
Monster, le pionnier de l’emploi sur internet s’effondre, terrassé par son inertie face à Linked In et Indeed.
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Il fut un temps, qu’ignorent les moins de 30 ans, où Monster incarnait le futur du travail. Fondée en 1994, l’entreprise américaine avait révolutionné la recherche d’emploi en ligne avec une marque légendaire. Trois décennies plus tard, elle disparaît dans une faillite très discrète, absorbée par une procédure de liquidation. La plateforme, jadis emblème de modernité, a été dépassée par un monde qu’elle n’a pas su réinventer.
Du sommet à l’effacement progressif
Monster.com fut l’un des premiers grands succès de l’internet commercial. À l’orée des années 2000, elle dominait le marché du recrutement digital, forte d’un nom puissant, d’une base d’utilisateurs massive, et d’un imaginaire collectif solidement ancré. Mais la suite est une histoire de rendez-vous manqués, technologique vieillotte, stratégie produit erratique, une inertie face à la montée de LinkedIn, Indeed, ou plus récemment des plateformes propulsées par l’intelligence artificielle.
Assis sur son trône, Monster n’a pas su se transformer. En 2016, la plateforme est rachetée par Randstad pour 429 millions de dollars. Puis elle fusionne avec CareerBuilder, elle-même en déclin, sous l’égide du fonds Apollo Global Management. Mais cette alliance de deux géants fatigués n’a pas suffi à enrayer la chute.
Un marché bouleversé, une entreprise figée
La logique des jobboards n’est plus celle du marché. Recruteurs et candidats attendent désormais des services prédictifs, intégrés, personnalisés. La publication d’offres ne suffit plus. Il faut recommander, filtrer, qualifier, automatiser. Dans ce paysage, Monster ne proposait plus rien d’unique.
Les dernières années sont particulièrement éprouvantes pour le business du groupe, le chiffre d’affaires combiné de Monster et CareerBuilder s’est effondré de 40 % en 2023. Le cash fond quand simultanément ma dette pèse et l’entreprise ne tient plus que par des restructurations successives, des reports d’échéances, et des paiements d’intérêts convertis en dette supplémentaire.
Une sortie sans fracas, mais sans relance
La société vient par conséquent de déposer le bilan sous chapitre 11. Le plan devrait s’organiser par une cession par appartements. JobGet Inc. reprend le site d’emploi historique. Valnet Inc. rachèterait les propriétés média de Monster. Valsoft Corp. absorberait la branche logicielle dédiée aux services publics. Un financement transitoire de 20 millions de dollars serait négocié avec Blue Torch Capital pour orchestrer ces ventes.
Le mot du fondateur Jeff Taylor entre amertume et espoir
Dans un message poignant adressé à la communauté Monster, Jeff Taylor, fondateur emblématique de la plateforme, revient sur la trajectoire de l’entreprise et ses promesses non tenues. Parti depuis longtemps, après un désaccord stratégique avec le conseil d’administration, il dresse un bilan lucide :
“Je suis parti parce que le board n’a pas adhéré à ma vision du futur. Certains d’entre vous sont partis vers de nouveaux horizons, parfois pour revenir. D’autres ont vu leurs idées absorbées ou étouffées par la machine.”
et rend hommage aux équipes, évoquant la résilience et le pouvoir de choix.
“Notre réseau est immense. Aidons-nous les uns les autres à atterrir. Nos slogans l’ont toujours dit : ‘Find Better’, ‘Your calling is calling’, ‘You da Monster!’”
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