
Des ex-Palantir lèvent 3,6 millions d’euros pour automatiser le dépôt de brevets avec l’IA
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Elles ont choisi Londres comme base, mais c’est avec un ADN technologique franco-européen et des capitaux français qu’elles lancent leur projet. Tamar Gomez et Wiem Gharbi, anciennes stratèges déploiement chez Palantir, annoncent le lancement d’Ankar AI, une startup spécialisée dans l’automatisation des procédures de dépôt de brevet. En s’appuyant sur des modèles d’intelligence artificielle, la plateforme vise à réduire drastiquement le temps nécessaire à la rédaction, l’analyse et la validation des brevets pour les équipes R&D.
Dans les grands groupes technologiques et industriels, la protection de la propriété intellectuelle repose encore sur un processus long, morcelé et très manuel. Chaque invention doit d’abord être formalisée par un mémo technique de plusieurs dizaines de pages, souvent rédigé par les chercheurs eux-mêmes, puis relu, reformulé et validé par des juristes spécialisés. Cette chaîne complexe ralentit la valorisation de l’innovation, au risque de décourager certains inventeurs ou de retarder les dépôts critiques. C’est à ce problème systémique qu’Ankar AI entend répondre.
L’outil développé par la startup propose une couverture intégrale du cycle de dépôt. Il génère automatiquement le mémo technique à partir des éléments fournis par les inventeurs, compare l’invention aux bases de brevets et à la littérature scientifique existante, reformule les éléments critiques pour garantir l’originalité du dépôt, et peut même assister les juristes dans la rédaction finale de la demande. Une fois le brevet validé, Ankar AI continue d’intervenir en détectant d’éventuelles violations ou doublons grâce à des outils de surveillance algorithmique.
L’approche séduit déjà plusieurs groupes internationaux. Valeo, parmi les premiers clients d’Ankar, utilise la solution pour accélérer le dépôt de brevets dans ses programmes R&D. D’autres entreprises du Fortune 500 ont également commencé à tester la plateforme dans des secteurs à forte intensité technologique, comme l’aéronautique, la chimie ou la santé. Le modèle économique repose sur un abonnement annuel, avec des déclinaisons selon la taille des équipes juridiques et le volume de dépôts.
Ankar AI rejoint un marché naissant mais stratégique, celui de l’IA appliquée à la propriété intellectuelle. Aux États-Unis, des acteurs comme DeepIP, soutenu par Balderton, occupent déjà le terrain. La jeune pousse franco-britannique revendique une différenciation par l’intégration complète du parcours de dépôt et une meilleure adaptabilité aux exigences régionales. Si la base technologique est commune, les subtilités réglementaires entre les offices américains, européens ou asiatiques exigent une ingénierie spécifique que la startup a commencé à intégrer dès la conception.
Avec cette levée de fonds de 3 millions de livres sterling, soit environ 3,6 millions d’euros, Ankar entend renforcer son équipe d’ingénierie, accélérer le développement de son produit, structurer sa force commerciale et ouvrir un bureau à Paris. Le tour de table a été mené par Index Ventures, avec la participation des fonds français Daphni, Motier Ventures, ainsi que des fonds allemands Booom et Puzzle Ventures. Des investisseurs individuels reconnus dans l’écosystème tech, comme Olivier Pomel (CEO de Datadog) et Julien Chaumond (CTO de Hugging Face), complètent le tour.