
Quand le micro devient un dealflow, OVNI Capital et le modèle media-led
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60 millions d’euros levés. Un portefeuille de dix startups deeptech. Et un micro tendu, non pas vers le prochain pitch, mais vers les fondateurs eux-mêmes. OVNI Capital n’est pas un fonds comme les autres. Dès ses débuts, la société de gestion fondée par Augustin Sayer, Arnaud Laurent et Thomas Renaudin fait un pari, pour capter les meilleures opportunités en seed deeptech, il ne suffit plus de cocher les cases classiques du VC. Il faut créer une plateforme. Construire une audience. Ouvrir un canal de dialogue permanent avec celles et ceux qui inventent, souvent loin des radars, les briques technologiques de demain.
Alors OVNI Capital devient un fonds media-led. Avec Matthieu Stefani (GDIY) à la manœuvre, le fonds fait le choix de produire du contenu avant même d’annoncer ses premiers tickets. Le podcast comme outil de sourcing, la newsletter comme caisse de résonance, les événements comme lieu de friction créative, le capital devient conversation.
Cette stratégie évoque un parallèle de plus en plus cité dans l’univers du venture, le cas de Harry Stebbings et son fonds 20VC. Lancé en 2020 avec à peine 8,3 millions de dollars, 20VC s’est d’abord positionné comme un micro-fonds adossé à un podcast. Un simple dérivé de contenu, pensait-on au départ. Aujourd’hui, la plateforme cumule des dizaines de millions de vues sur TikTok et YouTube, accueille des personnalités comme Sam Altman ou Marc Benioff, et permet à Stebbings d’accéder à des deals de premier plan. « Le média a vraiment aidé », reconnaît-il lui-même. Ce n’est pas son bagage technique qui ouvre les portes, mais la capacité à créer une relation d’influence avec les fondateurs.
OVNI Capital s’inscrit dans une logique voisine, mais en y injectant une profondeur technologique et une culture européenne du seed. Pour Augustin Sayer, cette approche répond à une réalité, en deeptech, le storytelling est souvent un frein, alors qu’il devrait être un accélérateur. Le fonds entend donc donner de la voix à des profils souvent sous-médiatisés (ingénieurs, chercheurs, fondateurs de produits complexes) et documenter leur trajectoire pour renforcer leur attractivité.
Le fonds revendique soutenir des projets à rupture technologique forte dans des secteurs jugés critiques, et les accompagner dès l’amorçage vers une présence internationale. Sur ses dix premiers investissements, 80 % ont déjà intégré un fonds étranger au capital.
L’arrivée de Marie Outtier, ex-cofondatrice d’Aiden.ai (rachetée par Twitter), renforce cette ambition. Après avoir opéré chez First Minute Capital, elle rejoint OVNI comme General Partner pour structurer le dealflow international et développer la dimension produit du fonds. « J’ai choisi OVNI pour son approche unique qui combine l’exigence technologique, la dimension internationale et la conviction que les prochains champions tech européens émergeront d’écosystèmes diversifiés« , explique-t-elle.
Avec le soutien de Bpifrance, PwC et GSMC, OVNI structure sa présence dans le temps long. Un tiers du fonds servira à suivre les participations les plus prometteuses au-delà du seed. L’autre partie sera utilisée pour continuer à investir tôt, mais avec un avantage décisif, un micro tendu avant les autres.
Dans un écosystème où les LPs attendent de la visibilité, où les founders cherchent des partenaires capables de les rendre lisibles très vite, et où la compétition pour les meilleurs dossiers s’intensifie, OVNI Capital expérimente une autre façon de faire du VC, plus ouverte, plus distribuée, plus narrative.
Depuis son lancement, OVNI Capital a constitué un portefeuille de dix startups qui traduisent concrètement sa thèse : s’engager tôt aux côtés de fondateurs porteurs de ruptures technologiques dans des secteurs d’importance critique. On y retrouve Axeptio, acteur déjà bien implanté dans la mise en conformité RGPD, avec sa solution de gestion du consentement déployée sur plus de 75 000 sites. Dans le domaine médical, Resolve Stroke développe un outil de diagnostic ultra-rapide des AVC grâce à l’IA, tandis que Bacta et Spaictra explorent les nouvelles frontières de la biotech, avec des applications allant des matériaux synthétiques à la thérapie cellulaire.
La verticalisation industrielle est également présente, à travers Trout Software, positionnée sur la cybersécurité des infrastructures critiques (OT), ou encore Epyr, qui propose des solutions de stockage thermique à haute efficacité pour l’industrie lourde. La transition énergétique et la résilience des chaînes d’approvisionnement ne sont pas en reste avec Lithosquare, qui mobilise l’IA pour l’exploration minière responsable, et NcodiN, dont la technologie de semi-conducteurs ultra-rapides entend bousculer les standards du calcul haute performance.
Enfin, Tranched.fi expérimente la tokenisation des prêts via une plateforme de titrisation blockchain, et MokN développe des protocoles avancés pour lutter contre l’usurpation d’identité numérique.