
L’IA ne fait pas (encore) la loi, mais elle relit chaque ligne de vos contrats. Definely lève 26,2 millions d’euros avec REVAIA
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La vague d’outils juridiques dopés à l’intelligence artificielle commence à transformer toutes les couches du droit. Rédaction d’actes automatisée, synthèse de décisions de justice, copilotes pour avocats d’affaires, conformité embarquée , ainsi chaque segment, du contentieux à la compliance, est en cours d’optimisation. Mais c’est sur la brique contractuelle que l’IA opère l’une de ses percées les plus concrètes. En ligne de mire, le gain de temps, la rigueur, et la réduction des risques.
C’est précisément le terrain qu’a choisi d’occuper Definely, une startup britannique fondée par Nnamdi Emelifeonwu et Feargus MacDaeid en 2017, qui vient de lever 26,2 millions d’euros pour déployer ses technologies à l’échelle internationale. Sa spécialité est l’assistance à la lecture, la révision et la structuration de contrats complexes, directement au sein des outils utilisés par les juristes, sans rupture de workflow.
Plutôt que de prétendre réinventer la pratique juridique, Definely propose de renforcer l’existant. Sa solution s’intègre à Microsoft Word et permet aux juristes de naviguer dans un contrat avec une vision instantanée des définitions, des références croisées, des incohérences et des clauses sensibles. Chaque élément devient cliquable, contextualisé, vérifiable et cela sans quitter l’interface.
« Nous sommes profondément engagés dans la création de produits centrés sur l’humain. Nous utilisons l’intelligence artificielle générative uniquement lorsque cela résout des problèmes concrets que les avocats rencontrent aujourd’hui », affirme Nnamdi Emelifeonwu, cofondateur et CEO. Ancien avocat chez Freshfields, il connaît de première main les contraintes du travail contractuel dans les grands cabinets.
Definely a récemment lancé Enhance, un produit “agentique” doté d’une capacité d’analyse autonome. Ce nouvel outil va au-delà de la simple suggestion et peut proposer des reformulations, résumer des clauses, ou alerter sur une rupture de logique, en fonction du contexte global du contrat. L’IA agit comme un copilote juridique, toujours sous la supervision du professionnel.
Un marché en structuration, une concurrence stratégique
Le marché de l’IA contractuelle se structure rapidement. Selon Gartner, plus de 50 % des services juridiques internes adopteront des outils basés sur l’IA d’ici 2026. Les volumes croissants de contrats, la complexité réglementaire et la pression pour industrialiser les fonctions juridiques alimentent une demande forte en technologies verticales.
Plusieurs concurrents se disputent ce segment :
- Luminance (UK) cible les audits et les due diligence avec des algorithmes de lecture non supervisée, mais reste moins intégré au quotidien des juristes.
- Juro (UK) propose une gestion collaborative de contrats, mais s’adresse davantage aux scale-ups qu’aux grands groupes ou cabinets.
- Ironclad (US), valorisé plus d’un milliard de dollars, offre une suite CLM complète, puissante mais plus complexe à déployer.
- Harvey AI (US), soutenu par OpenAI, se concentre davantage sur la recherche juridique et le contentieux que sur les contrats.
Ce qui distingue Definely est sa focalisation sur le contrat comme objet central, son intégration native dans Word, son adoption par des cabinets notoires, et une stratégie de croissance capital-efficient. L’enjeu pour la startup est de tenir cette position tout en élargissant l’offre vers des fonctionnalités de simulation de risque, de scoring de clauses ou d’intégration aux CRM/ERP.
La société revendique plus de 100 clients à travers le monde, parmi lesquels BT Group, Deloitte, P&O Cruises, ainsi que les cabinets DLA Piper, Slaughter and May, A&O Shearman ou Dentons.
Pour accompagner cette croissance, Definely compte 84 salariés, et devrait dépasser les 100 collaborateurs d’ici fin 2025. L’objectif est désormais d’accélérer la feuille de route IA, de renforcer la distribution entreprise, et de consolider sa présence outre-Atlantique.
Pour ce faire, Definely a levé 30 millions de dollars (soit environ 26,2 millions d’euros) en série B. Le tour de table a été mené par le fonds d’investissement Revaia, avec la participation d’Alumni Ventures, Beacon Capital, Clio, Octopus Ventures, The Raine Group, Zrosk Investment Management et Cornerstone VC. Cette levée porte le montant total levé depuis la création à 40 millions de dollars (environ 35 millions d’euros).