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Jio Platforms, le géant indien qui a levé près de 9 milliards de dollars en moins d’un mois

Grand gagnant de la crise du coronavirus, l’e-commerce a couronné Amazon en Europe et aux États-Unis, malgré de nombreuses polémiques liées à sa gestion de cette situation inédite dans ses entrepôts. En Inde, l’e-commerçant qui a le vent en poupe n’est pas Amazon, ni même Walmart, mais plutôt Jio Platforms, propriété de Reliance Industries, le conglomérat industriel de l’homme le plus riche de l’Inde, à savoir Mukesh Ambani. Après avoir conquis 388 millions de clients via sa filiale télécoms Jio, premier opérateur mobile du pays de 1,3 milliard d’habitants, Reliance Industries entend s’attaquer cette année à l’e-commerce via sa filiale numérique avec le lancement d’une marketplace baptisée «JioMart».

Cette nouvelle plateforme peut s’appuyer sur les 10 000 points de vente physiques de Reliance Industries en Inde pour proposer une vitrine en ligne bien garnie, avec livraison à domicile et retour gratuits. Une vitrine également ouverte aux «kiranas», ces petits commerces de quartier typiques de l’Inde, ce qui n’est pas pour déplaire à la population indienne et au gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi.

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L’Inde, pays très protectionniste face à Amazon et Walmart

Dans un pays très protectionniste, Jio Platforms apparaît ainsi comme une porte d’entrée idéale pour les entreprises étrangères, alors qu’Amazon et Walmart, qui a racheté le leader indien Flipkart pour 16 milliards de dollars en 2018, essuient les plâtres depuis plusieurs années avec une réglementation qui s’est considérablement durcie au fil du temps. L’exécutif indien a notamment interdit aux sites e-commerce de vendre les produits d’entreprises dans lesquels ils détiennent une participation, de manière à éviter qu’ils n’exercent un contrôle excessif sur leurs fournisseurs, et donc sur les prix des produits. Les e-commerçants n’ont plus le droit également de nouer des accords d’exclusivité avec des vendeurs.

Dans ce contexte, les investisseurs américains se bousculent au portillon ces dernières semaines pour entrer au capital de Jio. Pendant que des millions d’entreprises sont au bord au gouffre à cause de la crise du Covid-19, l’entreprise indienne n’a qu’à tendre la main pour amasser les milliards de dollars. Ainsi, la filiale numérique du conglomérat indien a collecté près de 9 milliards de dollars en moins d’un mois. Un véritable exploit dans un climat économique et sanitaire plus incertain que jamais.

Facebook débourse 5,7 milliards de dollars

L’investissement le plus conséquent est peut-être aussi celui le plus inattendu. Et pour cause, Facebook a annoncé fin mars un investissement colossal de 5,7 milliards de dollars dans Jio Platforms pour mettre un pied dans l’e-commerce indien. Valorisant l’entreprise indienne à près de 66 milliards de dollars, l’opération va permettre à Facebook de détenir une participation de 9,99% au capital de la filiale numérique du conglomérat Reliance Industries. Il s’agit de l’un des plus grands investissements étrangers réalisés en Inde, qui permet à Facebook de devenir le premier actionnaire minoritaire de Jio Platforms. Avec cet investissement, Facebook devient un concurrent de plus pour Amazon et Walmart sur le marché indien.

Pour prendre de vitesse les deux géants indiens, Facebook veut notamment lier WhatsApp à Jio Platforms pour décupler sa force de frappe dans un pays où la messagerie de la firme américaine compte plus de 400 millions d’utilisateurs. «La nouvelle plateforme d’e-commerce de Jio et WhatsApp permettra à près de 30 millions de petites épiceries indiennes d’effectuer des transactions numériques avec chaque consommateur dans leur quartier», assurait le mois dernier Mukesh Ambani. L’alliance tombe à pic pour le géant américain puisqu’il s’apprête à déployer une solution de paiement mobile sur le marché indien après plusieurs années de déboires. En 2018, WhatsApp s’était en effet attiré les foudres du gouvernement indien après la diffusion massive de fausses informations sur l’application de messagerie.

Le ton semble d’être depuis adouci, Jio Platforms faisant désormais office de garantie auprès de l’exécutif indien. Avec cette arrivée tonitruante sur le marché indien, Facebook poursuit son virage vers l’e-commerce et le paiement, visant à compenser le ralentissement de sa croissance dans les marchés développés. Avec 850 millions d’internautes d’ici à 2022 selon PwC et un marché du commerce en ligne qui devrait peser 200 milliards de dollars d’après KPMG, l’Inde apparaît comme un nouvel eldoredo pour les géants américains, mais pas seulement pour les GAFA.

Les fonds américains également à l’affût

Les fonds américains estiment également que Jio Platforms possède un potentiel de développement immense. Ainsi, Silver Lake a décidé deux semaines après l’investissement de Facebook d’injecter à son tour 750 millions de dollars dans l’entreprise indienne. Contrairement à Facebook qui s’intéresse principalement aux volets e-commerce et paiement de Jio, c’est toute la galaxie d’applications numériques de l’entreprise indienne (télécoms, cloud, vidéo, musique en streaming…) qui intéresse Silver Lake.

Au vu de la marge de progression du marché indien et de la bienveillance dont bénéficie Jio auprès du gouvernement de Narendra Modi, le fonds américain se dit qu’il y a un coup à jouer, avec un retour sur investissement potentiellement colossal. Il faut dire que Silver Lake est davantage habitué aux opérations d’urgence ces dernières semaines pour soutenir des valeurs technologiques en danger, à l’image d’Airbnb et d’Expedia victimes de la crise du coronavirus.

Après Silver Lake, Vista Equity Partners a également décidé d’apporter sa contribution à la collecte de fonds de Jio Platforms. Le fonds américain a ainsi annoncé un investissement de 1,5 milliard de dollars dans l’entreprise indienne. Ce dernier a été suivi quelques jours plus tard par celui de General Atlantic qui a opté pour un investissement de 870 millions de dollars dans la filiale numérique du conglomérat industriel de Mukesh Ambani. Un signal fort de plus dans la mesure où General Atlantic est réputé pour ses investissements dans de nombreuses pépites technologiques, comme Airbnb, Alibaba, Facebook, Slack, Snapchat ou encore Uber. Pour General Atlantic, comme pour Vista Equity Partners et Silver Lake, une prise de participation au capital de Jio permet d’étendre leur empreinte en Inde, marché technologique en plein essor qui est encore loin d’avoir exprimé la pleine mesure de son potentiel.

Une dette de 22 milliards de dollars à renflouer

Si les investissements de Facebook et des fonds américains sont évidemment une excellente nouvelle pour Mukesh Ambani et son conglomérat, ils n’en demeurent pas moins indispensables pour assurer la pérennité de cet empire industriel et technologique. Et pour cause, Reliance Industries, qui a bâti sa puissance dans le secteur pétrolier, a investi près de 50 milliards de dollars dans sa filiale télécoms Jio pour en faire le premier opérateur mobile du pays en à peine quatre ans. Grâce à une politique de prix très agressive, l’homme le plus riche d’Inde a tout simplement révolutionné le secteur. L’opérateur a en effet engrangé 100 millions d’abonnés en moins de 200 jours puis 322 millions en à peine trois ans. Il est désormais proche des 400 millions de clients. Jio capte aujourd’hui deux tiers des abonnés 4G en Inde.

Mukesh Ambani espère désormais dupliquer avec succès la recette de son offre téléphonique dans le commerce en ligne en s’appuyant sur la base de clients de l’opérateur. Dans ce sens, il a déjà investi plus de 30 milliards de dollars pour construire Jio Platforms. Mais cela ne se fait pas sans conséquences… La dette de Reliance Industries s’élève en effet à 22 milliards de dollars. Pour rassurer les investisseurs, Mukesh Ambani s’est engagé à ramener cette dette à zéro d’ici la fin du premier trimestre 2021. Si le calendrier risque fort d’être remis en cause avec la crise du coronavirus qui a fortement ébranlé les performances de Reliance Industries dans le secteur pétrolier, l’arrivée de partenaires financiers va tout de même permettre de réduire la dette du groupe. Jio Platforms a ainsi cédé au total une participation de 14,7% aux investisseurs américains, Facebook en tête, pour récupérer 8,85 milliards de dollars. De nouveaux partenaires devraient entrer dans la danse dans les prochains mois pour s’offrir une part d’Inde avec un partenaire privilégié.

Lire aussi : L’Inde, nouvel eldorado de l’e-commerce mondial ?

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