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E-santé: quel modèle économique pour les startups de téléconsultation?

Par Denise Silber pour FrenchWeb

Si des millions de Français ont participé au boom de la téléconsultation depuis le début de la pandémie, le modèle économique des offreurs de services est beaucoup moins connu. Dans le modèle SaaS, le médecin de l’autre côté de l’écran est l’abonné payant d’une société qui lui donne accès à une application digitale sécurisée. Alternativement le médecin peut être rémunéré soit en honoraires, soit en salaire par une société qui l’a recruté, formé et équipé sur le plan de l’application.

Dans le premier cas, le médecin exerce la médecine, selon ses habitudes. Dans le second cas, il travaille en équipe et doit respecter des protocoles de prise en charge médicale définis par la direction médicale de l’entreprise. La pratique de ces protocoles en groupe dans le cadre d’un système informatisé facilite la réalisation de recherches cliniques par la structure. Le corollaire est que ces outils permettent également d’analyser a posteriori les décisions des praticiens, afin d’optimiser les résultats chez les patients.

Selon l’association Les Entreprises de la Télémédecine (LET), créée en 2019, et regroupant les acteurs privés de la télémédecine en France, un travail important reste à faire pour que les entreprises adhérentes soient reconnues. « Lorsqu’un patient a goûté à la téléconsultation, il en est convaincu », estime le président de la LET, François Lescure.« Le volume des téléconsultations double depuis plusieurs années, indépendamment des pics provoqués par la pandémie, parce que l’heure est au digital. Mais les entreprises fondatrices de l’association LET ne sont pas encore des offreurs de soins légitimes, sauf à avoir passé des accords avec des établissements partenaires dans les régions. N’accueillant pas les patients en présentiel, seules elles ne sont ni établissement de soins, ni équipe de soins, ni centre de santé. »

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La question du statut

Pour la LET, ce manque de statut peut dans certains cas conduire au non remboursement d’une ordonnance. Mais selon Xavier Schneider, pharmacien à Truchtersheim et titulaire d’un DU d’Enseignement Pratique et Pluridisciplinaire en Santé Connectée, « la plateforme doit d’abord garantir que l’ordonnance présentée au pharmacien est bien l’originale. Certaines plateformes disposent d’un système de QR code pour éviter de la duplication, et le dossier pharmaceutique permet aussi de lutter contre la reproduction d’une même ordonnance. »

D’autre part, même si de plus en plus de praticiens préfèrent faire partie d’une équipe de médecins et bénéficier d’un contrat de salarié, l’exercice en cabinet est majoritaire. Certains craignent que les plateformes ne représentent l’uberisation de la profession, puis son remplacement à terme par des agents d’intelligence artificielle. Personnellement, je n’exclus pas qu’à terme toutes les professions ne soient remplacées par des agents d’IA. Mais, dans un premier temps, la médecine a intérêt à tester de nouvelles formes d’organisation et à tirer parti de l’intelligence artificielle, plutôt que de faire face seule à l’explosion de la quantité d’informations médicales à traiter.

La France, pionnière dans l’e-santé

La LET collabore avec le Ministère des Solidarités et de la Santé sur les thèmes de Ma Santé 2022, la certification, les outils de convergence, ainsi qu’à la mise en place d’une filière industrielle. Elle tiendra son assemblée générale le 26 novembre, 2020. Le coût de l’inscription annuelle varie selon le chiffre d’affaires de la société.

Si la France a été pionnière de la télésanté, avec la création de l’Institut Européen de la Télémédecine en 1989, il a fallu attendre 2009 pour qu’elle soit intégrée au plan juridique, grâce à la loi « Hôpital, Patients, Santé, Territoires » (HPST). Le remboursement de la téléconsultation est intervenu à partir du 15 septembre 2018, mais avec des contraintes qui limitaient l’usage. Les règles ont été assouplies au début de la pandémie grâce au décret du 9 mars qui reste en vigueur jusqu’au 31 décembre, 2020, à moins d’être encore prolongé…

Membres fondateurs de l’association LET

AGIR TELEMEDECINE FEELI
ALLIANZ H4D
AMA HELLOCARE
APIZEE HOPI MEDICAL
AVIS2SANTE LIVI
AXA-Assistance MEDADOM
BEWELL CONNECT MEDAVIZ
BIEN ETRE ASSISTANCE MEDECIN DIRECT
BILOBA MEDEO
CEGEDIM MEDVIR
CONCILIO MESDOCTEURS
CONSULTAWAY NOMADEEC (Exelus)
CTM Groupe OMNIDOC
DECIDELIFE QARE
DEUXIEMEAVIS ROFIM
DIRECTMEDICA SAFE SANTE
DIRECTOSANTE SYNAPSE Medicine
DOCONCALL TELEDOK
DOCTOLIB TELEMEDICINE TECHNOLOGIES
EUTELMED TESSAN
FEELAE TOKTOKDOC

L’experte:

Denise Silber, spécialiste de la Santé digitale, conférencière, et auteure, est fondatrice de Basil Strategies créateurs de la marque et événements Doctors 2.0 & You, et co-fondatrice de VRforHealth, site web ressource portant sur la réalité virtuelle thérapeutique. Sa volonté d’améliorer la qualité des soins et de renforcer le rôle des patients la conduit depuis les débuts du Web à s’engager dans ce nouvel écosystème. Franco-américaine, Denise est conseillère en communication des acteurs de santé en Europe et aux Etats-Unis. Elle figure dans le top 10 des « social media influencers » sur les deux continents. Elle signe en 2020, le Livre blanc du Praticien connecté. Décorée de la Légion d’honneur en 2011, puis nommée en 2018 aux «Inspiring Fifty», le top cinquante femmes inspirantes de la tech en France, Denise Silber est titulaire du MBA de Harvard, vice-présidente du Harvard Club de France, et animatrice des podcast des Harvard Alumni Entrepreneurs.

Vous pouvez la suivre sur Twitter et LinkedIn et consulter ses vidéos en français ici.

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2 commentaires

  1. Bonjour Mme Silber,

    Merci pour cet article qui met à l’honneur la téléconsultation et son adoption grandissante dans la médecine générale et spécialisée.

    Nous souhaitions simplement corriger une partie relative aux modèles économiques: « Dans le modèle SaaS, le médecin de l’autre côté de l’écran est l’abonné payant d’une société qui lui donne accès à une application digitale sécurisée ». Nous pensons en effet qu’il est important de préciser que toutes les sociétés n’imposent pas d’abonnement, la notre par exemple, propose au médecin une inscription gratuite et un modèle à l’acte via une redevance (1€ par consultation) prélevée sur le paiement du patient.

    -L’equipe Consulib / contact@consulib.com / 06 29 99 03 66

  2. Le but de l’article est d’expliquer qu’il y a deux scenarios. Soit le médecin est client d’une plateforme, soit la société le recrute et le rémunère. Vous êtes dans le premier cas de figure. Peu importe que l’inscription soit gratuite. Le médecin est votre client.

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