
Pourquoi le Royaume-Uni hésite à donner son feu vert REVOLUT?
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Revolut, la fintech la plus valorisée d’Europe, pensait boucler en 2024 un long chapitre réglementaire en obtenant sa licence bancaire britannique. Plus d’un an plus tard, la Banque d’Angleterre (BoE) retient toujours son feu vert final. En cause, les doutes du régulateur sur la capacité du groupe à aligner sa gouvernance et ses mécanismes de contrôle sur son expansion mondiale.
Un dossier devenu test de crédibilité
Pour la Prudential Regulation Authority (PRA), l’octroi de cette licence ne concerne pas seulement Revolut mais conditionnera la façon dont les autres juridictions traiteront les fintechs paneuropéennes. L’institution veut éviter qu’une autorisation trop rapide ne se transforme en précédent, dans un contexte post-Wirecard où la rigueur prudentielle est devenue la norme.
Revolut, qui revendique 65 millions de clients dans une quarantaine de pays, reste aujourd’hui limitée par la “phase de mobilisation” instaurée en juillet 2024, elle ne peut détenir que 50 000 £ de dépôts au Royaume-Uni tant que l’examen de ses processus de gestion du risque, de conformité et de capitalisation n’est pas achevé.
Un modèle sous pression
La fintech fondée par Nik Storonsky s’est longtemps appuyée sur un assemblage de licences locales (paiement, change, e-money) pour alimenter sa croissance. Ce modèle lui a permis de s’étendre rapidement en Europe et en Amérique latine, mais il a aussi mis en lumière les faiblesses d’une architecture réglementaire fragmentée. Nik Storonsky admet aujourd’hui que la société a « voulu aller trop vite » et que le véritable défi consiste désormais à bâtir une banque mondiale cohérente et conforme.
Une surveillance élargie
La PRA examine de près la robustesse des systèmes IT et des dispositifs de lutte contre le blanchiment, non seulement au Royaume-Uni mais aussi dans les filiales européennes et latino-américaines. Cette approche globale reflète une inquiétude croissante, les fintechs transnationales concentrent des volumes de données et de capitaux comparables à ceux des grandes banques, sans en partager toujours les garde-fous institutionnels.
Vers un statut de “vraie” banque
Malgré ces lenteurs, Revolut continue de renforcer sa présence réglementée, elle détient déjà une licence bancaire européenne via la Banque centrale de Lituanie, une autre au Mexique, et vient d’obtenir un premier feu vert en Colombie. Aux États-Unis, elle envisage d’acquérir une banque pour obtenir une charte fédérale.
Elle vient de recruter Frederic Oudéa, ex PDG de Société Générale, pour crédibiliser sa gouvernance en europe.
L’entreprise espère désormais finaliser sa licence complète au Royaume-Uni avant fin 2025. Ce jalon symbolique permettrait à Revolut d’entrer pleinement sur le marché britannique du crédit, mais surtout de consolider sa légitimité comme première banque globale issue de la génération fintech européenne.