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[Exclu] Renaissance Numérique compare les programmes numériques de l’UMP et du PS

Présidentielle 2012 : au moment où le numérique devient un sujet pour tous les partis, de premiers clivages politiques apparaissent. par Christine Balagué et Guillaume Buffet, co-présidents de Renaissance Numérique.

Le think-tank Renaissance Numérique est en train de suivre in situ l’élaboration du programme numérique pour 2012 des partis politiques qui acceptent de lui ouvrir leurs portes. Il était ainsi représenté par Christine Balagué, sa co-présidente, à l’atelier organisé par le Parti Socialiste à La Cantine le 20 juin dernier et était présent lors du discours sur le numérique de Martine Aubry au « 104 » le 22 juin. Guillaume Buffet, également co-président de Renaissance Numérique, est quant à lui intervenu lors de la convention UMP sur le numérique qui s’est tenue hier à l’auditorium du palais Brongniart. L’occasion pour « RN » de décrypter et comparer les deux approches.

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  • Le numérique sur le devant de la scène : un sujet désormais incontournable

Nous nous sentions bien seuls, chez Renaissance Numérique en 2007, lorsque nous clamions que les politiques devaient s’intéresser au numérique, qu’une transformation majeure de la société était en cours, que l’économie était en train d’être bouleversée, que l’accès pour tous à l’internet devait préoccuper tous les décideurs publics.

Le temps a passé. Les politiques ont évolué. Désormais, le numérique s’inscrit au premier plan des préoccupations politiques. Ce n’est pas pour rien que Martine Aubry en a fait le grand thème de ses dernières déclarations avant l’annonce de sa candidature. Ce n’est pas pour rien que l’UMP a répliqué avec une convention en grande pompe sur le sujet.

Coté PS, les proches de Martine Aubry ont organisé des ateliers de travail le 20 juin dernier à La Cantine. Cette rencontre a permis de déboucher sur un certain nombre d’axes et quelques voies pour des mesures à peaufiner. Deux jours plus tard, la Première Secrétaire du PS publiait une tribune intitulée « La France connectée » dans laquelle elle dressait ses ambitions pour le numérique (lire la tribune ici). Le soir-même, elle prononçait un discours fleuve sur le sujet au 104.

Coté UMP, la députée Laure de La Raudière, a organisé une convention mardi 28 juin à l’auditorium du Palais Brongniart intitulée « Révolution numérique : le meilleur reste à venir ». Deux tables rondes se sont succédées, réunissant de grands noms de l’internet français, dont Renaissance Numérique pour parler de net citoyen. Un document présentant 4 grands axes déclinés en 45 mesures a été distribué à toutes les personnes présentes (l’événement était ouvert à tous, non aux seuls militants UMP). Jean-François Copé, Secrétaire Général de l’UMP, ainsi que Éric Besson, ministre de l’économie numérique, étaient présents sur scène aux cotés notamment de Laure de La Raudière et de Benjamin Lancar, tous deux secrétaires nationaux en charge des questions numériques à l’UMP.

 

  • Les grandes lignes

Pour ce qui est du parti socialiste, les 3 thèmes développés à la Cantine étaient :

  • la cité numérique
  • les droits et libertés numériques
  • l’entrepreneuriat

Dans sa tribune, Martine Aubry a particulièrement mis en avant :

  • le potentiel économique du secteur numérique
  • un « droit à la connexion »
  • le déploiement du très haut débit
  • le démantèlement de la Hadopi et l’instauration d’une licence globale
  • la création d’une Fondation « eDémocratie »
  • des aides aux PME numériques via le statut JEI et la mise en place d’un Small Business Act

Pour l’UMP, 4 grands axes ont été travaillés :

  • « l’internet neutre partout et pour tous »
  • « une politique qui mise sur la responsabilité des acteurs »
  • « une formation renforcée afin de lutter contre l’illettrisme numérique »
  • « faire de la France un leader mondial dans l’économie numérique »

Ces quatre piliers étant déclinés en 45 propositions (lien vers le dossier UMP, fichier pdf).

 

  • Points d’accord

  • la neutralité d’internet et son inscription dans la loi semblent être des objectifs communs aux deux grands partis. On se rappelle que le rapport trans-partisan co-rédigé par les députées Laure de La Raudière (UMP) et Corinne Erhel (PS) préconisait cette mesure.
  • l’aide aux startups : financement et aide au décollage du chiffre d’affaires des PME numériques sont au programme des deux partis, notamment via l’instauration d’un Small Business Act (SBA : le principe est de réserver une partie des commandes publiques aux PME, comme c’est le cas aux Etats-Unis depuis 1953). Pourtant, aujourd’hui, un SBA n’est pas envisageable en l’état en raison des accords passés à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Renaissance Numérique, qui a travaillé sur cette question, dévoilera ces prochains jours des propositions sur ce sujet particulier.
  • Filtrage et blocage : même si c’est l’UMP qui a majoritairement voté des lois censées se passer de l’intervention d’un juge pour bloquer ou filtrer un site internet, les deux partis semblent aujourd’hui avoir compris que ni la liberté d’expression ni les citoyens ne pouvaient s’accorder avec des mesures autoritaires et non contrôlées par la justice de blocage et de filtrage.

 

  • Les grands clivages

Il est intéressant de relever que le numérique devient politique. Il ne l’était pas encore en 2007 mais fait l’objet aujourd’hui de véritables clivages entre courants idéologiques : la droite et la gauche « clivent » sur leur approche du Net.

Les grandes « idéologies » de droite et de gauche se retrouvent ainsi dans ces clivages naissants :

  • Soutien « aux plus faibles » et principe de redistribution avec la licence globale qui s’intéresse plus aux artistes qu’aux ayants droits : c’est la ligne du parti socialiste. Pour ce qui est de l’UMP, la défense des acteurs et du modèle économique existant avec Hadopi s’impose comme l’approche privilégiée.
  • S’agissant de la mise en place des réseaux très haut débit, la gauche prône un service public d’État alors que l’UMP vante les mérites du libéralisme et de l’initiative privée.

 

  • Hadopi et licence globale

C’est certainement l’élément qui a été le plus repris dans les médias : la volonté de Martine Aubry de démanteler la Hadopi (Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des droits sur Internet).

Pour la socialiste, l’aspect répressif / pédagogique est un échec et il faut trouver une solution nouvelle et juste pour allier liberté sur internet et rémunération des artistes. Pour cela, elle propose l’instauration d’une licence globale : tout le monde doit contribuer au financement de la création, à commencer par les citoyens qui devront mettre la main à la poche lorsqu’ils payeront leur abonnement internet. Ainsi, Martine Aubry entend mettre fin à « la guerre contre les internautes qui partagent ».

 

Licence globale et partage des œuvres VERSUS hadopi et lutte contre le partage illégal

L’UMP est jusque là opposée à l’instauration d’une licence globale. Il faut, selon le parti de droite, privilégier la pédagogie, quitte à passer par du répressif, plutôt que de réfléchir à un modèle radicalement nouveau de financement de la création.

 

  • Déploiement des infrastructures :

Les deux partis s’opposent également de façon frontale sur le modus operandi du déploiement très haut débit. Même si la couverture de tous les Français représente un objectif commun des deux formations, le PS semble faire plus confiance à l’État (au public) pour déployer les réseaux, qu’au privé (ce que prône l’UMP).
En effet, afin selon eux de gagner en temps, en efficacité et en justice sociale, les socialistes ont proposé que  soit instauré un opérateur public qui aura pour mission de fibrer le territoire national. Il pourra établir des partenariats public/privé (PPP).
L’UMP pour sa part entend favoriser l’initiative privée, selon elle plus efficace. Ce qui n’empêchera pas la mise en place de PPP comme c’est actuellement déjà le cas entre opérateurs, collectivités et État.

Pour déployer le très haut débit : Faire confiance au public dans une logique centralisée (PS) VERSUS faire confiance au privé dans une logique décentralisée (UMP)

 

  • Approches et méthodes

  • la personnification

Le nom de Martine Aubry est systématiquement cité du coté PS. Et pour cause : ce n’est pas le PS qui s’est exprimé à la Cantine, dans Rue89 ou au 104, mais la Première Secrétaire de l’époque et désormais candidate aux primaires. Reste que la personnification est demeurée  très forte, tant dans le ton employé par Martine Aubry dans sa tribune (qui parle de son expérience personnelle avec le numérique) que par ses fidèles, employant les mots clés « Aubry » et « Aubry2012 » sur Twitter, relayés  notamment par le compte « @digitalemartine » !

Pour l’UMP, c’est le collectif et l’appareil politique qui ont été mis en avant pendant la convention. Vive l’œuvre commune, avec des acteurs très en retrait (Laure de La Raudière est restée relativement discrète pendant la convention, et Éric Besson dans un rôle minimal pour le ministre en charge du dossier), le nom de Nicolas Sarkozy quant à lui n’a été prononcé qu’à de très rares occasion pendant les 3 heures de discussions.

 

  • l’utilisation du net et des réseaux sociaux

Les approches sur internet semblent en partie reproduire les schémas de 2007. Même si cette impression reste à confirmer au fil des prochains mois, l’UMP a une approche plutôt organisationnelle d’internet et des réseaux sociaux. Il est possible d’envoyer des contributions sur le site du parti mais l’essentiel du fond est produit en interne : une vidéo de Laure de La Raudière a été enregistrée pour inciter les citoyens à envoyer des mesures. Toutefois, la présentation de 45 mesures peut paraître comme une approche relativement « top-down ».

Coté PS en revanche, l’approche semble plus participative : le programme issu des ateliers de travail à la Cantine est librement amendable en ligne et il a été co-rédigé lors d’une séance de travail ouverte à tous, animée par des « référents » du numérique. Sur les réseaux sociaux le PS pourrait vouloir faire appel au citoyen plutôt qu’au militant.

 

Même si l’UMP a promis hier un rendez-vous prochain à la Cantine, les lieux sont également symboliques de ces approches :

  • la Cantine pour le PS (espace de travail collaboratif, dimension modeste) ;
  • la Bourse pour l’UMP (plus travaillé sur la forme, plus prestigieux voire « show off »).

 

  • Répercussions médias

Les médias se sont largement intéressés à la tribune de Martine Aubry en particulier pour sa sortie contre la Hadopi et pour la licence globale. De très nombreux médias traditionnels l’ont ainsi reprise (Libération, Le Monde, 20 minutes, France Soir, etc.) mais également les citoyens via Twitter : « Aubry » est ainsi devenu un « trend topic » (sujet parmi les plus cités sur Twitter).

De même, « umpnum » (le mot-clé utilisé sur le réseau Twitter pour parler de la convention UMP), a fait son entrée dans les « trend topics » 45 minutes seulement après le début de la convention UMP. Les reprises presse ont été moindres que pour la tribune de Martine Aubry mais il est intéressant de noter que sur internet, et notamment sur les réseaux sociaux, ces deux événements ont été très largement couverts et commentés.

 

  • Le mystère de l’éducation

Le programme du PS est pour l’instant très lacunaire sur la place à accorder à l’éducation et au numérique. Comment repenser l’éducation à l’ère numérique ?

Du coté de l’UMP, 10 des 45 mesures proposées sont consacrées à la place de l’éducation et de la formation au numérique. Il s’agit donc d’un enjeu considéré comme essentiel. C’est d’ailleurs à se demander pourquoi toutes ces mesures n’ont pas été mises en place plus tôt, malgré les constats et rapports alarmistes sur le sujet qui ne cessent de paraître ces dernières années !

Il faudra des moyens considérables ainsi que beaucoup de volontarisme politique pour faire advenir l’école 2.0. Sur les dernières années, force est de constater que cette volonté politique a cruellement manqué.

 

  • Conclusion

Aujourd’hui, seuls 70% des foyers français sont connectés à l’internet. Ce qui fait 30% qui en sont exclus. À l’heure où la fracture numérique est devenue une fracture démocratique, l’accès pour tous est un préalable sur lequel Renaissance Numérique n’a de cesse de se battre depuis 5 ans déjà. Les partis politiques seraient bien inspirés d’y penser en amont de toute intervention.

Le numérique sera dans les prochains mois le premier champ de bataille d’une campagne qui va se durcir. Et pas seulement sur internet, mais à l’heure d’internet, dans les choix politiques faits avec le numérique, symboles d’un clivage gauche-droite bien existant quoi qu’on en dise.

Alors quid des écologistes, quid des centristes ? Bien naturellement, Renaissance Numérique, think-tank totalement apolitique, se met à leur disposition pour avancer !

 

Christine Balagué et Guillaume Buffet

Co-Présidents de Renaissance Numérique

www.renaissancenumerique.org

Twitter : @RNumerique

 

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