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Les banques en ligne tombent le masque, derrière l’UX, la vraie bataille est le core banking system

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Pendant des années, la promesse des néobanques s’est jouée en surface, des interfaces léchées, un onboarding fluide, une communication de rupture. Mais à mesure que la régulation s’intensifie et que les marges s’érodent, un nouveau critère émerge, qui contrôle réellement le cœur du système ? Finom, Qonto, N26 et quelques autres font le pari inverse de la majorité de leurs prédécesseurs et ont décidé de tout construire eux-mêmes.

Une ère post-UX

L’âge d’or des “UX banks” touche à sa fin, la différenciation par l’interface a montré ses limites, notamment face à la lenteur d’itération induite par la dépendance aux partenaires techniques : Core banking externalisé, KYC sous-traité, paiements opérés par des tiers. Le modèle fonctionne… jusqu’à ce que l’échelle ou la conformité deviennent critiques.

La stratégie FINOM, reconstruire l’infrastructure, brique par brique

Basée à Amsterdam, FINOM est l’un des nouveaux acteurs de cette approche dite infra-native. Dès sa création en 2020, la startup a fait le choix de développer son propre core banking system et d’obtenir une licence d’établissement de monnaie électronique (EMI). Cela lui permet d’assembler en interne ses modules de compte, facturation, paiements, change, et bientôt crédit.

Le pari est gourmand en capital et riche en complexité, mais il offre plusieurs avantages, la maitrise de la vitesse produit, l’autonomie réglementaire, et in fine des marges supérieures

Qonto a fait le même virage stratégique

Qonto n’est d’ailleurs pas restée longtemps dans une logique d’assemblage tiers. Depuis 2019, la scale-up française a elle aussi lancé le développement de son core banking system maison, avec l’ambition de se doter d’une infrastructure plus robuste, souveraine, et optimisée pour ses segments clients (freelances, TPE, PME).

Fini les apps au-dessus d’une couche bancaire existante, ce sont désormais des institutions qui reconstruisent la banque elle-même.

Les solutions Plug-and-play en perte de vitesse ?

Le modèle des fintechs « plug-and-play », reposant sur des infrastructures clés en main comme Treezor, Solaris ou Mambu, a longtemps séduit par la promesse de permettre à une startup de lancer rapidement son offre financière, sans lourds investissements initiaux.

Mais dans un contexte 2025 marqué par un resserrement réglementaire européen, avec l’arrivée de DSP3, la montée en puissance de l’AMLA (l’autorité anti-blanchiment européenne), et des exigences accrues sur la traçabilité des opérations, ce modèle montre ses limites. Les fintechs doivent désormais justifier d’une maîtrise plus fine de leur architecture, de leur gestion des risques, et de leur conformité temps réel.

Or, les solutions plug-and-play, pensées pour la vitesse de lancement, peinent à répondre à ces nouvelles contraintes. Les délais d’intégration deviennent longs, car chaque modification doit être négociée avec l’infrastructure tierce, les dépendances réglementaires rendent difficile l’obtention d’agréments ou l’adaptation à de nouveaux marchés et les contrats rigides ne permettent pas toujours une personnalisation fine du service.

Ce qui faisait leur force devient un frein, notamment pour les startups en phase de scaling ou de diversification. C’est pourquoi de plus en plus d’investisseurs privilégient des fintechs dites “full-stack”, qui possèdent leur propre core banking system, leur propre licence, et un contrôle total sur l’exécution. Ce modèle, plus coûteux à court terme, offre plus de résilience, de vitesse produit, et d’autonomie stratégique.

Le back-office comme nouveau terrain de conquête

Ce mouvement n’est pas un retour en arrière, témoigne d’une nouvelle phase de maturité pour la fintech européenne. À mesure que les acteurs cherchent à se différencier au-delà du marketing et du design, l’infrastructure devient un actif produit.

Une levée pour creuser l’écart

Après avoir levé 92,7 millions d’euros il y a un mois, FINOM a levé 115 millions d’euros en Série C, menée par AVP, avec la participation de General Catalyst, Northzone, Cogito Capital et Headline, portant le total levé à plus de 300 millions d’euros depuis sa création.

Ce financement doit permettre d’accélérer son expansion dans les cinq marchés clés européens et de poursuivre l’internalisation de ses services bancaires. FINOM compte atteindre un million de clients d’ici fin 2026 sur cinq marchés européens, l’Allemagne, la France, l’Italie, l’Espagne, et bien entendu les Pays-Bas.

Finom a été créé par Andrey Petrov, Oleg Laguta, Konstantin Stiskin et Yakov Novikov, qui avaient auparavant créé Modulbank en Russie.

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