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OnlyFans vaudrait 7,4 milliards d’euros. Peut-on vraiment réhabiliter un modèle borderline ?

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La plateforme britannique OnlyFans, connue pour sa monétisation directe de contenus adultes, serait selon Reuters en passe d’être rachetée par le fonds américain Forest Road Company sur la base d’une valorisation de 8 milliards de dollars, soit environ 7,4 milliards d’euros. Si les négociations sont encore en cours, l’opération marque un tournant stratégique pour l’entreprise, qui avait déjà en 2022 de réaliser une sortie en bourse. Elle révèle aussi les tensions persistantes autour de l’économie du contenu à la frontière des normes sociales.

Une croissance spectaculaire, une légitimité encore incertaine

Lancée en 2016 par Timothy Stokely avec l’appui de son père Guy et de son frère Thomas, OnlyFans visait à permettre aux créateurs de monétiser leurs contenus via un abonnement. En 2018, Leonid Radvinsky, déjà à la tête de MyFreeCams, rachète 75 % de la maison-mère Fenix International. Sous son impulsion, la plateforme s’oriente vers le contenu NSFW, jusqu’à devenir une référence mondiale du divertissement pour adultes.

OnlyFans a vu son usage exploser pendant les confinements liés au Covid. En quelques mois, elle s’est imposée comme un canal privilégié pour les créateurs de contenus payants, avec une dominante forte sur les vidéos à caractère sexuel. Le modèle repose sur un abonnement mensuel versé directement aux créateurs, ponctionné de 20 % par la plateforme. Cette mécanique a démontré une efficacité redoutable avec 485,5 millions de dollars de bénéfice en 2023, en hausse de 20 %, selon Fenix International, sa maison mère.

Mais cette performance économique ne suffit pas à lever les réticences. Le positionnement de la plateforme reste problématique pour une partie des investisseurs institutionnels, des annonceurs et des partenaires technologiques. En 2021, un premier mouvement de retrait de contenu explicite, annoncé puis abandonné en quelques jours, a révélé la ligne de crête sur laquelle évolue OnlyFans.

Élargir l’usage sans renier les fondations

Depuis, la stratégie évolue. La société, toujours détenue par l’entrepreneur Leonid Radvinsky, cherche à se diversifier. Cuisiniers, coachs sportifs, artistes ou comédiens sont progressivement mis en avant. L’objectif est d’élargir la base d’utilisateurs et de démontrer la polyvalence du modèle direct-to-fan,  là où de nombreuses plateformes luttent pour construire un modèle durable.

Ce repositionnement n’efface pas l’héritage initial. Car si OnlyFans s’éloigne de l’image d’une plateforme exclusivement pornographique, elle ne la renie pas complètement.

Forest Road mise sur une transition progressive

Forest Road n’est pas étranger au dossier. En 2022, plusieurs de ses dirigeants étaient impliqués dans une tentative d’introduction en bourse via SPAC, avortée face à la frilosité des marchés. Aujourd’hui, le fonds revient avec une approche plus classique. Racheter, restructurer, préparer une sortie. S

L’enjeu est de faire évoluer la perception sans faire fuir les créateurs historiques. Une rupture trop franche pourrait assécher la croissance. Une évolution trop timide condamnerait tout projet de monétisation élargie ou d’introduction en bourse future.

Une rentabilité atypique dans la creator economy

Le contraste est saisissant, là où des plateformes comme Substack, Patreon ou même Twitch peinent à atteindre l’équilibre, OnlyFans affiche une rentabilité nette hors normes. Sa position centrale dans la chaîne de valeur, sans dépendance aux annonceurs, en fait un cas d’école dans une économie de la créations très fragile.

Mais cette rentabilité a un prix, celui de la stigmatisation, du bannissement algorithmique, de l’exclusion partielle des circuits financiers classiques. Reste à savoir si une nouvelle gouvernance, un repositionnement progressif et une communication mieux maîtrisée suffiront à redessiner les contours d’une entreprise aux résultats financiers spectaculaires.

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