Ubisoft en quête de stabilité : comment répondre aux attentes financières sans perdre son âme?
Ubisoft traverse une période complexe marquée par d’importantes pressions financières et sociales. Face à des résultats décevants et à des tensions internes, l’entreprise cherche à maintenir un équilibre délicat entre rentabilité et innovation, dans un secteur où la créativité est fondamentale.
Des résultats financiers en déclin et un plan de réduction des coûts
Pour le deuxième trimestre de l’exercice 2024-2025, Ubisoft a enregistré une baisse de 36 % de ses réservations nettes (« net bookings ») par rapport à l’année précédente, atteignant 352,3 millions d’euros. Cette contre-performance a conduit l’entreprise à réviser ses prévisions pour le trimestre suivant, avec une estimation de 380 millions d’euros, contre 626 millions pour le troisième trimestre de l’année précédente. Pour stabiliser sa situation financière, Ubisoft a instauré un plan de réduction des coûts de 200 millions d’euros, incluant des restructurations et la rationalisation de certains projets.
Les « net bookings » représentent les revenus générés par les ventes de produits et services numériques, ainsi que par les préventes. Ils englobent toutes les transactions réalisées par les clients au cours d’une période donnée, qu’il s’agisse de jeux déjà sortis ou en précommande.
Dans ce contexte, Ubisoft mise sur ses franchises phares, telles qu’Assassin’s Creed et Rainbow Six, pour garantir des revenus stables. Cette stratégie, bien qu’efficace à court terme, comporte le risque d’une dépendance accrue à des licences existantes, au détriment de l’innovation.
Un climat social tendu et des tensions internes
À ces difficultés financières s’ajoute un climat social tendu. En octobre 2024, plus de 700 employés en France se sont mis en grève pour protester contre la politique de retour en présentiel. Ce mouvement, rare dans l’industrie du jeu vidéo, révèle un malaise grandissant parmi les équipes face à certaines décisions managériales.
Pressions des actionnaires et rumeurs de rachat par Tencent
La situation d’Ubisoft attire également l’attention des investisseurs et des actionnaires. Le fonds AJ Investments, actionnaire minoritaire, a exprimé son mécontentement vis-à-vis de la stratégie actuelle, appelant à des réformes pour améliorer les performances de l’entreprise. Par ailleurs, des rumeurs de rachat par Tencent circulent depuis octobre, alimentant les spéculations sur l’avenir de l’éditeur. Le géant chinois, déjà détenteur de 10 % du capital d’Ubisoft, pourrait envisager de renforcer sa participation en collaboration avec la famille fondatrice Guillemot, une alliance qui pourrait redéfinir le contrôle de l’entreprise.