
RIVRS franchit une nouvelle étape avec son expansion en Asie
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Fondée à Rennes en 2021, RIVRS s’est imposée en quelques années comme l’un des pionniers européens du jeu vidéo User Generated Content (UGC), ce segment en pleine mutation où les joueurs deviennent créateurs. Après avoir consolidé sa position sur Minecraft et Roblox, la société franchit un nouveau cap : son déploiement en Asie, avec un studio à Da Nang (Vietnam), un siège régional à Hong Kong, et un fonds d’investissement d’un million de dollars dédié aux créateurs Roblox.
Un ancrage asiatique dicté par les joueurs
L’expansion asiatique de RIVRS n’est pas un plan d’expansion prémédité, mais la conséquence d’un constat empirique : la majorité de ses joueurs viennent d’Asie du Sud-Est. « On s’est rendu compte que notre communauté sur Roblox était largement asiatique. En rencontrant des studios locaux, on a découvert un alignement culturel fort avec la plateforme », explique Romain Hubert, actuellement en déplacement entre l’Indonésie et le Vietnam.
De fil en aiguille, la jeune pousse bretonne a tissé un réseau de partenaires, jusqu’à la création de ses propres entités régionales. À la tête de cette nouvelle zone, Aurélien Palasse, ancien directeur d’Ubisoft Asie-Pacifique, qui avait déjà supervisé la création des studios vietnamiens et chinois du géant français.
« Le Vietnam est aujourd’hui l’un des marchés mobiles les plus dynamiques, notamment sur le segment hyper casual », souligne Hubert. « Il y a une culture du jeu, des talents et un rythme de travail qui correspondent parfaitement à ce que nous faisons. »
Un hub stratégique à Hong Kong pour piloter la croissance
Si Da Nang concentre la production, Hong Kong jouera le rôle de centre névralgique pour la coordination financière et juridique. « Tous les pays d’Asie ont des législations différentes. Hong Kong va nous permettre de centraliser la gestion et de préparer l’ouverture de nouveaux studios, notamment en Indonésie », précise Hubert.
Ce maillage illustre la volonté de RIVRS de combiner la proximité opérationnelle avec une structuration internationale. Une approche déjà adoptée par les acteurs majeurs du mobile et désormais transposée au UGC gaming.
Roblox, le laboratoire mondial de la création
Roblox, souvent qualifié de “YouTube du jeu vidéo”, est au cœur de la stratégie de RIVRS.
« C’est la première plateforme qui permet à n’importe qui, dès 12 ou 13 ans, de créer et publier un jeu », résume Romain Hubert. Le moteur repose sur un algorithme de recommandation comparable à celui de TikTok : ce sont les interactions et l’engagement qui déterminent la visibilité des jeux, et non la puissance marketing des studios.
Cette logique redistributive ouvre la voie à des success stories improbables : de jeunes développeurs propulsés au sommet du classement mondial avec des budgets dérisoires. C’est dans cet esprit que RIVRS a lancé son fonds de 1 million de dollars, destiné à soutenir la montée en puissance de studios asiatiques émergents. « Nous finançons une partie de leurs coûts, leur apportons des outils techniques, des assets 3D et une expertise data pour optimiser leurs jeux. Certains studios sont passés de 4 à 20 personnes en un an », détaille Hubert.
Un modèle économique fondé sur la microtransaction
À la différence du jeu mobile, dominé par la publicité, Roblox repose sur un système de microtransactions et d’abonnement premium. Les utilisateurs achètent la monnaie interne, les Robux, qu’ils dépensent ensuite dans les jeux. « C’est un modèle plus fluide, sans publicité intrusive. Les créateurs et studios reçoivent une part des revenus issus des abonnés premium et des achats en jeu », explique Hubert. Ce système favorise une économie circulaire où chaque nouvelle création alimente la plateforme tout entière — un modèle qui, selon lui, pourrait s’étendre à d’autres industries du divertissement comme les Webtoons ou l’animation UGC.
L’intelligence artificielle, catalyseur de la création
L’autre axe fort de la stratégie de RIVRS repose sur l’intégration de l’intelligence artificielle dans ses pipelines de production. « On travaille sur des outils capables de générer des modèles 2D et 3D directement dans Roblox, intégrés à notre pipeline sans étapes externes », annonce Hubert. Ces outils seront mis à disposition de ses studios partenaires d’ici la fin de l’année. L’objectif est de réduire le temps de création, fluidifier la conception d’univers et favoriser une approche data-driven dans la gestion des jeux live.
De Minecraft à Roblox : la trajectoire d’un fondateur de 24 ans
À 24 ans seulement, Romain Hubert incarne cette nouvelle génération d’entrepreneurs issus de la culture du jeu. Il a commencé à créer sur Minecraft dès l’âge de 15 ans, avant de transformer cette passion en entreprise avec son associé Loïc Deffains. Le duo a d’abord bâti un studio centré sur Minecraft, avant d’opérer une transition stratégique vers Roblox. La première levée de fonds de RIVRS s’est appuyée sur des influenceurs investisseurs, avant une seconde menée par le fonds Play Adventures, qui a permis à l’entreprise de passer à l’échelle sur le marché UGC.
Vers une nouvelle ère du jeu communautaire
Le pari de RIVRS s’inscrit dans un mouvement de fond : la professionnalisation du contenu généré par les utilisateurs. « Le modèle du jeu fermé est en train de disparaître. Dans les prochaines années, on verra de plus en plus de jeux ouverts, conçus comme des plateformes où les joueurs créent et monétisent leur contenu », anticipe Hubert. Un mouvement déjà amorcé par des géants comme Rockstar, qui prépare l’intégration de mécanismes UGC dans GTA VI, ou Epic Games avec UEFN (Unreal Editor for Fortnite).
RIVRS entend s’imposer dans cet écosystème comme l’un des principaux studios indépendants mondiaux du UGC gaming, en misant sur un modèle hybride, créatif, éditorial et technologique, fidèle à sa nouvelle signature : “By Creators for Creators.”