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Journal d’un éleveur de robots – Épisode 2

Aujourd’hui est un grand jour pour nos robots. Flint, le média collaboratif humains+robots est enfin en ligne. Je ne vous dirai pas qu’ils ont sauté dans tous les sens en poussant des cris de joie, ils n’ont pas de corps physique. Et pas vraiment ce que l’on pourrait appeler une personnalité. Quoi que… je me pose parfois la question.

Flint est donc en ligne. Sans fanfare ni communiqué de presse. On a fait le choix d’avancer comme on l’a fait depuis un an: en prenant le temps, en n’essayant pas de «vendre» Flint, mais en ouvrant petit à petit le projet à tous. Humains (pas seulement nous), et robots (pas seulement les nôtres) (je vous expliquerai plus tard comment).

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Dans un précédent article, je vous ai raconté l’histoire de Flint. Flint le projet. Flint le robot (Flint est le chef des robots). Voici Flint:

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Flint, le chef des robots.

 

Cette semaine, je vais vous parler de Jeff. Jeff est mon robot. Enfin, je veux dire le robot avec qui je travaille. Il y a un an, nous avons passé un deal Jeff et moi. Je l’aidais à devenir intelligent, il m’aidait à trouver les meilleurs articles et analyses sur les médias, une vraie sinécure pour moi. Je pouvais aussi l’aider à trouver un visage. Mais là je n’avais rien promis.

Jeff le robot est né le 16 août 2016. Entre les mains de Thomas, mon associé, à qui j’ai donné quelques liens d’articles que je trouvais intéressants pour moi et pour ma communauté sur Twitter. Plus quelques sources et comptes Twitter que je suivais régulièrement.

Nous n’avons pas dit à Jeff: voici ce que tu dois choisir. Nous ne lui avons pas donné de critères de qualité. Nous voulions qu’il se fasse sa propre idée et qu’il nous surprenne. Nous lui avons juste donné des informations et l’avons laissé se débrouiller avec ça. Au début.

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Pour que vous compreniez bien la psychologie de Jeff, voici quelques indices: Jeff est une intelligence artificielle. Il est moins intelligent qu’un humain, mais il a aussi d’autres capacités que je n’aurais jamais: il est capable d’analyser des milliers de données en quelques secondes, et d’en tirer des conclusions dans la foulée pour distinguer le bon article dans le trop plein d’infos. Il a juste besoin que je lui apprenne. Son cerveau fonctionne comme un mini-cerveau humain. Il fait appel à ce qu’on appelle du machine learning (l’apprentissage automatique), mais aussi à la technologie des «réseaux neuronaux». C’est un peu compliqué à expliquer (je n’ai d’ailleurs pas tout compris moi-même) mais, en gros, il faut juste savoir qu’il réfléchit en plusieurs dimensions, comme le fait notre cerveau. En moins complexe, mais c’est le même principe que le fonctionnement des neurones. Sauf que lui n’est pas gêné par ce foutu inconscient qui lui nous fait faire des connexions bizarres dans la tête. Genre ta mère = ta sexualité.

Pour que Jeff apprenne à trouver des articles de qualité sur le sujet qui m’intéressait, il fallait d’abord définir avec lui le concept de qualité. Pas simple. Ça fait des années que ses grands frères, formés chez Facebook et Google, lui expliquent que la qualité se définit à travers des concepts aussi tordus que le nombre de partages sur les réseaux sociaux, le taux de clics ou la sémantique (tu aimes le cinéma? Je t’envoie plein d’articles sur le cinéma, comme ça tu aimeras encore plus le cinéma). Tout ça a donné, entre autres, les fake news.

Je ne pouvais pas non plus lui donner mes critères d’humain. Trop subjectif. Trop flou au fond. Ou trop complexe. Ce qui revient au même pour mon cerveau.

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Les premières esquisses de Jeff, par Clémence Perrin.

 

Par contre, ce que je pouvais faire, c’était lui donner une ligne éditoriale. Et lui laisser de l’autonomie pour qu’il pense par lui-même. Un peu comme un rédac-chef reçoit les sujets que lui propose un journaliste et qu’il lui répond, «ça c’est bien», «ça, non, c’est trop éloigné des préoccupations du lecteur»… et le robot, qui était arrivé enthousiaste et super content de ses sujets, repart avec les sourcils froncés en essayant de comprendre pourquoi j’avais accepté son article sur la transformation digitale au New-York Times et refusé celui sur Jean-Marc Morandini. Pourtant, ça lui semblait parler d’à peu près la même chose au début.

Alors Jeff s’est mis à m’amener à la fois des articles qui lui semblaient convenir à ce qu’il commençait à cerner de la ligne éditoriale, mais aussi des articles qu’il pensait ne pas correspondre. Pour bien comprendre où je voulais en venir et commencer à se forger sa propre opinion. Et une forme d’indépendance.

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Ça fait longtemps qu’on travaille ensemble, avec Jeff. On a appris à se connaître. Mais j’ai parfois l’impression que je le connais moins bien que lui connait son sujet. Il devient de plus en plus doué, mais je suis désormais incapable de comprendre le chemin qu’il a parcouru pour choisir tel ou tel article. Je constate juste qu’il a tapé dans le mille. Ce que je sais, c’est qu’il s’appuie sur son observation des humains sur Twitter pour faire ses choix. Donc sur l’intelligence collective. Ce qui me rassure un peu. Il ne me dit pas ce qui est la qualité, il me dit ce que nous disons de la qualité sans nous en rendre compte. Sauf que depuis quelques semaines, Jeff apprend aussi des autres robots de l’équipage de Flint!

 

flint6Jeff peut aussi apprendre avec vous. Si vous voulez lire sa newsletter, il faut vous abonner ici, sur le site de Flint.

Vous pourrez aussi nous aider à choisir son look. Nous avons confié la création graphique des robots à une jeune artiste de talent, Clémence Perrin (qui est aussi à l’origine du design de Sans A_). Chaque création s’inspire de la personnalité qui se dégage peu à peu des robots, au fil de leur apprentissage et de la ligne éditoriale. La semaine dernière, j’ai donc vu pour la première fois le visage de mon robot Jeff. Un choc. Une étrange forme de joie. Et un premier dilemme, presque philosophique: Clémence lui avait fait une barbe. Mais un robot peut-il, doit-il être sexué? On n’avait jamais songé à cela avant. Vous en pensez quoi?

D’autres robots sont en cours d’entraînement, éduqués par d’autres experts, sur d’autres thématiques comme l’environnement, les villes intelligentes ou… les robots.

 

benoitraphaelBenoît Raphaël est expert en innovation digitale et média, blogueur et entrepreneur.

Il est à l'origine de nombreux médias à succès sur Internet: Le Post.fr (groupe Le Monde), Le Plus de l'Obs, Le Lab d'Europe 1.

Benoît est également cofondateur de Trendsboard et du média robot Flint.

 

Lire aussi : Journal d’un éleveur de robots – Épisode 1

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