
Ukraine : comment le terrain accélère la convergence entre robotique aérienne et terrestre
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La guerre en Ukraine agit comme un révélateur des limites des systèmes de défense traditionnels et comme un accélérateur du développement de nouveaux dispositifs. Drones, véhicules terrestres, capteurs, logiciels de commandement : le terrain ukrainien a absorbé et mis à l’épreuve les technologies les plus récentes pour les rendre pleinement opérationnelles. Un choc pour des arsenaux conçus autour de doctrines héritées, contraints de s’adapter à des menaces nouvelles. Cette rupture ouvre la voie à l’émergence de nouveaux acteurs et à des alliances industrielles inédites, seules capables de répondre à cette nouvelle donne stratégique.
Du drone comme capteur au système comme acteur
Dans les premières phases du conflit, les drones aériens se sont imposés comme des outils de renseignement tactique. Observation, désignation de cibles, correction de tirs : l’avantage venait de la vue d’ensemble, mais très vite, des limites très concrètes sont apparues, comme acheminer du matériel sous le feu, sécuriser des routes instables, opérer de nuit ou en environnement contesté.
C’est là que la robotique terrestre entre en jeu, avec des véhicules autonomes, des plateformes logistiques, ou encore des systèmes roulants non habités qui deviennent des extensions physiques de l’information collectée depuis les airs. Le drone devient un nœud dans une chaîne décisionnelle qui inclut le mouvement au sol.
La convergence air-sol comme nouveau standard opérationnel
En moins de 3 ans, le conflit ukrainien a ainsi déplacé le centre de gravité de l’innovation militaire, après avoir déployé de nouveaux types d’armement, l’enjeu aujourd’hui est de les faire fonctionner ensemble, en temps réel, dans des environnements dégradés. Cette convergence entre robotique aérienne et terrestre s’impose comme un standard opérationnel.
Dans ce contexte, la valeur ne réside plus dans la plateforme isolée, mais dans la capacité à coordonner capteurs, vecteurs et logiciels de décision. La supériorité ne vient pas de la machine la plus sophistiquée, mais de l’architecture capable d’orchestrer plusieurs systèmes autonomes comme un ensemble cohérent.
Une lecture industrielle directe du terrain ukrainien
C’est précisément cette lecture que semble avoir intégrée Quantum Systems qui annonce l’acquisition de FERNRIDE. Jusqu’ici positionné comme un acteur de référence des systèmes aériens autonomes et du renseignement embarqué, le groupe allemand élargit son périmètre vers l’autonomie terrestre, en ciblant le segment critique de la logistique et la mobilité au sol.
FERNRIDE apporte une plateforme logicielle éprouvée pour l’autonomie terrestre, déjà déployée dans des environnements industriels complexes comme les terminaux portuaires, les centres logistiques et, plus récemment, les applications de défense. En 2025, la startup est devenue la première en Europe à obtenir une certification TÜV pour des camions autonomes, un jalon réglementaire rare dans ce secteur.
Cette maturité industrielle et réglementaire distingue FERNRIDE d’une large partie de l’écosystème robotique européen encore cantonné à la démonstration.
Du produit au système de systèmes
L’intérêt stratégique de cette acquisition ne réside toutefois pas uniquement dans l’ajout d’une brique terrestre, mais va permettre d’intégrer les technologies de FERNRIDE dans MOSAIC UXS, le logiciel de mission de Quantum Systems.
MOSAIC UXS est conçu comme une couche d’orchestration capable de synchroniser des opérations multi-domaines. En intégrant des plateformes terrestres autonomes aux systèmes aériens, Quantum Systems cherche à créer un continuum opérationnel entre observation, décision et action. Ainsi les drones ne se contenteront plus de capter des informations, mais pourront guider et ajuster des opérations au sol menées par des systèmes autonomes interconnectés.
La logistique autonome, angle mort devenu prioritaire
Cette acquisition met également en lumière un angle longtemps sous-estimé dans les stratégies de défense européennes à savoir la logistique. Acheminer des munitions, évacuer des blessés, repositionner des équipements sous menace constante constitue un défi aussi critique que la supériorité informationnelle.
Vers une autonomie souveraine européenne
Au-delà de la dimension technologique, l’opération s’inscrit dans un contexte géopolitique plus large. La guerre en Ukraine a accéléré la prise de conscience européenne autour de la dépendance aux solutions extra-européennes en matière de défense et d’autonomie.
En combinant systèmes aériens, autonomie terrestre et logiciel de mission, Quantum Systems se positionne comme un acteur capable de proposer une alternative européenne intégrée, certifiée et opérationnelle. Un positionnement qui répond autant à des impératifs de souveraineté qu’à des exigences de performance.
Avec un effectif de plus de 150 personnes, Fernride a levé plus de 75 millions d’euros depuis sa création. Quantum System vient de lever 180 millions d’euros supplémentaires début décembre, triplant sa valorisation pour dépasser les 3 milliards d’euros. Elle est l’une des start-up allemandes les plus valorisées, soutenue par Porsche SE, Airbus Defence and Space, Bullhound Capital, HV Capital, Project A, Peter Thiel, DTCP, Omnes Capital et Notion Capital. L’entreprise revendique aujourd’hui plus de 490 millions d’euros levés depuis sa création. Fernride est sa première acquisition depuis son dernier tour, qui était destiné à accélérer sa croissance exogène. Aucune information n’a été communiqué sur les conditions financières de cette acquisition.
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