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Une “Bitcoin company” cotée : le pari d’Éric Larchevêque avec Tony Parker et Nathan Benchimol

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Il est un peu plus de 19h à Paris lorsqu’Éric Larchevêque apparaît, dans son costume de scène de « Qui veut être mon associé ? », au terme d’un dispositif spectaculaire : 4 000 m² transformés en plateau immersif, 120 techniciens mobilisés, un pré-show filmé au milieu des invités. L’ouverture reprend les codes cryptotech, avec une bande-son lancinante et un cortège de mots clés, “taxation”, “inflation”, “system is eating”, dans une ambiance visuelle et sonore tendue, presque anxiogène. La salle est pleine, avec 500 personnes annoncées sur place et plus de 10 000 en direct. Tous attendent qu’Eric Larchevêque “lève le voile” sur un projet annoncé depuis des semaines comme une initiative inédite.

L’ancien cofondateur de Ledger, juré investisseur de QVEMA, a choisi de mettre en scène ce lancement comme un one-man-show à l’américaine, rappelant la publicité de Ridley Scott pour le Macintosh en 1984, à ceci près qu’elle ne durait qu’une minute et était diffusée lors du Super Bowl.

Dès l’ouverture, il annonce sa vision : « Je ne pouvais plus rester spectateur. Ceux qui créent de la valeur sont aujourd’hui la variable d’ajustement d’un système qui ne sait plus se réformer. » Il multiplie les exemples personnels (contrôles successifs, pression administrative, départ à l’étranger puis retour en France) pour installer la conviction qu’un entrepreneur doit désormais inventer lui-même son cadre d’action. « Le futur sacrifié frappe maintenant à notre porte. »

Dans le show d’Eric Larchevêque, le discours est sombre : dette incontrôlable, fiscalité cumulative, désengagement des créateurs de valeur, perte de confiance dans la monnaie, incapacité à se projeter, un récit très pro-entrepreneur qui dénonce une société ayant sacrifié le temps long et pénalisant ceux qui produisent.

On retrouve les grandes ficelles du storytelling des évangélisateurs, avec un récit mêlant économie monétaire, psychologie sociale et critique du présentisme. À travers l’expérience du chamallow, la fable des pêcheurs ou le basculement post-1971, Éric Larchevêque installe sa lecture : un pays et un système vivant à crédit, une préférence collective déformée par l’érosion monétaire, un environnement où “ceux qui créent” deviennent la variable d’ajustement d’un modèle saturé.

C’est sur ce diagnostic qu’il bâtit la mission du projet, présenté comme une alternative entrepreneuriale radicale, articulée autour de deux piliers : un standard monétaire basé sur Bitcoin et une “network society” destinée à fédérer les individus souhaitant reprendre le contrôle de leur destin économique. Son ambition est créer une organisation hybride, internationale, capable de peser dans la sphère financière et dans le débat public.

Deux très longues heures pendant lesquelles Eric Larchevêque met en scène sa vision idéologique, monétaire et entrepreneuriale, quasi libertarienne, pour justifier un projet d’entreprise qu’il veut au service d’individus partout dans le monde.

Le projet : une entreprise cotée pensée comme une alternative monétaire et sociétale

Au cœur de la démonstration, mais sans en dévoiler les détails, Éric Larchevêque présente la transformation de Tayninh, une société cotée dormant depuis une décennie, en une entité hybride articulée autour de deux piliers.

Le premier est une Bitcoin Treasury Company, conçue pour accumuler un trésor stratégique en Bitcoin via des levées de fonds successives et une politique d’allocation orientée temps long. Le second est une Network Society, un réseau international ouvert aux entrepreneurs, indépendants, salariés et créateurs de valeur qui souhaitent retrouver de la souveraineté économique.

L’ensemble s’appuie sur un modèle d’abonnement premium destiné à financer le développement, combinant offres éducatives, communauté et activité d’influence. Une organisation pensée comme une alternative opérationnelle aux limites du système actuel.

Ce modèle hybride (investissement, communauté, éducation) constitue un cas inédit sur le marché réglementé français.

A sa tête, trois acteurs unis par le même diagnostic

Autour d’Éric Larchevêque, deux autres profils structurent le projet, tout d’abord Tony Parker, figure mondiale du sport devenu investisseur, puis Nathan Benchimol, compagnon de route de longue date et co-architecte stratégique. Ensemble ils partagent la conviction que le système actuel est à bout de souffle et qu’il faut proposer un cadre fondé sur le temps long.

Pour structurer leur projet, ils ont recherché une “coquille vide” déjà cotée. Leur choix s’est porté sur la société de Tayninh (Euronext Paris : TAYN), détenue par Unibail-Rodamco-Westfield (URW).

URW a cédé début novembre 97,68 % du capital de Tayninh à Éric Larchevêque, Nathan Benchimol et Tony Parker via leurs holdings Quatre Vingt Dix, Nuku Hiva Holding et Infinity Nine Promotion, au prix de 0,11 € par action, après distribution exceptionnelle. Ce prix servira de référence pour l’offre publique d’achat simplifiée, sans retrait obligatoire, qui sera déposée prochainement auprès de l’AMF.

Le Conseil d’administration intègre désormais Delphine Colombet et Steve Levy (indépendants), ainsi que Iveta Celmina-Larchevêque, Éric Larchevêque et Nathan Benchimol. Éric Larchevêque est nommé Président-directeur général.

Afin d’encadrer l’OPA, un comité ad hoc incluant deux membres indépendants a été constitué. Le cabinet Crowe HAF a été désigné expert indépendant pour évaluer l’équité financière de l’offre.

La société, qui a été rebaptisée The Bitcoin Society (TBSO), vise à devenir une « bitcoin treasury company » associée à une société en réseau dédiée à la souveraineté financière individuelle et à des clubs pour entrepreneurs.

Cette initiative suscite toutefois des interrogations dans un paysage où les « clubs d’investissement » privés se sont multipliés ces dernières années, avec promesses imprécises, modèles opaques et parfois pratiques contestées. Plusieurs structures mêlant accompagnement, mise en relation, contenu et accès à des opportunités ont émergé sans garantir la transparence attendue, nourrissant la méfiance d’une partie des entrepreneurs et investisseurs. Le lancement de The Bitcoin Society intervient ainsi dans un environnement où la vigilance est élevée et où la confiance se gagne dans la durée. Pour Éric Larchevêque, Tony Parker et Nathan Benchimol, l’enjeu sera d’apporter des preuves tangibles et de démontrer que leur modèle peut s’imposer au-delà de l’effet d’annonce.

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