants du cloud américains (essentiellement Microsoft, Amazon et Google) en raison des incertitudes sur la confidentialité des données vis-à-vis des autorités des Etats-Unis. La Cour européenne de justice a cassé à deux reprises ces dernières années les accords UE/USA sur les transferts des données transatlantiques, en invoquant ce problème.

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Pour elle, les données des Européens qui traverseraient l’Atlantique ne sont pas suffisamment protégées des tentaculaires services de sécurité américains, qui peuvent y accéder sans que les lois américaines ne prévoient de recours et de contrôle suffisants pour les acteurs concernés. Et même si les données restent en Europe, elles ne sont pas totalement à l’abri des tribunaux américains: le Cloud Act, une loi américaine votée en 2018, permet dans certains cas aux services de sécurité américains d’obtenir l’accès à des données stockées dans les serveurs des géants du cloud, même lorsqu’ils ne sont pas sur le territoire américain.

Comment les géants du cloud américains ont-ils répondu jusqu’à maintenant?

Ils commencent à prendre en compte ces inquiétudes, même s’ils nient les capacités intrusives des autorités américaines dans leurs serveurs. Outre les annonces toutes fraîches de Microsoft, Google par exemple a annoncé en novembre 2020 qu’il allait permettre au fournisseur français de cloud OVHCloud d’utiliser sa technologie cloud Anthos de manière complètement autonome. Microsoft et Google ont d’autant plus intérêt à caresser les Européens dans le sens du poil qu’ils ont du retard à rattraper sur le leader du marché Amazon Web Services (AWS).

Quels sont les services concernés par l’accord de Microsoft avec Orange et Capgemini?

Cet engagement concerne les services de « cloud » vedettes du géant américain. Le service Azure permet aux entreprises et institutions de se passer de serveurs physiques en ayant recours à la demande à une infrastructure mutualisée, regroupée dans de puissants centres de données et accessible via internet. Office 365 donne accès en ligne à des logiciels de bureautique comme Word ou Excel, de courrier électronique comme Outlook, de partage de documents…

Quel exemple concret pour cette problématique de la souveraineté des données?

Le Health Data Hub, le gigantesque entrepôt de données de santé françaises constitué à des fins de recherche médicale est une illustration parfaite des dilemmes que Microsoft et le tandem Orange/Capgemini cherchent à résoudre. Le gouvernement a choisi de confier à Microsoft un gigantesque entrepôt de données de santé des Français, dans lequel les scientifiques pourront puiser à des fins de recherche médicale.

Le gouvernement a justifié cette décision par des raisons d’efficacité, Microsoft bénéficiant d’un savoir-faire incontesté en matière de traitement des données et, notamment, d’outils d’intelligence artificielle. Mais la décision a suscité une volée de bois vert en France au nom de la sécurité des données et de l’indépendance technologique. Le gouvernement s’est engagé à ce que la plateforme revienne rapidement chez un fournisseur cloud européen – Bleu peut désormais apparaître comme une solution permettant de concilier efficacité et sécurité.

L’accord Microsoft/Orange/Capgemini répond-il à toutes les inquiétudes européennes ?

Non, car celles-ci ne sont pas seulement juridiques. Certains redoutent de voir l’Europe renoncer complètement à concevoir elle-même ses propres technologies cloud, qui sont pourtant capitales pour parvenir à exploiter les données, l’or noir de l’économie numérique. Renoncer à maîtriser ces technologies logicielles serait pour les Européens renoncer à valoriser eux-même l’immense capital de données, en particulier industrielles, qu’ils produisent chaque année.

Voir Capgemini et Orange se reposer sur la technologie Microsoft « est un aveu d’échec » pour l’industrie du logiciel européen, résumait jeudi à l’AFP Thomas Fauré, le patron de Whaller, start-up française qui commercialise une plateforme collaborative. « Il faut accepter les licences américaines », comme dans le projet Microsoft/Bleu, mais « il faut aussi dire qu’il est nécessaire d’avoir une alternative à ces logiciels américains ».

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