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Financement late-stage : la France encore très loin derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni

Le financement late-stage des scale-up ne s’est jamais aussi bien porté en Europe. C’est ce qui ressort du rapport «Blooming Late» réalisé par Stripe avec Tech.eu, en marge du Web Summit qui débute ce soir à Lisbonne. L’étude met en effet en lumière un apport important de capitaux dans les scale-up européennes, avec plus de 52 transactions de plus de 100 millions d’euros réalisées sur le Vieux Continent au cours des trois premiers trimestre de l’année 2019. C’est d’ores et déjà plus que les années 2017 et 2018 réunies. Parmi les scale-up qui ont bouclé ces méga-levées, on retrouve des entreprises britanniques comme Deliveroo, OakNorth et Monzo, et allemandes à l’image de N26, mais aussi françaises avec des opérations d’envergure réalisées cette année par Doctolib (150 millions d’euros en mars), Meero (205 millions d’euros en juin) et ManoMano (110 millions d’euros en avril).

Avec une telle traction, Stripe, qui a d’ailleurs levé 250 millions de dollars en septembre, et Tech.eu estiment que le cap des 70 méga-levées sera franchi d’ici la fin de l’année, ce qui représenterait davantage que les trois années précédentes réunies. En effet, avec 12 milliards d’euros d’investissements late-stage récoltés entre janvier et septembre, les scale-up européennes font tout simplement quatre fois mieux qu’en 2016, où à peine 3 milliards d’euros avaient été investis dans seulement 16 opérations de plus de 100 millions d’euros. 

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Bien que le montant total des méga-levées ait bondi en l’espace de quatre ans, la taille moyenne de ces tours de table n’a que très légèrement évolué. Celle-ci est ainsi passée de 147 millions d’euros en 2015 à 150 millions d’euros cette année, mettant de fait en lumière une diversification des investissements. Au total, ce sont 110 entreprises qui ont réalisé des méga-levées entre 2015 et 2019, mais seulement 18 d’entre elles en ont effectué plusieurs au cours de cette période. Les scale-up les plus actives dans ce domaine sont Delivery Hero, Deliveroo, Auto1, OakNorth et N26, avec chacune trois méga-tours bouclés au cours des quatre dernières années.

2,7 milliards d’euros captés par la France,
contre 7,9 milliards par l’Allemagne 

Sans surprise, ce sont avant tout les scale-up fondées en Allemagne et au Royaume-Uni qui sont les plus attractives pour les investisseurs. En effet, l’Allemagne (7,9 milliards d’euros) et le Royaume-Uni (7,4 milliards d’euros) ont capté plus de 15,3 milliards d’euros d’investissements pour leurs scale-up à l’occasion de méga-levées de fonds – plus de 100 millions d’euros – au cours des quatre dernières années. Les deux champions européens de l’investissement late-stage totalisent ainsi davantage d’investissements de ce calibre que tous les autres pays européens réunis (14,7 milliards d’euros). L’Israël (3,4 milliards d’euros), la Suède (2,8 milliards d’euros) et la France (2,7 milliards d’euros), qui complètent le Top 5 européen, sont très loin derrière. 

Toutefois, le rapport indique que l’Hexagone devrait rattraper rapidement son retard, si l’on se réfère à son statut de leader européen dans l’investissement early-stage. De plus, Emmanuel Macron a annoncé en septembre une enveloppe de 5 milliards d’euros sur trois ans pour soutenir les start-up françaises en hypercroissance. Avec une telle somme, l’idée est de renforcer le segment du financement late-stage pour multiplier les tours de table supérieurs à 50 millions d’euros des futurs champions de la French Tech, et ainsi d’atteindre les 25 licornes tricolores d’ici 2025. Un objectif ambitieux pour combler son retard sur les leaders européens en la matière. «Si la France est encore en retard sur le late-stage, ce n’est qu’une question de temps. L’émergence massive de start-up prometteuses et internationalisées depuis trois ans, et le soutien politique fort, nous rendent particulièrement confiant sur l’avenir immédiat de l’écosystème français», indique Guillaume Princen, directeur Europe continentale de Stripe. 

La FinTech et le SaaS au zénith 

Voir l’Allemagne et le Royaume-Uni au sommet n’a cependant rien d’étonnant, tant les deux pays hébergent de nombreuses pépites dans la FinTech et le SaaS, les deux secteurs qui ont suscité les levées de fonds les plus importantes en Europe au cours des douze derniers mois. De 2015 à 2019, ce sont ainsi pas moins de 34 tours de table de plus de 100 millions d’euros qui ont concerné des FinTech (6,8 milliards d’euros), avec une accélération conséquente cette année. 

De son côté, le SaaS a le vent en poupe avec une nette progression des investissements late-stage sur ce marché. Au cours des trois premiers trimestres de l’année 2019, 11 méga-levées ont d’ores et déjà été réalisées par des scale-up du secteur, contre à peine deux l’an passé. Depuis 2015, les secteurs de la mobilité (3,2 milliards d’euros), de la FoodTech (3,1 milliards d’euros) et de la MedTech (2 milliards d’euros) ont également les faveurs des investisseurs. 

Aux yeux de Robin Wauters, rédacteur-en-chef de Tech.eu et auteur principal du rapport, le plafond de verre du financement late-stage a bel et bien été brisé en Europe. «Il y a historiquement eu un manque de financement late-stage des scale-up en Europe. Par manque d’alternatives, nombre d’entre elles se sont faites racheter par des acteurs américains ou asiatiques, ou se sont introduites en Bourse, souvent aux États-Unis. Pour autant, notre étude montre que la disponibilité croissante de capitaux, en grande partie étrangers, combinée à la maturation des FinTech, du SaaS, des MedTech et de la FoodTech, en Allemagne et au Royaume-Uni, a donné lieu à un afflux de méga-levées dans les technologies européennes. Il est d’ailleurs peu probable qu’elles reviennent à des niveaux antérieurs à l’avenir», estime-t-il.

75% de l’argent investi depuis 2015 ne provient pas d’Europe 

Si le financement late-stage est en plein essor en Europe, cet argent indispensable aux start-up en hypercroissance ne vient malheureusement pas du Vieux Continent dans son immense majorité. Ainsi, près de 75% de l’argent investi dans le cadre de levées de fonds late-stage depuis 2015 ne provient pas d’Europe. Parmi les investisseurs étrangers, le Japonais SoftBank est le plus actif avec près de 4 milliards d’euros investis dans des entreprises européennes depuis 2015 via son Vision Fund, fonds doté d’une enveloppe de 100 milliards de dollars. 

Derrière le géant nippon, l’Américain Insight Venture Partners n’a mis que 1,4 milliard d’euros sur la table sur la même période. En revanche, au niveau des investisseurs européens, le Royaume-Uni est en tête, avec une trentaine de fonds participant à des méga-levées, contre une vingtaine en France et 17 en Allemagne. 

Recul spectaculaire des IPO et des acquisitions 

Même si les méga-levées se multiplient en Europe, les entreprises souhaitant s’introduire en Bourse se font de plus en plus rares. En effet, 36 scale-up avaient sauté le pas en 2017, puis seulement 21 l’an passé. En 2019, ce ralentissement se confirme de manière encore plus brutale avec à peine cinq IPO effectuées. Au regard des entrées en Bourse décevantes d’Uber et Lyft, et de celle avortée de WeWork, les entreprises européennes sont peut-être bien inspirées d’attendre avant de se lancer sur le marché boursier. 

Le constat n’est guère meilleur au niveau des acquisitions qui sont en chute libre. Après 629 acquisitions en 2015 et 555 en 2017, il y en a eu seulement 273 au cours des trois premiers trimestres de l’année 2019. Si l’écosystème européen se structure pour favoriser l’émergence de licornes, il a encore un long chemin à parcourir pour rivaliser à l’échelle mondiale. Et pour cause, la Chine et les États-Unis concentrent plus de 80% des licornes dans le monde, avec respectivement 206 entreprises de ce type dans l’Empire du Milieu et 203 pour le berceau des GAFA.

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