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Quand l’IA licencie, Microsoft, Meta et Salesforce changent la nature des plans sociaux

Les vagues de licenciements dans la tech ne sont plus ce qu’elles étaient. Derrière les chiffres (6 000 suppressions de postes chez Microsoft, 1 000 chez Salesforce, 5 % des effectifs chez Meta) se dessine une tendance plus structurelle, l’intelligence artificielle redéfinit non seulement les métiers, mais aussi la manière dont les entreprises reconfigurent leurs ressources humaines.

Une réduction ciblée, pas une contraction

Chez Microsoft, les 6 000 suppressions de postes annoncées en mai 2025 ne s’inscrivent pas dans une logique de crise ou de baisse d’activité. Elles représentent environ 3 % des effectifs mondiaux, soit une proportion maîtrisée. Les départs concernent plusieurs niveaux hiérarchiques, toutes les zones géographiques, et incluent des entités comme LinkedIn. Le siège de Redmond concentre à lui seul un tiers des licenciements, selon les documents transmis aux autorités locales.

Ce type de réajustement n’est pas inédit chez Microsoft. En janvier 2023, l’entreprise avait supprimé 10 000 postes, notamment dans les équipes travaillant sur le casque HoloLens et d’autres projets matériels. La différence aujourd’hui tient à la justification : les réductions s’inscrivent dans une stratégie de rationalisation des couches managériales et de redéploiement vers les initiatives liées à l’intelligence artificielle.

L’IA comme facteur de réallocation interne

L’IA est désormais déployée dans plusieurs divisions pour générer des économies opérationnelles, du support client automatisé à la rédaction de contenus marketing, en passant par la conformité contractuelle. Ces usages permettraient déjà à l’entreprise d’économiser plusieurs centaines de millions de dollars par an. Satya Nadella avait amorcé cette réflexion dès 2024, en évoquant la contribution de l’IA à la maîtrise des coûts salariaux.

Des plans sociaux qui ouvrent… des postes

Le cas de Microsoft n’est pas isolé. Meta a amorcé une démarche comparable en janvier, en annonçant la suppression de 5 % de ses effectifs sur la base d’évaluations de performance. Quelques semaines plus tard, Salesforce procédait à plus de 1 000 licenciements pour libérer des ressources en vue de recrutements dans l’IA.

Ces mouvements donnent lieu à un phénomène ambivalent, si des postes disparaissent, d’autres sont créés dans la foulée, souvent sur des profils spécialisés ou dans des fonctions d’analyse, de développement ou d’architecture IA. La logique n’est plus celle d’une réduction des coûts au sens classique, mais d’une recomposition rapide du capital humain, alignée sur les enjeux de transformation technologique.

Une nouvelle grammaire des ressources humaines

Le cycle qui se met en place n’a rien d’un ajustement temporaire. Il témoigne d’un changement de paradigme dans la gestion des effectifs. Les plans sociaux ne sont plus des mesures défensives, mais des leviers d’optimisation du portefeuille de compétences. Les métiers les plus exposés, support, fonctions intermédiaires, middle management, sont aussi ceux où l’automatisation par l’IA s’est imposée le plus vite.

L’enjeu pour les entreprises devient double, maîtriser la temporalité des transitions internes et maintenir une cohérence culturelle dans un environnement en recomposition permanente. À ce titre, la capacité à anticiper les évolutions de rôles, plus que les suppressions nettes de postes,  pourrait devenir un indicateur stratégique à part entière pour les directions des ressources humaines.

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