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Google, un concurrent sérieux pour les acteurs historiques du BTP?

Avec l'AFP

Aménager l’ensemble d’un quartier: cruciale pour le positionnement tentaculaire des « majors » françaises de la construction, l’activité commence à intéresser à l’étranger le géant technologique américain Google, sans qu’il apparaisse pour le moment comme un concurrent crédible.

« Aménageur, promoteur et constructeur« : Benoît de Ruffray, PDG du géant du BTP Eiffage, résumait tout récemment la position transversale de son groupe, lors de l’inauguration d’un projet à Chatenay-Malabry, à quelques kilomètres au sud de Paris. Le chantier, de plus de 200 millions d’euros, vise à faire émerger d’ici 2024 tout un quartier sur un site de 20 hectares. Sont prévus des commerces, 2 200 logements, le futur siège français du supermarché à bas prix Lidl et une ferme urbaine. Le projet, qui passe par une société commune entre la municipalité et le numéro trois du BTP français, est emblématique du positionnement des géants du secteur: Bouygues, Vinci et Eiffage.

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La place des majors françaises

« Dans le monde anglo-saxon, on sépare tous les types de travaux alors qu’en France, les trois majors sont des entreprises générales: elles proposent des contrats globaux et font ensuite travailler tout un tas de sous-traitants« , souligne à l’AFP Olivier Thireau, spécialiste de l’immobilier au cabinet Mazars. Cette orientation brouille les lignes entre l’urbanisme, la promotion immobilière et l’acte de construire: chez les trois grands groupes français, le corollaire en est une structure décentralisée au sein de laquelle ces activités diverses trouvent différentes filiales dédiées.

« Ce qui les intéresse c’est de faire travailler les filiales BTP ou promotion: l’aménagement, ce n’est pas leur finalité« , avance à l’AFP Thierry Vilmin, spécialiste de l’aménagement urbain, passé par le public comme le privé. « C’est une manière de s’alimenter en matière première foncière pour les filiales de promotion et en volume d’activité pour les filiales de construction. » Si cette démarche s’est accentuée dans les années 2000 avec la vogue des « écoquartiers », conçus pour respecter les principes de développement durable, M. Vilmin y voit une tendance de plus longue haleine. « L’écoquartier, c’est un habillage: on ne dit plus qu’on fait des Zac (zones d’aménagement concerté), [mais] des écoquartiers« , ironise-t-il, jugeant que le phénomène remonte au moins au début des années 1990.

Sidewalk Labs, filiale d’Alphabet qui veut réinventer les villes à partir d’Internet

Cet historique contribue à « un contexte franco-français qui fait que des gens comme Google, je ne vois pas comment ils viendraient faire de l’aménagement« , enchaîne-t-il. La question se pose car le géant technologique – ou plutôt sa maison mère Alphabet – a créé une filiale en 2015, Sidewalk Labs, promettant de « réinventer les villes à partir de l’internet« , et a gagné fin 2017 un premier appel d’offre au Canada à Toronto pour concevoir un quartier de cinq hectares.

Google, qui a précisé à l’AFP « ne se concentrer actuellement que sur Toronto« , peut-il représenter une menace pour les majors françaises en les reléguant à un simple rôle de sous-traitant de la construction comme leurs homologues anglo-saxonnes? « Je n’y crois pas une minute« , assure à l’AFP, Fabrice Bonnifet, responsable du développement durable chez Bouygues. « On ne sent pas de leur part, en tout cas en France, de velléité de prendre l’hégémonie sur la construction d’infrastructures. » Les géants technologiques n’ont « pas de savoir-faire sur la complexité de gestion des projets d’infrastructure« , insiste-t-il. « On a mis des décennies à l’acquérir. »

Les limites de Google

La majeure partie des interlocuteurs de l’AFP soulignent que les majors de la construction ont tissé des liens pendant des années avec les élus locaux et qu’il est peu probable que les collectivités se tournent vers un acteur aussi inhabituel que Google. C’est non seulement la nationalité du groupe américain qui est en cause, les contrats avec les collectivités restant de fait le pré carré des grands groupes français, mais aussi son statut de géant technologique et d’expert en exploitation des données.

« La ville qui déléguerait toute la gestion d’un quartier à une entreprise privée, sans prendre la peine de faire attention aux enjeux de données personnelles, risquerait le contentieux« , juge auprès de l’AFP Adrien Aulas, avocat spécialiste du droit des nouvelles technologies. « Du point de vue d’une autorité de contrôle comme la Cnil, la ville et l’entreprise seraient responsables à parts égales et pourraient faire l’objet d’une sanction commune« , prévient-il, dans le sillage notamment de l’adoption en début d’année du Règlement européen sur la protection des données (RGPD).

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