
France, Allemagne, Suède : trois modèles d’application de la directive européenne sur la transparence des rémunérations
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En juin 2026, la directive européenne sur la transparence des rémunérations deviendra une réalité pour 450 millions de citoyens. Cette législation, adoptée en 2023, oblige toutes les entreprises de plus de 100 salariés à publier leurs écarts de salaire entre femmes et hommes, à informer les candidats des fourchettes de rémunération, et à justifier tout écart dépassant 5 %. Mais derrière un texte unique, trois approches se dessinent : la France, l’Allemagne et la Suède appliquent la même directive selon leurs traditions sociales, juridiques et technologiques.
La directive européenne sur la transparence des rémunérations, adoptée en 2023, doit être transposée dans chaque État membre d’ici juin 2026.
Objectif : réduire les écarts de rémunération entre femmes et hommes, renforcer le droit à l’information, et instaurer une culture de la transparence salariale au sein des entreprises européennes.
Derrière un texte commun, trois logiques se distinguent : la France automatise, l’Allemagne négocie, la Suède applique déjà.
France : la transparence par la donnée
Avec son Index de l’égalité professionnelle, obligatoire pour les entreprises de plus de 50 salariés, la France part avec une longueur d’avance pour intégrer les exigences de la directive. Les données issues de la Déclaration Sociale Nominative (DSN) serviront à alimenter automatiquement les nouveaux indicateurs d’écart salarial, d’évolution de carrière et de rémunération variable. Pour son lancement le seuil d’application restera à 50 salariés, plus strict que le plancher européen de 100.
👉 En 2024, plus de 78 % des entreprises françaises de plus de 50 salariés publiaient déjà leur index égalité.
Solutions technologiques dominantes :
- Beqom et Figures HR : modules d’audit d’équité salariale et scénarios de correction.
- Lucca et ADP DataCloud : automatisation DSN et reporting conformité.
- Portails salariés : consultation anonymisée des comparaisons internes.
Logique française : industrialiser la conformité par la donnée, sans renoncer à la granularité sociale.
Allemagne : la transparence négociée
L’Allemagne privilégie la concertation. Le futur cadre juridique étendra à 50 salariés les obligations déjà en vigueur pour les entreprises de 150 employés et plus. Au-delà de la publication des écarts, les employeurs devront conduire un audit conjoint avec les représentants du personnel lorsqu’un écart supérieur à 5 % ne peut être justifié. Le ministère fédéral du Travail estime que 30 % des entreprises ne respectent pas encore les obligations existantes, un défi à corriger avant 2026.
Solutions technologiques privilégiées :
- Syndio et PayAnalytics : plateformes de co-audit RH-syndicats, traçabilité et justification.
- SAP SuccessFactors et Workday : reporting multi-filiales et consolidation européenne.
- Simulateurs de correction salariale : modélisation budgétaire sur 3 à 5 ans.
Logique allemande : encadrer la transparence par la précision statistique et le dialogue institutionnel.
Suède : la transparence comme norme culturelle
La Suède est le pays le plus préparé. Depuis plus de dix ans, les entreprises y réalisent un lönekartläggning, audit annuel obligatoire des salaires. Ainsi la directive européenne ne fait qu’élargir ce système avec la publication des écarts, la justification des différences et le dépôt d’un plan d’action correctif.
Un portail national, surnommé Pay Mirror, permettra dès 2026 aux employeurs de déposer leurs rapports et de comparer leurs données à celles du secteur.
👉 Plus de 90 % des entreprises suédoises effectuent déjà un audit salarial annuel.
Solutions technologiques locales :
- Beqom Nordic Suite et Figures Analytics : extension numérique du lönekartläggning.
- Portail “Pay Mirror” : plateforme publique de consultation et de benchmarking.
- Outils de planification automatique : hiérarchisation et suivi des actions correctrices.
Logique suédoise : rendre visible ce qui est déjà équitable.
Trois modèles, une même mutation
L’Europe s’aligne sur une même exigence : faire de la rémunération une donnée gouvernée, mais la trajectoire diffère :
- la France s’appuie sur la data et l’automatisation,
- l’Allemagne sur la concertation et la rigueur méthodologique,
- la Suède sur la maturité culturelle et la transparence systémique.
Derrière la conformité se joue un basculement stratégique : la transparence salariale devient un outil de gouvernance autant qu’un instrument de justice sociale.
Le solutions européennes de la “Pay Transparency”
Domaine | Fonction clé | Solutions principales |
---|---|---|
Audit d’équité salariale | Détection et justification des écarts | Beqom, PayAnalytics |
Conformité RH & Reporting | Automatisation DSN / génération de rapports | ADP, Lucca Paie |
Co-audit social | Dialogue RH / syndicats / comité d’entreprise | Syndio |
Benchmark sectoriel | Comparaison anonymisée interentreprises | Figures HR |
Gouvernance Data RH | Centralisation multi-pays / alertes écart | Workday, SAP |
Depuis 10 ans, la PayTech européenne émerge comme un nouveau segment du HR SaaS, combinant conformité, data et stratégie RH.
Vers une Europe de la confiance salariale
Derrière les obligations légales, c’est une mutation culturelle significative qui s’installe. La transparence salariale devient une langue commune entre RH, finance et direction générale afin de mieux en mesurer la gouvernance. Les entreprises capables de transformer leurs données de rémunération en indicateurs de confiance disposeront d’un avantage compétitif. Désormais la question n’est plus seulement qui gagne combien, mais comment la transparence redéfinit la performance collective.
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