
OpenAI / Microsoft, la fin d’un partenariat stratégique ou le début d’un divorce structuré ?
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Le partenariat emblématique entre OpenAI et Microsoft entre dans une phase de recomposition sous haute tension. Après huit mois de négociations autour de la restructuration du modèle économique d’OpenAI, les deux entreprises se sont engagées dans un face à face où chacune défend ses intérêts dans un rapport de force de plus en plus tendu.
OpenAI veut transformer en profondeur la structure de son entité commerciale. L’objectif est de remplacer son système actuel de partage des bénéfices avec un mécanisme hybride notamment par des actions classiques, comme dans une entreprise cotée. Cette transition est indispensable pour envisager une introduction en bourse. Dans ce cadre, OpenAI propose à Microsoft d’obtenir environ 33 % du capital de la nouvelle entité, en échange de l’abandon de ses droits sur les profits futurs, actuellement plafonnés à 120 milliards de dollars
Mais cette redéfinition capitalistique ne se limite pas à une négociation financière. Elle s’accompagne de demandes stratégiques majeures de la part d’OpenAI, notamment la fin de l’exclusivité accordée à Microsoft sur l’hébergement de ses modèles via Azure. Ce contrat empêche actuellement OpenAI de distribuer librement ses technologies via d’autres cloud providers comme Amazon, Google ou Oracle, malgré des accords techniques amorcés en parallèle.
Selon une source citée par le Wall Street Journal, OpenAI souhaite désormais que « Microsoft ne soit plus le seul distributeur cloud de ses modèles », ce qui constituerait une rupture majeure dans l’équilibre du marché de l’IA d’entreprise. Google aurait déjà exprimé son opposition à l’exclusivité de Microsoft, en plaidant auprès des autorités pour l’annuler.
L’autre point de friction concerne l’acquisition prévue de Windsurf, une startup spécialisée dans la génération de code par IA. OpenAI cherche à exclure Windsurf du périmètre des droits de propriété intellectuelle partagés avec Microsoft. Un enjeu hautement stratégique, car Windsurf développe des outils concurrents directs de GitHub Copilot, propriété de Microsoft. Si la firme de Redmond n’a pas formellement bloqué l’opération, elle chercherait en retour des concessions sur la durée d’exploitation des technologies d’OpenAI, actuellement fixée à 2030.
La pression monte également sur la question du partage des revenus. Si la clause actuelle de reversement de 20 % reste en place, Microsoft pourrait percevoir jusqu’à 35 milliards de dollars en 2030, sur les 174 milliards de revenus projetés par OpenAI à cette échéance. L’entreprise souhaite donc exclure ses futurs produits de cet accord ou revoir sa contribution à la baisse.
En arrière-plan, un débat sémantique prend une dimension juridique avec la définition de l’AGI (Artificial General Intelligence). Selon l’accord actuel, Microsoft ne renonce à ses droits que lorsque l’AGI est atteinte. Mais cette définition reste floue, et les deux partenaires s’opposent sur le calendrier de cette hypothétique bascule. OpenAI estime qu’elle pourrait intervenir bien plus tôt que ce que prévoit Microsoft.
Ce climat de défiance a poussé certains dirigeants d’OpenAI à envisager une plainte officielle auprès des régulateurs américains pour pratiques anticoncurrentielles, sans toutefois qu’aucune démarche formelle ne soit enclenchée. Dans une déclaration conjointe à la presse, les deux entreprises se veulent pourtant rassurantes : « Nous avons un partenariat long terme et productif. Les discussions sont en cours et nous restons optimistes quant à notre collaboration future. »
Reste que l’équilibre fondateur du partenariat est aujourd’hui rompu, d’un côté, une startup qui cherche à reprendre le contrôle de son destin et de l’autre, un géant qui entend faire valoir ses droits, après avoir injecté plus de 13 milliards de dollars dans l’aventure.
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