RIP : un modèle économique sous pression, au cœur de la nouvelle feuille de route télécom
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Alors que la France s’apprête à franchir le seuil symbolique de 95 % de locaux éligibles à la fibre d’ici la fin de l’année 2025, un sujet longtemps resté technique revient au premier plan, celui de la soutenabilité économique des réseaux d’initiative publique (RIP). Dans son intervention au Trip de l’AVICCA, Anne Le Hénanff la ministre en charge du numérique et des Télécoms a explicitement désigné cet enjeu comme l’un des « cinq défis » majeurs de la prochaine décennie numérique, reconnaissant qu’il ne s’agit plus d’un problème marginal mais d’un pilier déterminant pour l’aménagement du territoire.
Anne Le Hénanff a insisté sur la nécessité « d’objectiver la situation » afin de « permettre aux collectivités, opérateurs d’infrastructures et opérateurs commerciaux de mener des négociations de bonne foi pour faire évoluer les contrats quand c’est pertinent » . Le signal est que le modèle économique des RIP, construit dans une phase d’expansion, doit désormais être réexaminé à l’heure où les réseaux entrent en maturité.
La dynamique du FTTH en zone d’initiative publique repose sur un équilibre fragile avec des investissements lourds portés par les collectivités, un niveau de prises souvent plus dispersé que prévu et une commercialisation qui s’essouffle en parallèle du ralentissement observé en zone privée. Cette combinaison exerce une pression directe sur les recettes des opérateurs d’infrastructures, dont le modèle repose sur la montée en pénétration des clients finals. La ministre reprend ici un sujet désormais central pour de nombreux élus qu’est la capacité des RIP à maintenir un niveau de revenus suffisant pour assurer la maintenance, la modernisation et le renouvellement d’un réseau devenu critique.
L’Arcep sous la direction de Laure de La Raudière joue un rôle déterminant dans ce contexte. Les travaux de l’Autorité, salués par la ministre, visent à fournir une base chiffrée partagée par toutes les parties prenantes, préalable indispensable à d’éventuelles renégociations contractuelles. Cette perspective ouvre un chantier politique et industriel majeur : comment adapter des contrats conclus il y a parfois dix ans à un environnement où les usages ont changé, les coûts d’exploitation ont augmenté, et où la priorité se déplace des déploiements massifs vers la qualité de service, le raccordement et la résilience ?
Le FTTH rural conditionne l’accès aux services publics, à l’économie numérique et à la cohésion territoriale. Sa soutenabilité est un enjeu local pregnant et la nécessité d’un nouveau cycle d’investissement public-privé, autour d’une gouvernance renouvelée est souhaité par les élus.
La décennie 2015-2025 aura été celle du déploiement. La période 2025-2035 sera celle de la stabilisation, de la maintenance et de la viabilité financière.






