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DTM : pourquoi la consolidation européenne s’accélère autour de la signature électronique

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En réunissant Signaturit et Namirial, deux acteurs clés du Digital Transaction Management (DTM), Bain Capital et PSG Equity signent une opération emblématique du mouvement de consolidation qui s’opère depuis plusieurs années dans le domaine de la signature électronique en Europe. Ce rapprochement donne naissance à un groupe de 1 400 collaborateurs, fort de 240 000 clients, avec une présence affirmée en France, Italie, Espagne et Allemagne. Au-delà de la taille critique atteinte, l’opération reflète un basculement plus large : la signature électronique n’est plus un service périphérique, mais un socle stratégique du numérique européen.

Un marché fragmenté… mais mûr pour l’agrégation

Historiquement, le marché européen du DTM s’est développé de manière éclatée. À l’exception de quelques acteurs transfrontaliers comme DocuSign ou Adobe Sign, la majorité des entreprises présentes sur le marché sont des champions nationaux, bien implantés localement, mais limités dans leur capacité à s’imposer au-delà de leurs frontières. Signaturit, Universign, Yousign, Skribble, Netheos ou encore Vialink ont d’abord construit leur légitimité sur des verticaux ou des marchés locaux, souvent en lien avec des normes spécifiques à chaque État membre.

Avec la mise en œuvre du règlement eIDAS et l’émergence d’un cadre de certification harmonisé (prestataires de services de confiance qualifiés, PVID, eID Wallet), le paysage concurrentiel évolue rapidement. La signature électronique devient une composante structurante des relations contractuelles et administratives dans l’UE, au même titre que l’identité numérique ou la facturation électronique. En un mot : le marché se standardise, et il devient possible, pour ne pas dire nécessaire, d’atteindre une échelle européenne.

Des fonds en ordre de marche

Les fonds de private equity l’ont bien compris, Bain Capital, Ambienta et PSG Equity orchestrent ici un rapprochement stratégique, combinant expertise produit, complémentarité géographique et alignement réglementaire. Max Pellegrini, CEO de Namirial, affirme : « Dans un environnement de plus en plus digitalisé, les exigences de sécurité et de conformité se renforcent. Les solutions DTM sont devenues indispensables. »

Ce mouvement de consolidation s’observe également chez d’autres acteurs : Universign a été absorbée par Signaturit, tout comme Vialink. De son côté, Yousign a levé plus de 30 millions d’euros pour accélérer sa croissance européenne. Ce modèle de « build-up logiciel », piloté par des fonds spécialisés, repose sur une stratégie  d’agrégation des briques technologiques et des bases clients pour constituer un guichet unique, capable de rivaliser avec les géants américains.

Une logique industrielle, pas seulement financière

Le DTM ne se limite pas à la signature électronique. Il englobe l’ensemble du cycle de vie des transactions digitales : onboarding, vérification d’identité, KYC, horodatage, archivage, facturation. Le rapprochement entre Namirial et Signaturit illustre cette extension du périmètre fonctionnel. Signaturit a multiplié par dix son ARR depuis 2020, élargissant son offre bien au-delà de la signature. Namirial, pour sa part, est déjà présente dans 85 pays et fournit des services d’archivage qualifié et de facturation électronique.

Pierre Feligioni, CEO de Signaturit, résume l’enjeu : « Ensemble, nous avons une formidable opportunité d’innovation et d’expansion à l’international. » La plateforme ainsi constituée vise à répondre aux besoins croissants des grandes entreprises européennes, qui cherchent à fiabiliser et simplifier leurs processus dans un cadre réglementaire unifié.

Vers une souveraineté numérique par le produit

La dynamique en cours dans le DTM reflète une ambition plus large, celle de bâtir des champions européens du numérique, alignés sur les exigences de souveraineté, de conformité et de sécurité. Ce n’est pas un hasard si les actionnaires mettent en avant leur volonté de « façonner l’avenir des transactions numériques » (Giancarlo Beraudo, Ambienta) ou d’« investir dans les technologies numériques de confiance » (Giovanni Camera, Bain Capital).

 

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