Facebook va mieux géolocaliser les acheteurs d’annonces de publicités électorales aux États-Unis
Facebook ne veut pas vivre un «remake» de la dernière élection présidentielle américaine. Englué dans une polémique sur sa responsabilité dans la diffusion de la propagande russe, le réseau social tente de mettre en place de nouveaux mécanismes pour éviter un nouveau scandale. Dans ce sens, la firme dirigée par Mark Zuckerberg a annoncé un durcissement du contrôle des publicités électorales outre-Atlantique.
Dans les prochains mois, Facebook va ainsi davantage contrôler l’identité et la géolocalisation de ses utilisateurs qui souhaitent diffuser des publicités à des fins électorales aux États-Unis. Pour ce faire, la firme américaine leur enverra un courrier contenant un code qu’ils devront impérativement saisir pour prouver qu’ils sont bien basés aux États-Unis et ainsi obtenir le droit de diffuser des publicités mentionnant des candidats qui se présentent dans les bureaux fédéraux. Le dispositif est similaire à celui utilisé par Nextdoor pour vérifier l’identité et l’adresse de ses utilisateurs qui souhaitent rejoindre leur groupe privé de quartier sur le réseau social de voisins. Le timing de l’annonce par Facebook d’un durcissement du contrôle des publicités électorales aux États-Unis ne doit rien au hasard. En effet, le dispositif doit être lancé avant les élections de mi-mandat, qui auront lieu en novembre.
En agissant de la sorte, Facebook espère éviter la diffusion de publicités par des acteurs étrangers cherchant à influencer l’opinion américaine. Après avoir réalisé une enquête en interne, le réseau social avait notamment identifié une usine à trolls russe, connue sous le nom d’Internet Research Agency, qui avait choisi d’acheter des publicités portant sur des sujets sensibles outre-Atlantique, comme l’immigration, le contrôle des armes à feu, les droits LGBT ou encore les problèmes raciaux. En novembre dernier, Facebook avait d’ailleurs annoncé le lancement d’un outil pour permettre à ses utilisateurs de savoir, sous la forme d’un tableau, s’ils ont «aimé» ou «suivi» des pages ou comptes de l’Internet Research Agency.
150 millions d’utilisateurs sur Facebook et Instagram touchés par la propagande russe
Fin octobre, Facebook avait dévoilé que jusqu’à 126 millions d’utilisateurs américains du réseau social avaient pu voir entre juin 2015 et août 2017 près de 80 000 publications politiques mises en ligne par des comptes liés à la propagande russe. Ces derniers ont également posté 120 000 publications sur Instagram, qui ont été vues par 20 millions d’utilisateurs. Au total, ce sont donc 150 millions de personnes qui ont été touchées par la propagande russe sur Facebook et Instagram.
Facebook n’est pas la seule entreprise à avoir été affectée par ces manoeuvres. Google avait aussi dévoilé fin octobre des informations sur la manière dont ses services avaient été instrumentalisés par la Russie. La firme de Mountain View avait ainsi révélé que des comptes liés aux intérêts russes avaient mis en ligne 1 108 vidéos, représentant 43 heures de contenu, sur YouTube, qui ont cumulé au total 309 000 vues aux États-Unis entre juin 2015 et novembre 2016. Google a également précisé que des comptes liés à l’Internet Research Agency ont dépensé 4 700 dollars pour diffuser des publicités via sa régie. Fin 2017, Google et Facebook ont rejoint le «Trust Project», qui vise à lutter contre la désinformation sur Internet. Cette initiative est également soutenue par Twitter et Microsoft.