
Andrew Tulloch, l’ingénieur qui valait 1,5 milliard de dollars, rejoint Meta
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La guerre mondiale des talents en IA atteint un nouveau seuil avec Meta qui vient d’attirer l’un des ingénieurs les plus convoités de la Silicon Valley, en la personne d’Andrew Tulloch, cofondateur de la startup Thinking Machines Lab, fondée avec Mira Murati (ex-CTO d’OpenAI). Ce dernier quitte donc l’entreprise pour rejoindre Meta Platforms, et selon le Wall Street Journal, sa rémunération totale pourrait atteindre 1,3 milliard d’euros sur six ans, incluant salaires, primes et stock-options.
Cette embauche illustre la stratégie offensive de Mark Zuckerberg, déterminé à combler le retard de Meta face à OpenAI, Anthropic et Google DeepMind. D’après plusieurs sources, le PDG de Meta avait d’abord tenté de racheter Thinking Machines Lab, avant d’approcher individuellement plusieurs de ses ingénieurs. Tulloch figurait parmi la douzaine de profils sollicités personnellement par Zuckerberg.
L’opération intervient alors que le marché mondial des talents en IA atteint des niveaux de valorisation inédits. Le PDG d’OpenAI, Sam Altman, a confirmé plus tôt cette année que Meta avait proposé jusqu’à 85 millions d’euros de primes à certains chercheurs seniors pour les débaucher. L’entreprise, longtemps perçue comme suiveuse sur le plan scientifique, consacre désormais une part croissante de ses investissements au renforcement de ses équipes, et non plus seulement à la puissance de calcul.
En juin 2025, Meta avait déjà racheté 50 % de Scale AI pour 12,1 milliards €, principalement pour s’attacher les services de son fondateur Alexandr Wang, désormais à la tête de Meta Superintelligence Labs. Cette nouvelle division concentre les efforts du groupe pour concevoir des architectures d’intelligence artificielle générale (AGI). En parallèle, Meta a réussi à recruter onze ingénieurs de haut niveau issus d’OpenAI, d’Anthropic et de Google.
Pour Thinking Machines Lab, le départ de Tulloch représente un revers symbolique. L’entreprise, encore jeune, avait attiré l’attention en réunissant une équipe issue d’OpenAI et de DeepMind autour de modèles hybrides mêlant architecture neuronale et logique formelle.
Andrew Tulloch : du prodige australien à l’élite mondiale de l’IA
Andrew Tulloch s’est imposé comme l’un des ingénieurs les plus brillants de sa génération. Diplômé de l’Université de Sydney avec les plus hautes distinctions (University Medal, Joye Prize), il s’est spécialisé en mathématiques appliquées et en modèles d’intensité pour le risque de crédit. En 2007, il représentait déjà l’Australie à l’Olympiade internationale de chimie, décrochant une médaille d’argent mondiale.
Après un passage chez Goldman Sachs à Sydney, où il a appliqué le machine learning à la microstructure de marché, il rejoint Facebook en 2012. Il y développe avec Ralf Herbrich l’un des premiers systèmes d’apprentissage distribué du groupe, capable d’analyser des milliards d’impressions publicitaires quotidiennes et de prédire les taux de clics en temps réel.
En 2014, Tulloch poursuit ses études à l’Université de Cambridge, au sein de Trinity College, où il obtient un Master of Mathematical Statistics (Part III of the Mathematical Tripos) avec distinction et le prix du collège pour l’excellence académique.
Entre 2023 et 2024, il rejoint OpenAI comme Member of Technical Staff, participant à l’entraînement de GPT-4o et GPT-4.5, et contribuant à la conception des modules de raisonnement de la série o-series. En janvier 2025, il cofonde Thinking Machines Lab avec Mira Murati, avant d’être recruté dix mois plus tard par Meta Platforms.
Thinking Machines Lab : l’ombre portée d’un futur rival
Fondée début 2025 à San Francisco, Thinking Machines Lab développe des architectures d’intelligence artificielle généraliste combinant apprentissage profond et raisonnement symbolique. L’entreprise avait levé des fonds auprès d’investisseurs privés américains et asiatiques, sans communication publique sur sa valorisation. Son ambition : dépasser la simple imitation du langage pour construire des modèles capables d’auto-amélioration.
Le départ de Tulloch fragilise toutefois la jeune société, encore en phase de R&D, à un moment où les investisseurs scrutent la viabilité des laboratoires indépendants face à la consolidation accélérée du secteur.