
Teal lève 1,65 million d’euros pour réinventer l’accès au crédit à partir des données de paie
📩 Pour nous contacter: redaction@frenchweb.fr
Alors que l’inclusion financière devient un impératif réglementaire en Europe, la startup britannique Teal propose une nouvelle infrastructure pour que les décisions de crédit s’appuient sur les données de revenus réels, et non plus sur des scores figés ou des justificatifs manuels. En levant 1,65 million d’euros en amorçage, l’entreprise entend généraliser l’accès en temps réel aux données de paie, afin de réconcilier transparence, conformité et fluidité dans l’octroi de crédit.
Encore aujourd’hui, de nombreux prêteurs s’appuient sur des processus manuels pour évaluer la solvabilité des emprunteurs : vérification de fiches de paie, extraction d’informations bancaires ou utilisation de scores obsolètes. Ces méthodes ralentissent l’accès au crédit, produisent des erreurs, et laissent de côté des millions de personnes à la situation pourtant stable et c’est à cette friction que Teal veut s’attaquer.
« Le scoring de crédit traditionnel est défaillant. Il repose beaucoup trop sur des processus dépassés, inefficaces tant pour les prêteurs que pour les emprunteurs », estime Michael Hart, CEO et cofondateur de Teal. Pour lui, permettre aux emprunteurs de partager de manière sécurisée leurs données salariales, c’est rendre le crédit plus juste et plus accessible. En pratique, la technologie de Teal permet aux banques et aux plateformes de crédit d’intégrer en quelques jours une API modulaire pour vérifier instantanément les revenus et l’emploi d’un individu, directement à la source via les logiciels de paie.
Cette architecture “infra-native”, pensée pour un usage bancaire, s’intègre dans une tendance plus large : celle de l’infrastructure fintech embarquée. De la même manière que l’Open Banking a permis d’exploiter les données bancaires pour simplifier l’onboarding client ou prévenir la fraude, Teal s’appuie sur l’Open Payroll pour refonder la mesure de la solvabilité. L’entreprise prévoit d’étendre rapidement sa couverture à d’autres types de revenus (indépendants, aides, pensions) pour offrir une vision plus complète.
« En ancrant les décisions de crédit dans des données de paie vérifiées, Teal aide à redéfinir comment l’accessibilité au crédit est mesurée, ou comment les prêts sont remboursés et, au final, comment les personnes accèdent au financement », affirme Tim Mills, managing partner chez ACF Investors, l’un des fonds participants.
En Europe, peu d’acteurs se positionnent aussi clairement sur ce segment. Aux États-Unis, les pionniers s’appellent Argyle, Pinwheel ou Atomic, déjà intégrés à des néobanques comme Chime ou à des systèmes de direct deposit. En France, des acteurs comme Younited, Finfrog ou Alma s’intéressent à des approches de scoring alternatif, mais sans accès direct aux sources primaires.
« Teal pose les fondations d’une nouvelle génération de produits fintech, alimentés par des données salariales à la source. C’est exactement ce dont l’écosystème du crédit a besoin aujourd’hui », soutient Will Orde, partner chez Passion Capital, qui mène le tour.
Avec l’entrée en vigueur du Consumer Duty au Royaume-Uni et les chantiers Open Finance en Europe continentale, la startup s’inscrit dans une dynamique structurelle. Elle ambitionne de devenir une brique critique des futurs parcours de crédit, en se branchant aux logiciels de paie les plus utilisés, en facilitant l’évaluation réglementaire des revenus et en automatisant, grâce à l’IA, le suivi de la capacité de remboursement.
Teal a été fondée en 2024 à Londres par MICHAEL HART, ANDRÉ PINTO et LUCHESAR CEKOV, trois entrepreneurs issus respectivement des secteurs de la donnée financière, du crédit conso et de l’infrastructure logicielle. La société a levé 1,4 million de livres sterling (environ 1,65 million d’euros) dans un tour pré-seed mené par PASSION CAPITAL, avec la participation de ACF INVESTORS, K FUND et plusieurs business angels issus notamment de PLAID et CHECKOUT. La startup prévoit d’utiliser ces fonds pour renforcer son équipe technique, élargir ses partenariats avec des éditeurs de logiciels de paie britanniques et européens, et accélérer l’adoption de sa plateforme auprès des prêteurs.