
Les drones sous-marins, nouvel atout stratégique de la défense française
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Alors que la guerre en Ukraine a rappelé l’importance du renseignement maritime et de la surveillance des infrastructures critiques, la France accélère sur un segment encore discret de sa base industrielle et technologique de défense : la robotique sous-marine. Longtemps réservés à la recherche scientifique et à l’exploration pétrolière, les drones autonomes de nouvelle génération (AUV pour Autonomous Underwater Vehicles) deviennent un enjeu stratégique pour la défense nationale.
Une filière en émergence
La société Seaber, basée à Lorient, illustre cette nouvelle dynamique. Fondée en 2020 par Vidal Teixeira et Quentin Peyregne, l’entreprise conçoit des micro-AUV compacts capables d’opérer jusqu’à 300 mètres de profondeur avec une autonomie de 8 à 10 heures. Ces drones, d’abord pensés pour la recherche océanographique, sont aujourd’hui testés pour des missions de surveillance côtière, de détection d’anomalies et de reconnaissance de zones sensibles.
Avec une levée de fonds de 1,5 million d’euros réalisée auprès de Sodero, Breizh Up, FNX Ventures et Défense Angels, Seaber s’inscrit dans la stratégie française de défense duale, combinant applications civiles et militaires. L’entreprise prévoit désormais de doubler son chiffre d’affaires chaque année et d’atteindre une production de 100 drones par an d’ici 2030, soutenue par la montée en puissance des besoins de la marine et des opérateurs d’infrastructures maritimes.
De la recherche à la défense
L’essor de ces solutions s’appuie sur un socle de recherche déjà solide. Des acteurs comme Ifremer, Naval Group ou Exail ont depuis plusieurs années structuré une expertise dans la robotique sous-marine, la propulsion et la navigation autonome. Seaber s’inscrit dans cette continuité, mais avec une approche plus industrielle et modulaire. Ses micro-AUV peuvent être déployés rapidement, nécessitent peu de logistique, et coûtent bien moins cher que les véhicules sous-marins lourds utilisés par les forces armées.
Cette approche “small, smart, scalable” intéresse particulièrement la Marine nationale, qui multiplie les expérimentations autour de flottes hybrides mêlant drones aériens, de surface et sous-marins. Ces systèmes permettent de collecter des données tactiques sans exposer d’équipages, notamment dans des zones contestées ou difficilement accessibles.
Un enjeu de souveraineté technologique
La montée en puissance des micro-AUV répond aussi à une logique de souveraineté industrielle. Dans un contexte où les États-Unis et la Chine investissent massivement dans la robotique maritime, la France entend sécuriser une chaîne de valeur nationale allant du design des systèmes à leur production. Le soutien de fonds régionaux comme Breizh Up et d’investisseurs spécialisés dans la défense, tels que Défense Angels, témoigne de cette volonté de renforcer la base industrielle française dans les technologies critiques.
La Direction générale de l’armement (DGA) a d’ailleurs identifié la robotique sous-marine autonome comme un axe prioritaire d’innovation. Elle permet à la fois de soutenir des PME technologiques régionales et de doter la défense de capacités opérationnelles nouvelles : détection de mines, suivi de câbles sous-marins, ou surveillance d’installations énergétiques offshore.
Vers une flotte autonome française
Si les AUV de Seaber représentent une première étape, les prochaines années pourraient voir émerger de véritables flottes autonomes coopératives, capables de travailler en essaim et de partager leurs données en temps réel via des liaisons acoustiques ou satellites. Une telle capacité offrirait à la France une supériorité stratégique dans la connaissance et la protection de ses espaces maritimes, qui couvrent près de 11 millions de km² de zones économiques exclusives.
Au-delà des applications militaires, cette technologie a vocation à servir l’océanographie, la surveillance environnementale, ou encore la maintenance des infrastructures offshore, dans une logique de dualité chère à la politique industrielle française.
Une levée de fonds structurante
En attirant 1,5 million d’euros auprès de Sodero, Breizh Up, FNX Ventures et Défense Angels, Seaber franchit une nouvelle étape dans son développement. Cette opération permettra d’accélérer son expansion internationale, tout en consolidant son ancrage industriel à Lorient. Elle illustre surtout la maturité croissante de la DeepTech française appliquée à la défense, où la technologie, la rapidité d’exécution et l’ambition internationale s’imposent comme les nouveaux standards de compétitivité.
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