
Alta Ares lève 2 millions d’euros pour industrialiser son IA embarquée au service des forces armées
Sur les lignes de front, l’information ne se transmet plus seulement par radio mais se lit à même les pixels. Et encore faut-il que l’opérateur combattant ait l’oeil toujours alerté. C’est dans cette zone de friction entre surcharge cognitive et impératif d’efficacité que s’inscrit Alta Ares, startup française de l’intelligence artificielle embarquée, qui entend transformer l’analyse vidéo tactique des armées européennes.
La startup développe Gamma, une plateforme d’IA capable d’analyser en temps réel les flux vidéo captés par les drones ou capteurs embarqués, sans aucun recours au cloud ou à une connectivité réseau. Une autonomie complète qui permet une exploitation directe sur le terrain, en conformité avec les standards de sécurité opérationnelle les plus élevés.
Pensée initialement en réponse à la saturation de l’attention des opérateurs de drones en mission en Ukraine, la solution détecte, reconnaît et identifie des objets militaires ou civils à tout moment, de jour comme de nuit. L’IA agit comme une vigie automatique, contribuant à alléger la charge mentale des soldats et à accélérer la prise de décision tactique dans des environnements dégradés.
À cette brique temps réel s’ajoute Ulixes, un environnement MLOps permettant aux utilisateurs d’entraîner leurs propres modèles à partir de leurs propres données vidéos. Ici encore, tout se fait en local, sans transmission extérieure. Une approche qui fait d’Alta Ares un acteur à part dans le paysage européen des technologies duales.
Une traction institutionnelle rapide
Récompensée en 2025 par le NATO Innovation Challenge, la société a convaincu des instances militaires de la pertinence opérationnelle de son architecture. Elle mise désormais sur une stratégie de collaboration étroite avec les armées nationales et les partenaires industriels européens, dans un contexte favorable où l’autonomie stratégique et la fiabilité des systèmes sont devenues critiques.
Déjà testée sur le terrain, la technologie d’Alta Ares se veut agnostique aux matériels. Elle peut être intégrée à divers types de vecteurs, drones, véhicules, postes d’observation, et s’adresse aussi à des domaines civils sensibles comme la sécurité intérieure, la gestion de crise ou la protection de sites.
Une levée de fonds pour industrialiser et élargir le spectre
Afin d’industrialiser ses deux plateformes et d’intensifier ses collaborations avec les forces armées européennes, Alta Ares annonce une levée de fonds de 2 millions d’euros, menée par Expansion (lead), Starburst Ventures, Durandal Capital, Apeiron, Better Angle, Kima Ventures et Apok.
Cette opération permettra notamment de renforcer les capacités de R&D et de soutenir le déploiement de Gamma et Ulixes à l’échelle OTAN.
Fondée par Hadrien Canter (pilote de drone et CEO), Stanislas Walch (ex-conseil réglementaire), Théo Bondarec (spécialiste en computer vision), Hadrien Bernard (ingénieur logiciel) et Alain Henry (ex-IBM Europe & USA), la société est conseillée par le Général de Brigade Corentin Lancrenon. Alta Ares est née de retours terrain dans le sud-est de l’Ukraine et ambitionne de devenir un leader européen des systèmes d’intelligence artificielle “combat-proven” pour les forces armées.