
DeepSeek, Doubao, PsychSnail, l’intelligence artificielle au secours de la santé mentale en Chine
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En Chine, l’intelligence artificielle s’impose comme une nouvelle forme de soutien psychologique. Sur Xiaohongshu, les témoignages de jeunes internautes racontant leurs échanges avec des chatbots comme DeepSeek se comptent par millions. Ces utilisateurs expliquent y trouver une écoute bienveillante et gratuite, souvent perçue comme plus accessible qu’une thérapie traditionnelle.
Des acteurs comme DeepSeek, ByteDance (avec Doubao) ou PsychSnail Technology ont saisi l’opportunité. DeepSeek, premier modèle conversationnel à large diffusion en Chine, est devenu un compagnon émotionnel pour des millions d’utilisateurs urbains. Doubao, développé par ByteDance, s’intègre progressivement à l’écosystème de TikTok (Douyin) et des super-apps du groupe. PsychSnail, fondée à Hangzhou par Yuchen Huang, se positionne sur le marché de la santé mentale scolaire, son IA, entraînée sur des données cliniques, détecte les mots sensibles, déclenche des alertes et coordonne un suivi humain en cas de crise.
Le gouvernement chinois accompagne activement cette mutation, ainsi les chatbots d’assistance psychologique sont désormais enregistrés dans le registre public des algorithmes autorisés. La Cyberspace Administration of China impose aux entreprises de vérifier leurs modèles face à 31 risques, allant de la désinformation médicale à la protection du bien-être mental. Toutefois aucun cadre spécifique ne régule encore l’usage thérapeutique de l’IA, laissant ouverte la question de la responsabilité en cas d’erreur ou de dérive.
Cette régulation libérale tranche avec les États-Unis, où certains États interdisent déjà aux IA de délivrer des conseils thérapeutiques. Le contexte explique ce choix, la Chine manque de structures spécialisées, face à une explosion des troubles psychologiques chez les jeunes Chinois. Près de 80 % des hôpitaux ne disposent pas de service psychiatrique, et la thérapie demeure coûteuse, entre 400 et 800 yuans par séance (56 à 112 €). À cela s’ajoute un déséquilibre territorial marqué, ainsi Shanghai compte douze fois plus de thérapeutes que la province de Ningxia située dans le nord. Dans ce vide structurel, les chatbots de soutien mental comblent un besoin de proximité et d’anonymat.
Rappelons que l’État chinois perçoit la santé mentale comme un enjeu de stabilité sociale. Après plusieurs incidents violents en 2024, les autorités ont créé une ligne d’urgence nationale et un réseau de centres régionaux pour surveiller et encadrer les populations jugées fragiles.