Histoire d'internet et de l'informatiqueLes grandes figures de la tech

Thierry Breton: une vie au cœur de la révolution Numérique

Ingénieur, romancier de science-fiction, entrepreneur, dirigeant de grands groupes et homme politique, le parcours  de Thierry Breton s’est dès ses débuts inscrit dans la révolution numérique avec la volonté d’y tenir un rôle à la hauteur de ses ambitions.

Le jeune innovateur

Né en 1955, Thierry Breton grandit à l’ombre du monde industriel français, fils d’un directeur du Commissariat à l’énergie atomique. Sa passion pour les mathématiques et l’informatique le mène à Supélec après une tentative à Polytechnique. Il se distingue rapidement en tant que professeur dans ces domaines au lycée français de New York, une expérience qui élargit son horizon et renforce son intérêt pour l’international et les technologies.

En 1981, de retour en France, Thierry Breton à 26 ans se lance dans l’entrepreneuriat en créant un éditeur de logiciel spécialisé dans la sécurité bancaire, au milieu des confectionneurs de prêt à porter, là où 25 ans plus tard le coeur de la tech parisienne allait s’installer. Cette période est marquée par l’audace d’un jeune homme qui, même en voyage de noces au Sénégal, trouve le temps de vendre ses services informatiques à une cimenterie locale.

Un technologue dans le monde des lettres

Parallèlement Thierry Breton se fait également connaître en tant qu’écrivain de science-fiction. Ses œuvres, notamment Softwar, Vatican III et Netwar, deviennent des best-sellers traduits en de nombreuses langues. Ces romans reflètent non seulement sa passion pour la technologie, mais aussi son talent pour la création d’univers imaginaires.

Ses talents d’écriture ne passent pas inaperçus. Il attire l’attention de René Monory,  figure politique influente de l’époque, qui le prend sous son aile. Cette relation sera déterminante dans la carrière de Thierry Breton.

Le monsieur informatique du gouvernement

En 1990, Breton accepte le défi d’occuper un poste de haut niveau dans le gouvernement français. Sous la houlette de René Monory, alors ministre de l’Économie et des Finances, il devient le « Monsieur Informatique » du gouvernement. Ses responsabilités couvrent une large gamme de domaines liés à l’informatique et aux télécommunications, l’amenant à superviser la modernisation technologique de l’État français.

Sa transition vers le monde politique est marquée par sa capacité à naviguer habilement dans les couloirs du pouvoir, tout en restant fidèle à sa vision de l’importance de la technologie pour l’avenir du pays.

Le capitaine d’industrie

L’étape majeure suivante de la carrière de Thierry Breton est son passage dans l’industrie. En 1997, il prend la tête de Thomson, une entreprise en grande difficulté financière qu’il réussit à redresser et à transformer en un leader mondial dans son domaine.

En octobre 2002, Thierry Breton est nommé à la tête de France Telecom par le gouvernement. Le défi était colossal : l’entreprise croule sous une dette colossale de 70 milliards d’euros, en grande partie due à l’éclatement de la bulle Internet. Elle était même surnommée « l’entreprise la plus endettée au monde », illustrant la crise de confiance des agences de notation.

Moins de deux mois après son entrée en poste, le cours de l’action de l’entreprise bondit de 170%, un indicateur encourageant de son action. C’est dans ce contexte qu’il a lancé le plan « Ambition FT 2005 », visant à stimuler la croissance de l’entreprise grâce à deux leviers principaux : l’ADSL et la téléphonie mobile.

En pleine restructuration avec la baisse des coûts nécessaires pour sortir France Telecom de son endettement, Thierry Breton doit faire face à une concurrence croissante dont le pirate Xavier Niel bien décidé à en découdre avec l’opérateur historique. Il lance le plan « Internet haut débit pour tous » en juillet 2003, avec l’objectif ambitieux de fournir un accès à Internet haut débit à 90% de la population française.

En 2004, France Télécom reprend la main sur le capital de sa filiale internet coté en bourse, Wanadoo pour intégrer les activités de téléphonie fixe et de fournisseur d’accès. C’est aussi en 2004 que la Livebox, l’offre « Triple Play » de l’opérateur, a été lancée.

Si la même année, le gouvernement achève la privatisation de France Télécom, initiée en 1996. Thierry Breton maintient le statut spécifique des employés fonctionnaires

Le gardien des finances de l’État

En 2005, Thierry Breton s’engage dans un parcours plus politique et est nommé ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, l’enjeu désendetter la France sans freiner l’innovation. En cédant des actifs non stratégiques Thierry Breton obtient une baisse de plus de 16 milliards d’euros, ce que lui reprochera la cours des comptes qualifiant ces désengagement d’artifices

Atos – Création d’un géant européen de l’informatique

En novembre 2008, Thierry Breton prend les rênes d’Atos Origin, une entreprise française de services numériques, en devenant président du directoire. Rebaptisée par la suite Atos, il est élu président-directeur général du groupe en février 2009. À l’annonce de sa nomination, le cours en Bourse de l’entreprise augmente de près de 8 %.

Atos réalise un chiffre d’affaires de 5,5 milliards d’euros et emploie 50 000 personnes, une situation que Thierry Breton estime trop cloisonnée et engage un plan d’acquisition ambitieux

La première grande étape de cette transformation a lieu en juillet 2011, lorsque Breton dirige l’acquisition des activités informatiques du groupe industriel allemand Siemens. Cette acquisition, qui fait passer le nombre d’employés d’Atos à 78 500 dans 42 pays, est saluée par les marchés financiers.

L’acquisition de Siemens IT Solutions and Services et le partenariat stratégique qui en découle représentent l’une des plus importantes coopérations industrielles et technologiques franco-allemandes depuis Airbus. C’est une véritable alliance stratégique qui se crée, avec des réponses conjointes à des appels d’offres internationaux et la création d’un fonds d’investissement commun de cent millions d’euros.

En mai 2014, Thierry Breton lance une OPA amicale sur l’entreprise informatique française Bull. Cette acquisition est saluée par les marchés et permet à Atos de se positionner sur le segment des supercalculateurs et en devenir le seul constructeur européen. Six mois plus tard, Atos acquiert les activités d’outsourcing informatique de Xerox, renforçant ainsi sa position parmi les cinq premières sociétés numériques mondiales.

L’innovation reste au cœur de la stratégie de Breton. En 2016, il annonce le lancement du programme Atos Quantum, une initiative visant à préparer les révolutions technologiques de l’horizon 2030.

Sous la direction de Thierry Breton, la capitalisation boursière du groupe atteint 7,29 milliards d’euros en 2015. En 2017, Atos intègre l’indice CAC 40 de la Bourse de Paris.

« À la tête de l’Europe numérique »

Emmanuel Macron propose à ce dernier le poste de commissaire européen au Marché intérieur, qu’il occupe depuis 2019. Dans ce rôle, il est chargé de superviser la stratégie numérique de l’UE, un défi qu’il relève avec son habituelle énergie et vision. Son action est particulièrement vive et sans concession face aux gafas surpuissant. Thierry Breton n’hésite pas à aller au contact de tous les dirigeants de la silicon valley pour les amener à respecter le Digital Services Act (DSA).

Son autre projet majeur est d’assurer la cybersecurité de l’Europe. Thierry Breton pousse l’ensemble des états à se doter d’un « bouclier cyber » afin de résister aux cyberattaques majeures comme celles subies par l’Ukraine, et veut créer une « cyberarmée de réserve, constituée de plusieurs milliers d’intervenants, des prestataires publics et privés, sur la base du volontariat, pour soutenir l’effort de défense en cas d’attaque, prête à intervenir à la demande de tout Etat membre.

A travers un parcours très engagé, Thierry Breton démontre une capacité indéniable à anticiper et à façonner l’avenir numérique. Son rôle actuel en tant que Commissaire européen au Marché intérieur, est sans doute l’un des plus importants et témoigne de son engagement à faire de l’Europe une place forte de l’économie numérique.

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