
PalmPay : la superapp nigériane soutenue par 130 millions d’euros de financements chinois
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L’avenir du mobile banking africain ne s’inspire pas des standards européens mais s’invente dans des contextes où l’exclusion bancaire, la domination du cash et la faiblesse des infrastructures obligent à tout repenser. Et c’est une poignée de fintechs africaines, menées par PalmPay au Nigeria, qui construisent des superapps financières plus hybrides, plus distribuées, et souvent plus efficaces que leurs équivalents du Nord.
Lancée en 2019, PalmPay revendique aujourd’hui plus de 35 millions d’utilisateurs au Nigeria, avec 50 transactions mensuelles par utilisateur en moyenne. À elle seule, la plateforme a traité plus de 15 millions de transactions par jour au premier trimestre 2025, avec un taux de réussite de 99,5 %. L’entreprise se développe à un rythme industriel avec pour objectif de convertir le cash en usage numérique de masse.
Son principal concurrent, c’est l’argent liquide utilisé par la majeur partie de la population, les consommateurs aisés sont les seuls à avoir accès aux banques traditionnelles.
L’approche de PalmPay repose sur deux leviers, tout d’abord une interface mobile ultra-légère conçue pour les smartphones d’entrée de gamme, et un réseau d’agents physiques qui accompagnent les clients vers le digital. Ce modèle hybride permet d’atteindre y compris les zones semi-rurales et les utilisateurs peu alphabétisés.
Son autre atout structurel est son partenariat stratégique avec Transsion, le fabricant chinois des téléphones Tecno, Itel et Infinix, très répandus au Nigeria. PalmPay est préinstallée par défaut sur tous ces modèles, offrant un canal de distribution massif à coût marginal nul. Cette stratégie qui s’est révélée décisive pour capturer l’adhésion des utilisateurs.
Désormais, PalmPay ambitionne de devenir une superapp financière intégrant paiements, transferts, recharges, microcrédit, assurance, et gestion de patrimoine. En 2024, la société a versé 4 millions d’euros d’intérêts à 9 millions d’utilisateurs de son produit d’épargne, ce qui implique plus de 18 millions d’euros de dépôts sur ce segment seul. Un volume non négligeable sur un marché aussi peu bancarisé.
L’entreprise mène désormais une développement rapide sur le continent. Déjà présente au Ghana et au Kenya, elle déploiera ses services en Afrique du Sud, Côte d’Ivoire, Ouganda et Tanzanie d’ici fin 2025. En Tanzanie, l’accent sera mis sur le B2B.
Pour assurer son développement PalmPay a levé un total de 130 millions d’euros depuis sa création. En 2019, l’entreprise réalise une levée de 40 millions de dollars en amorçage, menée par Transsion, le fabricant chinois des téléphones Tecno, Itel et Infinix, qui devient son partenaire stratégique. Ce tour de table reste, à ce jour, l’un des plus importants jamais enregistrés en phase seed sur le continent africain. En 2021, PalmPay lève 100 millions de dollars supplémentaires en série A, avec la participation de NetEase, géant chinois de l’internet, et plusieurs fonds de capital-risque asiatiques.
PalmPay a été cofondée en 2019 par Jason Mycroft et Greg Reeve, qui ont joué un rôle clé dans la conception initiale de la plateforme. Depuis, la direction opérationnelle est assurée par Chika Nwosu, actuel directeur général, fort d’une expérience dans le secteur des télécommunications et des services financiers, notamment chez 9mobile. Sofia Zab, cofondatrice et directrice marketing, a piloté la stratégie de croissance et d’engagement utilisateur depuis le lancement. L’entreprise est structurée autour d’une équipe sino-africaine, en lien étroit avec ses investisseurs stratégiques