
Des insectes pilotés par IA pour les missions critiques, SWARM Biotactics lève 10 millions d’euros
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Avec ses essaims de blattes connectées, SWARM Biotactics entend faire des insectes vivants les relais d’intelligence en environnement dénié. Cetete promesse, à la croisée de la biologie et de la robotique, vient de séduire plusieurs investisseurs internationaux, qui injectent 10 millions d’euros en seed pour passer du laboratoire au terrain.
Quand le vivant devient robot
Fondée en 2024 à Kassel, la startup allemande SWARM Biotactics développe une technologie de bio-robotique où des insectes, principalement des blattes, sont équipés de micro-interfaces leur permettant d’être guidés à distance, de collecter des données, et de communiquer avec leur opérateur. Ces « backpacks » miniatures intègrent des capteurs, des modules de communication sécurisée, et de l’intelligence artificielle embarquée pour assurer une navigation autonome dans des environnements extrêmes.
À rebours des dogmes de la robotique classique, la startup mise sur les propriétés intrinsèques du vivant , à savoir la robustesse, la capacité à évoluer dans des environnements complexes, le coût marginal de production, et le camouflage naturel.
En s’appuyant sur le vivant plutôt que sur des agents entièrement artificiels, SWARM Biotactics interroge la frontière entre nature et technologie. Là où les robots tentent de reproduire les fonctions biologiques, la startup fait le pari inverse en augmentant le vivant en lui greffant de l’autonomie programmable. Une approche qui épouse les contraintes du terrain plutôt que de chercher à les dominer, et qui place l’organique au service de l’algorithmique dans une logique de résilience distribuée.
Un positionnement dual-use assumé
L’entreprise cible en priorité les secteurs de la défense, de la sécurité civile, et de l’inspection industrielle, avec un positionnement clair sur les usages duals (civils et militaires). Elle prévoit de collaborer avec des agences gouvernementales européennes et nord-américaines pour des déploiements pilotes sur le terrain, en particulier dans les contextes de catastrophes naturelles, de zones de guerre électronique, ou de reconnaissance en milieu urbain effondré.
Parmi les cas d’usage envisagés : reconnaissance en milieu miné ou contaminé, soutien à des opérations de leurre tactique, relais de guerre électronique, ou encore cartographie urbaine discrète à l’aide d’essaims neuro-dirigés. L’objectif est de permettre l’emploi massif d’unités autonomes, capables d’agir en essaim tout en restant suffisamment bon marché pour être considérées comme « perdables ». Une logique d’attributabilité opérationnelle qui s’inscrit dans les doctrines émergentes de projection sous contrainte.
L’architecture envisagée par SWARM Biotactics prévoit une double chaîne de commandement au moyen d’une interface décentralisée sur le terrain permettant aux opérateurs d’assigner des missions localisées à l’unité, et d’un contrôle stratégique orchestré depuis un poste central, capable de piloter des groupes entiers sur la base de scénarios planifiés. Ce modèle d’intelligence en essaim autorise des interactions complexes entre agents, sans recourir à une automatisation intégrale des décisions critiques.
Du deep tech à la doctrine opérationnelle
SWARM Biotactics prévoit d’utiliser les fonds levés pour :
- industrialiser ses capteurs et interfaces neuronales ;
- établir des hubs d’ingénierie et de commercialisation en Europe et aux États-Unis ;
- recruter des experts en neurobiologie, robotique de terrain et systèmes embarqués ;
- et surtout, lancer les premiers démonstrateurs opérationnels avec des partenaires stratégiques du secteur public.
L’approche s’inspire des modèles doctrinaux développés aux États-Unis dans le cadre de programmes comme Replicator, misant sur des essaims de robots hétérogènes et complémentaires, opérant en périphérie des unités humaines, dans une logique de cercle concentrique de capacités : ISR, guerre électronique, leurre, logistique, neutralisation, etc. L’interopérabilité est un défi majeur, tout comme la sécurisation des communications : la cybersécurité est pensée dès la conception (« security by architecture ») afin d’éviter toute captation ou altération en environnement brouillé.
Ce type de système impose aussi une nouvelle culture opérationnelle afin de libérer les opérateurs de la peur de « perdre le matériel », et assumer la déperdition comme partie intégrante de la stratégie. Ce pour quoi il est nécessaire de faire émerger une doctrine où la masse, l’attributabilité et l’agilité priment sur la sophistication unitaire.
Une levée stratégique pour une catégorie émergente
Ce tour de table de 10 millions d’euros a été mené par VERTEX VENTURES US et POSSIBLE VENTURES, avec la participation du fonds allemand CAPNAMIC. Plusieurs investisseurs historiques ont également renforcé leur position. Cette levée porte le financement total de la société à 13 millions d’euros, incluant un pré-seed de 3 millions d’euros.
SWARM Biotactics a été fondée en 2024 par STEFAN WILHELM (CEO) et MORITZ STRUBE (CTO). La société est basée à KASSEL, ALLEMAGNE, avec une filiale à SAN FRANCISCO.n
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