
Dépendance, Zenior veut devenir le réflexe des familles et lève 1,5 million d’euros
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Dans un secteur encore largement dominé par les appels téléphoniques, les dossiers papier et la navigation à vue, Zenior tente une opération audacieuse, celle de simplifier, digitaliser et fluidifier le parcours des familles confrontées à la perte d’autonomie d’un proche, sans sacrifier l’humanité du lien. Une promesse risquée dans un domaine où l’émotion prime souvent sur la logique, mais qui pourrait bien répondre à une urgence démographique de plus en plus criante.
Un parcours souvent opaque et brutal
La dépendance n’a rien d’un sujet marginal. En France, plus de 2,5 millions de personnes sont concernées par une forme de perte d’autonomie, un chiffre appelé à croître fortement dans les prochaines années avec le vieillissement de la population. Pourtant, pour les aidants comme pour les seniors, l’accès à l’information reste souvent un cauchemar avec une offre illisible, des démarches administratives complexes, une urgence logistique et une importante solitude dans la décision. Un décalage criant dans un pays qui se veut modèle de la protection sociale.
« De plus en plus de familles sont confrontées à la perte d’autonomie d’un proche. Il est urgent d’apporter une réponse humaine, simple et fiable à chacune », explique Alix Zeitlin, cofondatrice et CEO de Zenior. C’est précisément cette tension, entre la lourdeur institutionnelle du parcours et la brutalité des décisions à prendre, que la startup entend résoudre.
Automatiser… pour mieux réhumaniser
L’originalité de Zenior ne réside pas uniquement dans sa digitalisation du parcours. Là où la plupart des initiatives précédentes se sont contentées de référencer des établissements ou de publier des guides, la plateforme propose un guichet unique, alliant moteur de recommandation, aide aux démarches administratives, suivi des étapes et présence d’un conseiller humain à chaque moment clé. L’automatisation se met ici au service de la transparence et de la réduction du stress, non d’un remplacement de la relation humaine.
La base de données est mise à jour en continu grâce aux retours terrain, garantissant des informations contextualisées. L’UX a été conçue pour alléger la charge mentale des familles, dans un secteur où la lenteur administrative peut coûter très cher, à la fois financièrement et émotionnellement. Selon les fondateurs, Zenior ferait économiser en moyenne 25 heures aux familles sur l’ensemble du parcours.
Des investisseurs en quête d’impact mesurable
Le fonds InvESS Île-de-France Amorçage, initié par la Région Île-de-France et géré par INCO Ventures, mène un tour de table de 1,5 million d’euros aux côtés de plusieurs business angels spécialisés dans le grand âge et la tech. Parmi eux, Sébastien Prudhomme (Domino Services) et Renaud Pestre (Pretto), qui apportent à la fois expérience terrain et expertise produit.
Pour Timothée Metz, directeur d’investissement chez INCO Ventures, l’enjeu dépasse le simple soutien à une startup prometteuse : « Zenior répond à un besoin essentiel du secteur : inciter à plus de transparence et restaurer la confiance entre les familles et les professionnels. »
Une ambition nationale, une approche scalable
Lancée en 2024, Zenior revendique plus de 1 000 familles accompagnées à ce jour et plusieurs centaines de partenariats avec des établissements d’hébergement ou de services à domicile. Basée en Île-de-France, la startup entend étendre sa couverture à l’ensemble du territoire d’ici fin 2026 et pose déjà les jalons d’une expansion internationale. Trois axes structurent sa feuille de route : renforcement technologique (notamment via l’IA), couverture nationale, et notoriété grand public.
« De la même manière qu’Alan a simplifié et digitalisé le monde de la mutuelle, de la même manière que Booking a digitalisé la réservation d’hôtels et de voyages, Zenior veut simplifier l’accompagnement de nos proches âgés », affirme Rodolphe Gougaud, cofondateur et CPO.
Un marché en tension, une concurrence hétérogène
Face à cette ambition, Zenior évolue dans un paysage encore peu structuré. Les acteurs publics (CCAS, CLIC, ARS) offrent une aide morcelée, lente et peu digitalisée. Des plateformes comme Cap Retraite ou Retraite Plus fonctionnent essentiellement comme des centrales de leads rémunérées par les établissements, sans réelle indépendance éditoriale. D’autres, comme Ouihelp, se concentrent exclusivement sur les services à domicile, tandis que Papyhappy mise sur le comparatif participatif.
Dans ce contexte, Zenior se distingue par son approche intégrée, sa neutralité commerciale et sa volonté d’automatiser le parcours tout en y maintenant une présence humaine continue. Une position de tiers de confiance dans un secteur encore très fragmenté, où la qualité de l’information et l’expérience utilisateur pourraient devenir des avantages décisifs.
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