Malgré des débuts mitigés, Facebook continuera à étendre son service vidéo Watch en 2019
Lors de l’annonce de ses résultats financiers 2018 le 30 janvier, Facebook ne passera probablement pas beaucoup de temps sur Watch, son service dédié à la vidéo qui n’a pas connu le succès espéré.
Accompagnée d’un point rouge de notification quasi-permanent, l’icône de Facebook Watch est apparue sur les pages d’accueil des utilisateurs français, comme dans le reste du monde, en août 2018. L’espace était préalablement réservé aux utilisateurs américains depuis août 2017. Aux Etats-Unis, justement, « plus de 50 millions de personnes [venaient] sur Watch pour consommer du contenu vidéo pendant au moins une minute », indiquait alors Facebook. Le temps passé sur Watch s’était également multiplié par 14 depuis le début de 2018, lors du lancement aux Etats-Unis de la fonctionnalité, se réjouissait l’entreprise de Mark Zuckerberg.
« Nous avons créé ce produit de manière à ce que les utilisateurs ne soient pas dans une logique de consommation passive des vidéos mais qu’ils puissent y participer», expliquait la vice-présidente produits en charge de la vidéo et de la publicité, Fidji Simo. Le service devait permettre aux utilisateurs de proposer de nouvelles vidéos mais également de trouver les dernières vidéos classées par thème, de sauvegarder certaines vidéos, d’échanger avec les créateurs, voire d’y interagir. Le groupe avait « passé énormément de temps avec les éditeurs » de contenus afin de « laisser à chacun la possibilité de monétiser ses créations » via une série d’outils permettant d’intégrer de la publicités aux contenus, ajoutait Fidji Simo.
Après l’annonce de la diffusion gratuite et en direct des coupes d’Europe de football, Ligue des Champions et Ligue Europe en Amérique du Sud, et de la première division espagnole La Liga en Asie du Sud, le groupe californien entendait venir concurrencer un peu plus les autres géants américains du secteur, en particulier Google avec sa propre plateforme vidéo, YouTube, mais aussi Amazon et son offre Prime. Il s’agissait d’une approche nouvelle de la part de Facebook, dont la croissance avait ralenti sur les derniers mois et devait trouver de nouveaux relais, alors que le groupe tentait par ailleurs de développer un usage plus responsable de son réseau social-phare par ses utilisateurs.
Quelques mois plus tard, en décembre, Facebook se félicitait d’un « succès confirmé », avec plus de 400 millions d’utilisateurs par mois dans le monde et 75 millions de personnes par jour qui passent au moins une minute sur Watch. Ces 75 millions d’utilisateurs quotidiens y passaient en outre plus de 20 minutes, selon le réseau social. Le mois dernier, toujours, Facebook a déployé ses « Ad Breaks » au sein de Watch partout dans le monde, dont la France. Ces pauses publicitaires sur les vidéos avaient également été lancées précédemment aux Etats-Unis.
Un concurrent de YouTube quasi-inexistant ?
Mais malgré ce succès apparent, rappelons qu’une étude de The Diffusion Group (TDG) – portant sur des données du deuxième trimestre 2018 et publiée en août 2018, soit un an après le lancement de Watch aux Etats-Unis – a conclu que la moitié des utilisateurs américains du réseau social n’avaient jamais entendu parler de Watch. A noter par ailleurs que les 75 millions de personnes qui « utilisent » Watch quotidiennement (les internautes qui n’y passent qu’une minute sont comptabilisés) ne représentent que 5 % du près de 1,5 milliard d’utilisateurs quotidiens de Facebook. Les émissions Red Table Talk, Sorry For Your Loss, Confetti, et Returning the Favor, les plus regardées, commentées et suivies, n’ont ainsi pas encore su attirer des vagues de spectateurs susceptibles d’abandonner Netflix, Amazon Prime, Hulu ou même YouTube, grand concurrent de Watch en termes de temps passé et de revenus publicitaires.
Lancé depuis l’été dernier à l’échelle mondiale, Watch n’allait pas révolutionner les plateformes vidéo en ligne en quelques mois. Mais Facebook garde le cap avec son service vidéo en 2019 : « nous continuerons à développer la manière dont les éditeurs et les créateurs peuvent gagner de l’argent sur Facebook. Nous allons déployer Ad Breaks auprès de créateurs de vidéo dans davantage de pays dans le monde, et allons tester de nouveaux placements Ad Breaks, comme dans des livestreams pour les créateurs en gaming », a noté Fidji Simo dans un post de blog.
Watch va également déployer Brand Collabs Manager, solution de partenariats entre créateurs et marques, dans plus de pays, et développer son format Stream Reserve sur Watch auprès de davantage d’annonceurs. Facebook entend en outre continuer la production de « Facebook Originals », ses contenus originaux, avec notamment le renouvellement de quatre émissions, ainsi que différents formats de licences et partenariats. Le réseau social pourrait enfin miser sur les consommateurs dans des pays en voie de développement, où les rivaux de Watch ont une présence moindre que dans les pays occidentaux.