
La deeptech agri-food devient elle enfin investissable?
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Les technologies alimentaires de rupture sont restées à la marge de l’investissement, et pour cause, jugées trop scientifiques, trop lentes à industrialiser ou trop dépendantes des régulations, elles ont peiné à séduire les fonds traditionnels. L’annonce du premier closing à 40 millions d’euros du second fonds de Nordic Foodtech VC, fonds basé à Helsinki et dédié aux startups agri-food deeptech, témoigne d’un changement du capital-risque qui redécouvre l’attrait stratégique de la foodtech scientifique. Nordic Foodtech VC vise un closing de 80 millions d’euros.
Un secteur longtemps ignoré par le capital-risque généraliste
Le secteur agri-food, lorsqu’il s’écarte des plateformes ou des DNVB alimentaires, est complexe à adresser pour les investisseurs. Les projets combinent R&D longue, incertitudes réglementaires, dépendance aux infrastructures industrielles et faibles marges. Résultat, la majorité des fonds se sont tournés vers des modèles SaaS ou B2C à retour rapide.
Ce désintérêt a laissé un vide sur le segment des startups deeptech alimentaires : fermentation de précision, protéines cellulaires, cultures microbiennes, capteurs agricoles hyperspectraux, ou encore valorisation des flux organiques. Faute de financement d’amorçage, de nombreuses innovations issues des laboratoires n’ont jamais dépassé le stade du proof of concept.
L’entrée des institutionnels change la donne
Créé en 2019, Nordic Foodtech VC se consacre exclusivement à des solutions scientifiques appliquées à la chaîne alimentaire. Son deuxième véhicule, labellisé SFDR article 8, accueille des institutionnels comme Tesi (le fonds souverain finlandais) et Elo Mutual Pension Insurance Company, aux côtés d’acteurs industriels de l’agroalimentaire comme Heino Group.
Des innovations qui collent à l’industrie
Le portefeuille du premier fonds compte des participations comme Enifer qui développe des protéines fongiques à partir de sous-produits de fermentation ou Chromologics et ses colorants naturels produits par microorganismes. Melt&Marble s’attaque à la structuration des graisses pour remplacer les huiles tropicales, Ironic Biotech transforme les déchets industriels en ingrédients bioactifs ou encore Kuva Space utilise l’imagerie satellitaire hyperspectrale pour surveiller les conditions agricoles.
Ces startups ne cherchent pas à disrupter l’agroalimentaire en solo mais co-construisent avec les industriels en place. Le fonds vise des solutions à « problèmes business critiques », selon les termes de Lauri Reuter, autre partenaire de Nordic Foodtech VC.
Un alignement favorable : science, régulation, marché
Plusieurs facteurs concourent à rendre le secteur aujourd’hui plus lisible pour les investisseurs :
- La maturité technologique de nombreuses solutions issues de 10 à 15 ans de recherche appliquée
- L’évolution de la régulation européenne sur les nouveaux aliments, les biomolécules ou les procédés de fermentation
- Une pression croissante sur la sécurité alimentaire et la résilience des chaînes de valeur post-Covid et post-Ukraine
Une dynamique européenne à consolider
En France, des structures comme Astanor Ventures, Blue Horizon ou FoodLabs se positionnent aussi sur des logiques proches. Mais l’écosystème européen reste fragmenté, très peu de fonds disposent d’équipes à la fois scientifiques, réglementaires et commerciales capables d’évaluer ces projets.
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