
Meta s’apprête-t-elle à enterrer son IA open source au profit d’une black box pour bâtir l’AGI ?
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Meta envisagerait un tournant stratégique majeur dans sa politique d’intelligence artificielle, selon plusieurs sources proches du dossier citées par The New York Times, la direction de son nouveau laboratoire « Superintelligence » aurait discuté de l’abandon de Behemoth, son modèle open source le plus avancé, au profit du développement d’un modèle fermé. Ce revirement, encore à l’étude, interroge autant sur les limites de l’ouverture que sur les ambitions réelles du groupe en matière d’intelligence artificielle générale (AGI).
Une bascule culturelle dans l’écosystème IA
Depuis plusieurs années, Meta se distingue des autres acteurs du secteur en publiant sous licence ouverte ses modèles de langage LLaMA. Cette stratégie, défendue par des figures comme Yann LeCun, repose sur l’idée que l’ouverture favorise l’innovation collective et permet un contrôle plus large sur les usages de l’IA. Le chercheur énoncait encore récemment l’idée que la plateforme qui l’emportera sera celle qui est ouverte.
Mais cette doctrine semble aujourd’hui fragilisée, le modèle Behemoth, présenté en interne comme un « frontier model », a terminé sa phase d’entraînement mais n’a pas été jugé satisfaisant. Aucune version publique n’a été publiée, et les équipes en charge du projet auraient suspendu leurs tests depuis l’annonce de la création du nouveau laboratoire, en juin.
Une nouvelle génération de dirigeants
La montée en puissance d’Alexandr Wang, fondateur de Scale AI, devenu Chief AI Officer de Meta, participe à ce changement. En juin, Meta a investi 14,3 milliards de dollars dans Scale AI, prenant 49 % de son capital. Une partie des dirigeants de Scale a rejoint le groupe pour prendre la tête d’un pôle désormais baptisé « Meta Superintelligence Labs », directement rattaché à Mark Zuckerberg.
Open source ou souveraineté technologique ?
La tentation du modèle fermé s’inscrit dans un contexte où l’ouverture commence à être perçue comme un risque stratégique. En avril, la startup chinoise DeepSeek a publié un modèle performant en partie basé sur les travaux open source de Meta. Le risque de voir des concurrents tirer parti gratuitement de ses avancées, sans contribuer à leur développement, oblige Meta à réévaluer au plus vite sa position.
Un laboratoire à part, des tensions internes
Le nouveau laboratoire dirigé par Wang fonctionne en marge du reste de la division IA et est installé dans un espace séparé, au plus proche du bureau de Mark Zuckerberg à Menlo Park. Il regroupe une douzaine de chercheurs triés sur le volet, dont l’organisation est proche des structures adoptées par OpenAI ou Google DeepMind. Cette équipe a pour objectif d’accélérer le développement d’un modèle AGI tout en sécurisant la propriété intellectuelle.
Bien entendu, cette centralisation n’est pas sans créer des tensions, et des départs sont anticipés lors de la prochaine période de vesting, en août, notamment parmi les employés IA non intégrés à la nouvelle équipe. Si Meta persiste dans cette voie, elle devra alors arbitrer entre cohésion interne et accélération technologique. Un prochain épisode à suivre cet été?