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MGX, le nouveau visage de l’influence technologique venue du Golfe

Créé en 2024 par le croisement de deux entités clés d’Abou Dabi, MGX s’impose en quelques mois comme un investisseur stratégique à suivre. Son implantation en France avec le Campus IA marque le début d’une diplomatie technologique assumée.

Il n’aura fallu que quelques mois à MGX pour apparaître sur le radar européen. Inconnu du grand public début 2024, ce fonds souverain technologique lancé par les Émirats Arabes Unis entre désormais par la grande porte, en devenant cofondateur du plus grand campus d’intelligence artificielle d’Europe. Son implantation en France, via un partenariat avec Bpifrance, Mistral AI et NVIDIA, n’est pas un simple investissement mais est une véritable prise de position.

Derrière cette discrète abréviation, MGX, se cache un projet ambitieux porté au plus haut niveau de l’État émirati. Le fonds est présidé par Sheikh Tahnoun bin Zayed Al Nahyan, frère du président des Émirats, dirigeant de la sécurité nationale, et architecte en chef de la stratégie d’autonomie technologique du pays. Il cumule également la présidence du AI and Advanced Technology Council (AIATC), instance chargée de faire d’Abou Dabi un centre de référence mondial en IA.

De la sécurité à l’innovation

MGX s’inscrit dans un écosystème plus vaste dominé par G42, conglomérat technologique émirati actif dans les biotechs, les capteurs et l’IA générative. G42, longtemps soutenu par le fonds souverain Mubadala, est aujourd’hui un partenaire clef de Microsoft dans la région. MGX reprend cette logique d’alliance aux puissances technologiques mondiales, tout en bâtissant une capacité nationale pérenne.

Mais à la différence de fonds plus passifs, MGX affiche d’emblée une vocation opérationnelle, bâtir, opérer, structurer. Son entrée en France illustre cette volonté. Le Campus IA, avec ses ambitions exascale, son ancrage académique et sa vocation souveraine, constitue un outil de projection à part entière.

Une diplomatie de l’innovation à bas bruit

L’arrivée de MGX dans un projet d’infrastructure français, soutenu par Bercy et porté par des fleurons nationaux, est un signal politique. Là où d’autres pays cherchent à se prémunir de l’influence étrangère sur leurs actifs critiques, la France, ici, ouvre un partenariat ciblé, encadré, mais assumé. L’objectif : construire à plusieurs ce que l’on ne peut plus faire seuls (infrastructures de calcul, cloud souverain, environnement de test à grande échelle.)

MGX s’affirme ainsi comme un nouveau modèle de fonds souverain qui est ni financier spéculatif, ni purement diplomatique. Il combine logique d’investissement, stratégie industrielle, et capacité à engager des coalitions technologiques internationales. Il se veut à la fois investisseur, opérateur, et architecte de standards.

L’Europe comme prochain théâtre

Le cas français ne semble être qu’un début. L’intention affichée par MGX est de bâtir une présence étendue en Europe, autour d’infrastructures de confiance et de partenariats académiques. Là où les fonds américains dominent les tours de table des startups, MGX pourrait, à terme, occuper un autre rôle comme celui de co-constructeur d’écosystèmes, capable de combiner infrastructures, recherche, et applications.

Alors que l’Europe cherche des voies alternatives entre dépendance vis-à-vis des GAFAM et isolement technologique, des acteurs comme MGX deviennent des partenaires potentiels… mais aussi des sujets de débat. Entre opportunité et vigilance, cette présence émergente pourrait bien redessiner les contours de la souveraineté numérique à l’échelle continentale.

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