
Quantique : QUOBLY veut devenir le NVIDIA européen grâce au silicium
WHY QUANTUM MATTERS, en partenariat avec OVHcloud
Lancée avec le soutien du CEA et du CNRS, Quobly développe un ordinateur quantique basé sur le silicium. Contrairement à d’autres acteurs français comme Alice & Bob (qubits de chat) ou C12 (nanotubes de carbone), la startup grenobloise fait le pari de l’industrialisation rapide.
Avec Fanny Bouton, Quantum Lead & Product Manager chez OVHcloud, et co fondatrice de France Quantum, nous recevons Maud Vinet, CEO de Quobly, afin de présenter l’actualité de la startup et ses avancées. Une émission co produite avec CANALCHAT GRANDIALOGUE
« On utilise des technologies éprouvées de l’industrie, c’est-à-dire qu’on part de puces qu’on transforme en puces quantiques. On fait de la microélectronique quantique », explique Maud Vinet, cofondatrice et CEO de QUOBLY.
Un passage à l’échelle urgent
Les prototypes existent. Les algorithmes quantiques aussi. Mais aucune machine ne permet encore d’exécuter les calculs à grande échelle.
« Le calcul quantique est dans une phase de transition. Il faut qu’on trouve comment passer à l’échelle avec un coût qui soit raisonnable », résume Maud Vinet.
QUOBLY mise sur le circuit intégré quantique, qui permet d’implémenter des algorithmes directement sur la puce. Objectif : miniaturiser, baisser les coûts, accélérer l’industrialisation. Avec une précision revendiquée de 99,999 % de fidélité sur les portes à un qubit, le silicium devient une base crédible.
Une responsabilité industrielle et politique
Alors que les États-Unis injectent des milliards dans le quantique via des fonds comme Playground (financier de PsiQuantum), la France tente de structurer sa filière. Maud Vinet insiste sur l’enjeu de souveraineté.
« L’enjeu, c’est de reprendre un leadership technologique. Pas seulement pour exister, mais pour spécifier les standards et donner une place à l’Europe dans la course mondiale. »
Le soutien est bien réel, selon elle : « On est extrêmement soutenus par nos politiques locaux. Et au niveau national, le Plan Quantique depuis 2021 coordonne l’écosystème, de la recherche aux entreprises. »
Une levée de fonds pour changer d’échelle
QUOBLY prépare actuellement une levée de fonds, nécessaire pour développer sa technologie dans les fabs de la microélectronique, sans avoir à construire ses propres infrastructures.
« Développer une technologie dans ces usines, c’est quelques centaines de millions d’euros. Et là, on a besoin d’avoir cet argent. C’est ce qui nous permet d’accélérer », affirme Maud Vinet.
OVHcloud appelle les industriels à s’engager
Fanny Bouton, responsable du programme quantique chez OVHcloud, salue la dynamique française, tout en alertant sur l’urgence de l’adoption industrielle.
« Tous les problèmes qui vous limitent aujourd’hui, ça vaut le coup d’en discuter avec nous. Si elles ont des clients, si elles ont des choses qui sont faites en R&D, ça leur permettra d’obtenir des investissements plus facilement. »
Elle appelle le CAC 40 à s’impliquer concrètement : « Un milliard d’euros de chiffre d’affaires, c’est un million qui devrait partir en R&D sur le sujet. Ce n’est pas énorme. »
2031 : devenir le NVIDIA du quantique
La feuille de route de QUOBLY est claire : construire une machine avec plusieurs centaines de qubits logiques d’ici 2031.
« En 2031, QUOBLY, ce sera un petit NVIDIA. »
Reste à savoir si l’écosystème européen parviendra à accompagner cette ambition avec la vélocité des fonds américains. En attendant, les cartes sont encore sur la table.