Marc Simoncini, pionnier de l’internet français et investisseur du numérique
Né à Marseille en mars 1963, Marc Simoncini appartient à la première génération d’entrepreneurs qui ont façonné l’internet français. Issu d’un milieu d’ingénieurs, il découvre tardivement sa vocation pour l’informatique après un parcours scolaire chaotique, décrochant un diplôme de SUPINFO en 1984. Cette formation technique, couplée à un tempérament autodidacte, le conduit rapidement à créer sa première société, CTB, spécialisée dans les services Minitel rose. L’entreprise est liquidée, mais cette première expérience façonne son approche pragmatique de l’entrepreneuriat et sa tolérance au risque.
Dans les années 1990, il fonde Opsion Innovation, une SSII dédiée aux systèmes UNIX, où il croise la route de Xavier Niel, alors client. En 1998, il crée iFrance, l’un des premiers portails communautaires francophones, soutenu par Viventures. Deux ans plus tard, au cœur de la bulle internet, il revend iFrance à Vivendi pour 45 millions d’euros et un million d’actions du groupe. Ce succès, emblématique de la première vague de créations et d’exits français du web, consacre Marc Simoncini comme l’un des pionniers de l’internet tricolore.
En 2001, il lance Meetic, plateforme de rencontres en ligne qui s’impose rapidement comme leader européen, jusqu’à son introduction en bourse en 2005. L’entreprise atteint alors une valorisation de plus de 500 millions d’euros, avant que Simoncini ne cède progressivement ses parts à Match.com à partir de 2011. Ce parcours symbolise la transition du web artisanal des débuts à un modèle structuré, internationalisé et rentable.
À partir de 2009, il se tourne vers l’investissement à travers Jaïna Capital, son fonds dédié aux modèles innovants du numérique. Il soutient des sociétés comme Made.com, Winamax, Zilok, Ouicar, ou encore Ifeelgoods, incarnant un capitalisme entrepreneurial qui valorise la prise de risque et la transmission d’expérience. En 2019, Jaïna fusionne avec Daphni, marquant l’intégration du fonds dans un écosystème plus large du venture français.
Marc Simoncini s’essaie ensuite à l’économie réelle, lançant Sensee en 2011, une marque d’optique en ligne visant à rendre les lunettes plus accessibles, puis Angell en 2019, un vélo électrique haut de gamme produit en partenariat avec Seb. Malgré des débuts prometteurs, l’aventure Angell connaît un revers industriel en 2024, contraignant la société à la cessation de paiement l’année suivante. Ces expériences traduisent une volonté constante d’ancrer l’innovation dans des chaînes de valeur industrielles françaises.
Engagé dans la formation et la transmission, il cofonde en 2011 avec Xavier Niel et Jacques-Antoine Granjon l’École européenne des métiers de l’internet (EEMI). Il soutient également le concours #101projets, destiné à financer les jeunes créateurs d’entreprise, et participe à la création de l’Albert School en 2022. Parallèlement, il siège au Conseil national du numérique, publie une autobiographie (Une vie choisie, 2018), et devient juré de l’émission « Qui veut être mon associé ? » sur M6, où il incarne la figure d’un mentor exigeant et direct.
Fortune estimée à 500 millions d’euros par Challenges en 2023, Marc Simoncini incarne une génération d’entrepreneurs passés du web pionnier à la construction d’un écosystème mature du capital-risque. Son parcours, oscillant entre réussites éclatantes et échecs assumés, illustre une constante : la conviction que l’entrepreneuriat reste un acte d’expérimentation, de transmission et d’engagement collectif.