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Lever des fonds, le parcours du combattant des femmes entrepreneures

AFP

« Je ne dis pas qu’il faut faire des cadeaux aux femmes, je dis simplement qu’elles n’ont pas accès au même nombre de transactions », résume l’entrepreneuse Lauren Foundos, après des années d’expérience et de rendez-vous avec des investisseurs pour financer sa start-up, Fortë. Lever des fonds pour une jeune pousse tient souvent à la confiance que son fondateur inspire aux financiers. Or les fondatrices en inspirent visiblement beaucoup moins, d’après Lauren Foundos et d’autres femmes interviewées par l’AFP. « Parfois, avant même que je présente mon projet, ils me demandaient si j’étais prête à laisser la place de patron à quelqu’un d’autre », raconte-t-elle.

Cette New-Yorkaise a toujours excellé à tout ce qu’elle a tenté, du hockey sur gazon à l’université aux marchés de Wall Street, où elle était courtière en bourse, jusqu’à la création en 2015 de Fortë, une plateforme de cours de gym en ligne qui a décollé pendant la pandémie. Elle est habituée à ce que le chemin soit plus ardu en tant que femme, mais les entretiens avec les fonds de capital-risque, « c’était un autre niveau », constate-t-elle.

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Régulièrement, les investisseurs parlaient d’elle à la troisième personne, comme si elle n’était pas là, pour se demander si elle tiendrait le coup émotionnellement et qui s’occuperait des finances. « Quand ça arrive, je leur dis que je suis là. Et que je suis la personne responsable des finances. J’ai travaillé dans de grandes banques pendant 10 ans. » Aux États-Unis, un pourcentage très faible des sommes investies dans des start-up vont à des sociétés fondées par des femmes, d’après Allyson Kapin, associée du W Fund, un fonds qui privilégie les dirigeantes.

Harcèlement contre financement

Elle explique que les apports aux dirigeantes de start-up ont plongé en 2020, qui a pourtant été une année record pour les financements par les fonds de capital-risque. Et surtout elle s’indigne de ce manque de clairvoyance, alors que ces entreprises délivrent de meilleurs retours sur investissement selon ses données: « Ce n’est pas une question d’altruisme ou de charité… Il est question de gagner plein de fric ! ». Lauren Foundos a récolté plus de 8 millions de dollars en tout, ces dernières années. Elle est en train de conclure sa quatrième levée de fonds, de loin la plus rapide et la plus fructueuse, après des mois de pandémie qui ont fait exploser la demande pour les cours de sport à distance.

Lors des entretiens, elle amène avec elle son « bras droit », un associé à l’accent britannique, très prisé aux Etats-Unis, pour améliorer ses chances de succès. Souvent, elle demande aux hommes de l’autre côté de la table s’ils ont déjà investi dans des sociétés dirigées par des femmes. La réponse est toujours « non ». Parfois, c’est pire. Selon une étude récente de l’association Women Who Tech (« les femmes qui font de la tech »), les propositions de relations sexuelles en échange de financements ou de présentation à des contacts sont monnaie courante pour les fondatrices de jeunes pousses. Quelque 44% des dirigeantes interviewées ont mentionné du harcèlement pendant le processus des levées de fonds, comme des allusions sexuelles ou des contacts physiques non voulus.

«Ce n’est pas représentatif du monde dans lequel on vit»

Le circuit officieux qui relie les entrepreneurs aux fonds de capital-risque est principalement ouvert aux hommes blancs issus d’universités prestigieuses comme Stanford dans la Silicon Valley, selon Allyson Kapin et d’autres. « Ce n’est pas représentatif du monde dans lequel on vit et c’est problématique parce que vous essayez de résoudre des problèmes mondiaux à travers le prisme d’une poignée de personnes – essentiellement des hommes blancs », analyse-t-elle. Les femmes non blanches ont ainsi encore plus de mal à obtenir l’argent nécessaire.

Fonta Gilliam a travaillé à l’étranger pour le gouvernement américain, avec des institutions financières, avant de créer la start-up Invest Sou Sou, spécialisée dans la banque sociale. Inspirée par les villages africains qui mettent leurs économies en commun, cette entrepreneuse afro-américaine a créé une application mobile gratuite qui reprend cette idée, en ajoutant de l’intelligence artificielle. Elle a démontré avec un prototype la capacité du concept à générer des revenus, mais a tout de même eu l’impression de se heurter à un mur.

« Nous devons toujours sur-performer et sur-compenser », constate-t-elle. « Les hommes sont crus sur parole alors que nous devons prouver les choses dix fois. » Certains investisseurs lui ont offert des valorisations tellement insultantes qu’elle a quitté des rendez-vous. « On avance à la force du poignet, mais je pense que ça finira par payer », raconte-t-elle. « Le truc avec les start-up de femmes noires, c’est que la barre est tellement haute pour obtenir du soutien que les entreprises sont généralement plus solides, plus résistantes ».

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