Xavier Niel, né le 25 août 1967 à Maisons-Alfort, est un entrepreneur et investisseur français, fondateur et vice-président du groupe Iliad, maison mère de l’opérateur Free. Son parcours atypique l’a conduit des messageries roses du Minitel aux télécoms, puis aux médias, à l’immobilier et à l’éducation, bâtissant une fortune estimée à près de 27 milliards d’euros en 2024 (Challenges).

Des débuts dans le Minitel et l’informatique
Fils d’un père juriste et d’une mère comptable, Xavier Niel découvre très tôt l’informatique, avec son premier ordinateur à 15 ans. Après un bac C en 1984, il débute une préparation à Math sup qu’il abandonne rapidement pour se consacrer aux services télématiques.
Il se lance dans le développement de services Minitel, notamment 3615 Free, un service de messagerie érotique, et fonde Fermic Multimédia avec Fernand Develter, dont il rachète les parts en 1990 pour rebaptiser la société Iliad. Hacker talentueux, il se fait remarquer pour avoir identifié les numéros de téléphonie de l’entourage de François Mitterrand et aurait collaboré un temps avec la DST pour sécuriser les réseaux.
En 1996, il lance 3617 Annu, premier annuaire inversé sur Minitel, qui lui rapporte plus de 70 millions de francs par an et finance ses futures activités internet.
Free et la révolution des télécoms
Xavier Niel se positionne sur l’internet grand public en 1999 avec la marque Free, en s’appuyant sur l’ADSL, rupture technologique ouvrant l’ère du haut débit en France. En 2002, il lance avec Rani Assaf la Freebox, premier boîtier “triple play” combinant Internet, télévision et téléphonie.
En 2012, il obtient la quatrième licence mobile et casse le marché avec des forfaits à bas prix, faisant chuter de moitié le coût de la téléphonie mobile en France. Free s’impose alors comme un acteur majeur face à Orange, SFR et Bouygues Telecom, et s’étend à l’international (Italie, Pologne, Irlande, Suisse, Ukraine).
L’immobilier, pilier de sa fortune
En parallèle des télécoms, Xavier Niel construit un empire immobilier. Il acquiert des biens d’exception : le Palais Rose (2005, 11 M€), l’hôtel Lambert (2022, 200 M€), l’hôtel de Bauffremont (2018, 80 M€), l’hôtel Coulanges (2016, 33 M€) ou encore l’hôtel Gulbenkian (2015, 45 M€).
Il agit également comme promoteur, transformant des immeubles haussmanniens en appartements de luxe. Hors Paris, il investit dans l’hôtellerie de prestige avec L’Apogée à Courchevel (100 M€, inauguré en 2013).
Il détient près de 25 % d’Unibail-Rodamco-Westfield, leader européen des centres commerciaux, où il siège au conseil de surveillance.
L’empire médiatique
Marqué par le traitement médiatique de ses affaires judiciaires, Xavier Niel investit massivement dans la presse. En 2010, il rachète avec Pierre Bergé et Matthieu Pigasse le Groupe Le Monde (110 M€). Quinze ans plus tard, il en est l’actionnaire principal et contrôle indirectement de nombreux titres : L’Obs, Télérama, Courrier International, La Vie, Le Monde diplomatique, HuffPost, Nice Matin, Paris Turf… Il a aussi soutenu Mediapart, Bakchich, Les Jours, Causeur, ou encore L’Informé.
Il cofonde également Mediawan (2015), acteur majeur de la production audiovisuelle.
Si ses participations lui donnent un poids considérable, des garde-fous ont été instaurés : en 2024, ses actions du Monde ont été transférées à un fonds de dotation intégrant des représentants de la rédaction.
Education, startups et écosystème tech
En 2013, Xavier Niel fonde l’École 42, établissement gratuit et sans professeur dédié au code, financé à hauteur de 70 M€. Aujourd’hui, le réseau compte 57 campus dans une trentaine de pays.
En 2017, il inaugure Station F, plus grand incubateur de startups au monde, installé à Paris, et développe un écosystème complet autour de ses investissements via Kima Ventures, son fonds d’amorçage qui soutient plus de 100 startups par an.
Il a également cofondé Hectar, ferme-école dédiée à l’agriculture durable, et multiplie les projets philanthropiques liés à l’éducation et à l’innovation.
Réseaux et influence
Proche de la Silicon Valley, Xavier Niel cultive ses liens avec les grands de la tech : Daniel Ek (Spotify), Tony Fadell (iPod, Nest), Evan Spiegel (Snapchat), Jeff Bezos (Amazon), Pavel Durov (Telegram). En France, il entretient des relations de longue date avec le pouvoir politique, de Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron, en passant par François Fillon.
Il partage sa vie avec Delphine Arnault, directrice générale de Dior et fille de Bernard Arnault.