E-santé: l’efficacité de l’intelligence artificielle mise à rude épreuve par le coronavirus
En cette période de propagation du nouveau coronavirus à l‘échelle mondiale, les entreprises technologiques spécialisées dans la santé ont une carte à jouer. Et pourtant, ce n’est pas si simple que ça…
Les outils de diagnostic basés sur l’intelligence artificielle pourraient en effet être utilisés pour aider à évaluer si quelqu’un est atteint du Covid-19 et permettre de désengorger les salles d’attente et les urgences mais certaines entreprises de santé numérique qui fabriquent de tels outils se montrent réticentes à l’idée de mettre à jour leurs algorithmes afin de détecter les personnes infectées par le coronavirus. Cette hésitation souligne à la fois le peu de connaissances sur la propagation de Covid-19 et les limites plus larges des technologies de soins de santé commercialisées face à de nouvelles maladies à propagation rapide.
Un manque de données sur le Covid-19
Certaines entreprises affirment notamment ne pas disposer de suffisamment de données sur le nouveau virus pour mettre à jour leurs produits. L’application de vérification des symptômes basée à Londres, Your.MD, a récemment ajouté un bouton «vérificateur de coronavirus» qui mène à une série de questions sur les symptômes mais il est seulement basé sur un arbre de décision simple. La société a déclaré qu’elle ne mettrait pas à jour sa technologie plus sophistiquée basée sur l’apprentissage automatique. Les données sont en effet le facteur clé et elles sont encore trop difficiles à rassembler.
Le Royaume-Uni a énormément défendu ces outils de soins de santé automatisés ces dernières années. Son système de santé public (NHS) financé par l’État a notamment encouragé un certain nombre de chatbots en les commercialisant auprès des patients dans les cabinets de médecins. Ces chatbots sont considérés comme un moyen rentable de trier les cas et de fournir des conseils médicaux à bas prix pour les maladies classiques.
Mais récemment, le NHS a ordonné à ces partenaires de demander aux patients d’appeler directement la ligne nationale de conseils en matière de soins de santé du Royaume-Uni s’ils pensent avoir contracté le virus plutôt que d’utiliser un chatbot. La société de santé numérique Babylon Healthcare Services a par exemple recommandé à ses utilisateurs d’appeler la hotline « 111 » du NHS s’ils ont de la toux ou de la fièvre et ont récemment voyagé dans une région où des incidents d’infection au coronavirus ont été signalés plutôt que d’utiliser son chatbot dont elle a d’ailleurs suspendu la mise à jour.
Une détection plus rapide grâce à l’IA
Cependant, le média chinois Sina Tech a annoncé qu’Alibaba avait mis au point un nouveau modèle de diagnostic du Covid-19 grâce justement à l’intelligence artificielle. Développé par l’institut de recherche d’Alibaba, l’algorithme permettrait de détecter une personne atteinte de Covid-19 avec un taux de précision de 96% à partir d’images de scanner permettant de différencier une pneumonie virale classique du coronavirus en 20 secondes. Les chercheurs se seraient basés sur un échantillon de 5 000 cas confirmés pour créer ce modèle. L’information n’a cependant pas encore été confirmée par Alibaba.
Mais cette technique se rapproche du nouveau logiciel, développé par la start-up chinoise Infervision, qui peut détecter les signes cliniques du Covid-19 sur la base d’un scanner thoracique. L’atout est que ce logiciel détecte plus rapidement qu’un humain les signes de la pathologie, et permet une accélération de la prise en charge des patients réellement atteints et de trier ceux qui ne sont finalement pas infectés. Infervision affirme que son logiciel est déployé dans 34 hôpitaux en Chine et a été utilisé pour plus de 32 000 cas jusqu’à présent. Mais ce logiciel n’a pas encore été officiellement validé par la National Medical Product Administration, l’autorité réglementaire chinoise pour les médicaments.
Jusqu’à présent, l’intelligence artificielle semble pouvoir être utilisée pour identifier les personnes atteintes du coronavirus une fois qu’elles ont passé un scanner. Il est encore cependant difficile de déceler la maladie sans cet examen médical et seulement à partir des symptômes, ce qui ne permet donc pas de résoudre la problématique des engorgements des hôpitaux et des risques de propagation qui y sont liés.
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