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Les infrastructures critiques entrent dans l’ère du monitoring satellitaire, SPOTLITE lève 3,5 millions d’euros

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Le vieillissement des réseaux de transport, la pression climatique sur les sols et la multiplication des événements extrêmes modifient la manière dont les opérateurs surveillent leurs infrastructures. Après des décennies d’inspections physiques et de capteurs disséminés sur le terrain, une nouvelle génération d’acteurs mise sur l’observation de la Terre et l’analyse algorithmique des déformations pour détecter les signaux précurseurs d’incidents. Cette évolution marque une transformation profonde des pratiques de maintenance, en particulier dans l’énergie et le transport.

Le suivi continu par satellite permet aux exploitants de franchir un seuil dans l’analyse des risques. L’imagerie haute résolution, combinée à des méthodes de traitement s’appuyant sur l’intelligence artificielle, offre une capacité à mesurer des variations millimétriques du terrain ou des structures. Ces informations, jusqu’ici difficiles à capter à grande échelle, deviennent accessibles à intervalles réguliers, sans intervention ou installation sur site. Elles apportent une lecture dynamique de l’état des réseaux, utile pour comprendre l’évolution de contraintes géotechniques ou l’impact de phénomènes environnementaux.

Cette approche répond à plusieurs réalités opérationnelles. Les opérateurs gèrent des milliers de kilomètres de voies, de pipelines ou de lignes électriques, souvent situés dans des zones peu accessibles. Les inspections ponctuelles limitent la visibilité entre deux passages et ne captent pas forcément la progression lente d’une déformation. Le monitoring satellitaire comble cet intervalle en fournissant des séries temporelles d’observations qui facilitent l’identification des tendances anormales. Il réduit aussi l’exposition des équipes à des environnements complexes ou difficiles d’accès.

L’intérêt croissant pour ces technologies s’explique également par l’évolution des exigences réglementaires et assurantielles. Les infrastructures classées critiques doivent disposer de plans de surveillance renforcés, articulant données opérationnelles, cartographie des risques et plans de maintenance préventive. L’analyse géospatiale contribue à cet effort en apportant une source de données cohérente sur l’ensemble d’un territoire. Elle aide à qualifier les zones sensibles, à prioriser les interventions et à documenter les décisions de gestion d’actifs.

Les opérateurs électriques, ferroviaires et pétroliers figurent parmi les premiers utilisateurs de ces solutions. Ils y voient un moyen d’optimiser leurs coûts d’exploitation, tout en renforçant la résilience de leurs réseaux face aux contraintes climatiques. Les cas d’usage s’étendent désormais aux villes, qui commencent à utiliser l’observation de la Terre pour suivre les mouvements de sol, la stabilité de certains ouvrages ou l’évolution de la végétation autour d’infrastructures sensibles.

Spotlite s’inscrit dans cette dynamique avec une plateforme deeptech qui combine imagerie satellite et intelligence artificielle pour détecter mouvements de sol, déformations structurelles ou risques liés à la végétation. La société, fondée par Ricardo Cabral et Martino Correia et basée à Lisbonne, a récemment levé 3,5 millions d’euros auprès d’Indico Capital Partners, Explorer Investments et EDP Ventures. Ce financement vise à accélérer son développement commercial en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique du Sud, étendre ses effectifs – environ 20 personnes aujourd’hui, plus de 15 recrutements prévus – et soutenir son entrée dans de nouveaux marchés disposant de réseaux critiques de grande taille.

Plusieurs acteurs européens occupent déjà le terrain du monitoring satellitaire, chacun avec un positionnement spécifique qui éclaire le contexte concurrentiel dans lequel évolue Spotlite. En Allemagne, liveEO s’est imposé auprès des opérateurs ferroviaires, énergétiques et pétroliers grâce à une suite logicielle centrée sur la gestion des risques liés au sol et à la végétation. En France, Kayrros exploite des volumes massifs d’imagerie et de données géospatiales pour fournir des analyses prédictives à l’industrie de l’énergie et à des institutions publiques, avec une offre plus large mais qui recoupe certains usages de surveillance d’actifs. Promethee Earth Intelligence, également en France, développe une constellation dédiée et des services d’intelligence géospatiale appliqués à la sécurité et aux infrastructures critiques. À ces acteurs s’ajoutent plusieurs fournisseurs européens de capteurs radar ou optiques, comme comme ReOrbit ou ICEYE, dont les données alimentent des services de monitoring similaires. Dans cet environnement, Spotlite se distingue par un focus étroit sur l’intégrité structurelle et géotechnique des infrastructures, un segment qui requiert des modèles d’analyse plus spécialisés et une compréhension fine des mécanismes de déformation.

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